Coronavirus oblige, des voix s'élèvent pour revoir les priorités européennes pour les prochaines années.
En pleine crise sanitaire suite à la pandémie de coronavirus, la Commission européenne veut maintenir le cap de la croissance verte, et entériner l'objectif de neutralité carbone pour 2050.
La Commission européenne propose une loi sur le climat, avec un objectif neutralité carbone en 2050
Le Green Deal : un double objectif écologique et économique pour l'Europe
Le plan de croissance verte impulsée par la nouvelle présidente de la Commission européenne sera-t-il contrarié par le coronavirus ? Si certains opposants l'espèrent, d'autres voient dans l'après-pandémie une opportunité pour mettre en œuvre le pacte.Le Green Deal européen vise à accélérer la transition des États membres de l'Union européenne vers les énergies vertes (solaires, hydraulique, éolien), vers une économie propre et circulaire, vers la restauration de la biodiversité en Europe et la réduction de la pollution... Tout en s'appuyant sur l'idée d'une croissance économique dite « verte ».
Pour ses opposants, cette feuille de route initiée par la nouvelle Commission n'a plus lieu d'être. Avec la pandémie de coronavirus, l'ensemble de l'économie européenne semble se diriger vers une période de récession. Et tandis que les gouvernements se projettent dans une sortie progressive des périodes de confinements, la priorité est donnée à l'emploi et au sauvetage des entreprises, durement impactées par les mesures sanitaires.
Début avril, 33 parlementaires européens issus de la droite (conservatrice) et de pays d'Europe de l'Est (dont les modèles énergétiques reposent en grande partie sur le charbon) ont demandé à la Commission de réexaminer ses priorités pour l'avenir. « Il est temps de faire place au pragmatisme avant toute chose, et de reporter les nouvelles législations dans le cadre d'initiatives telles que le Green Deal européen », ont-ils soutenu.
Le Green Deal ne fait pas non plus l'unanimité à gauche. Une fraction écologiste doute de la capacité à allier objectifs de croissance économique et objectifs écologiques (réductions de gaz à effet de serre, transition énergétique, etc.).
L'administration Trump tire un trait sur les normes environnementales au motif du COVID-19
Le cap de la neutralité carbone maintenu
La situation est périlleuse pour la Commission, investie il y a quelques mois seulement. Et pour cause, son premier acte fut de placer le Green Deal européen comme axe prioritaire pour les cinq prochaines années.« Si notre souci immédiat est de combattre la diffusion du coronavirus, notre travail de mise en œuvre du Green Deal européen continue », affirme une porte-parole de la Commission. « Les investissements verts seront un moteur essentiel de la reprise, et non un obstacle ».
L'objectif annoncé il y a quelques semaines est donc toujours sur la table : la neutralité carbone en 2050. Énergies propres, industrie et mobilité durables, biodiversité, circuits courts... À terme, l'économie européenne devra être fortement décarbonée, et chaque émission de gaz à effet de serre devra être compensée (reboisement, efficacité énergétique, méthanisation des déchets, etc.).
L'écologie, solution de long terme à la crise du coronavirus ?
En décembre, la Commission européenne avait réussi à rallier à sa cause la quasi-totalité des pays européens (sauf la Pologne). Aujourd'hui, la proposition de « loi climat » pour entériner les objectifs de neutralité carbone divise à nouveau les dirigeants.Le Green Deal européen survivra-t-il à la crise du coronavirus ? Début avril, une dizaine de pays signaient une lettre collective pour mettre garde contre « la tentation de solutions à court terme qui risquent d'enfermer l'Europe dans une économie dépendante des énergies fossiles pour les décennies à venir ».
Cette semaine, le président de la Commission environnement au Parlement européen, Pascal Canfin, a lancé un appel pour une alliance européenne. Le but : soutenir et mettre en œuvre des plans qui s'inscrivent dans la transition écologique.
« Le COVID-19 ne va pas chasser la crise climatique. Ces deux batailles, ne les opposons pas, mais gagnons-les ensemble. C'est cela qui nous rendra plus forts », peut-on lire dans la tribune signée par 180 responsables politiques, chefs d'entreprise et dirigeants d'ONG.
Sources : Energy Daily, Commission européenne, Le Soir, Le Monde