La pandémie pourrait-elle donner un nouveau souffle au projet de "Green Deal" européen ?

Edouard Luquet
Publié le 14 avril 2020 à 12h35
von der leyen

Coronavirus oblige, des voix s'élèvent pour revoir les priorités européennes pour les prochaines années.

En pleine crise sanitaire suite à la pandémie de coronavirus, la Commission européenne veut maintenir le cap de la croissance verte, et entériner l'objectif de neutralité carbone pour 2050.


Le Green Deal : un double objectif écologique et économique pour l'Europe

Le plan de croissance verte impulsée par la nouvelle présidente de la Commission européenne sera-t-il contrarié par le coronavirus ? Si certains opposants l'espèrent, d'autres voient dans l'après-pandémie une opportunité pour mettre en œuvre le pacte.

Le Green Deal européen vise à accélérer la transition des États membres de l'Union européenne vers les énergies vertes (solaires, hydraulique, éolien), vers une économie propre et circulaire, vers la restauration de la biodiversité en Europe et la réduction de la pollution... Tout en s'appuyant sur l'idée d'une croissance économique dite « verte ».

Pour ses opposants, cette feuille de route initiée par la nouvelle Commission n'a plus lieu d'être. Avec la pandémie de coronavirus, l'ensemble de l'économie européenne semble se diriger vers une période de récession. Et tandis que les gouvernements se projettent dans une sortie progressive des périodes de confinements, la priorité est donnée à l'emploi et au sauvetage des entreprises, durement impactées par les mesures sanitaires.

Début avril, 33 parlementaires européens issus de la droite (conservatrice) et de pays d'Europe de l'Est (dont les modèles énergétiques reposent en grande partie sur le charbon) ont demandé à la Commission de réexaminer ses priorités pour l'avenir. « Il est temps de faire place au pragmatisme avant toute chose, et de reporter les nouvelles législations dans le cadre d'initiatives telles que le Green Deal européen », ont-ils soutenu.

Le Green Deal ne fait pas non plus l'unanimité à gauche. Une fraction écologiste doute de la capacité à allier objectifs de croissance économique et objectifs écologiques (réductions de gaz à effet de serre, transition énergétique, etc.).


Le cap de la neutralité carbone maintenu

La situation est périlleuse pour la Commission, investie il y a quelques mois seulement. Et pour cause, son premier acte fut de placer le Green Deal européen comme axe prioritaire pour les cinq prochaines années.

« Si notre souci immédiat est de combattre la diffusion du coronavirus, notre travail de mise en œuvre du Green Deal européen continue », affirme une porte-parole de la Commission. « Les investissements verts seront un moteur essentiel de la reprise, et non un obstacle ».

L'objectif annoncé il y a quelques semaines est donc toujours sur la table : la neutralité carbone en 2050. Énergies propres, industrie et mobilité durables, biodiversité, circuits courts... À terme, l'économie européenne devra être fortement décarbonée, et chaque émission de gaz à effet de serre devra être compensée (reboisement, efficacité énergétique, méthanisation des déchets, etc.).

L'écologie, solution de long terme à la crise du coronavirus ?

En décembre, la Commission européenne avait réussi à rallier à sa cause la quasi-totalité des pays européens (sauf la Pologne). Aujourd'hui, la proposition de « loi climat » pour entériner les objectifs de neutralité carbone divise à nouveau les dirigeants.

Le Green Deal européen survivra-t-il à la crise du coronavirus ? Début avril, une dizaine de pays signaient une lettre collective pour mettre garde contre « la tentation de solutions à court terme qui risquent d'enfermer l'Europe dans une économie dépendante des énergies fossiles pour les décennies à venir ».

Cette semaine, le président de la Commission environnement au Parlement européen, Pascal Canfin, a lancé un appel pour une alliance européenne. Le but : soutenir et mettre en œuvre des plans qui s'inscrivent dans la transition écologique.

« Le COVID-19 ne va pas chasser la crise climatique. Ces deux batailles, ne les opposons pas, mais gagnons-les ensemble. C'est cela qui nous rendra plus forts », peut-on lire dans la tribune signée par 180 responsables politiques, chefs d'entreprise et dirigeants d'ONG.

Sources : Energy Daily, Commission européenne, Le Soir, Le Monde
Edouard Luquet
Par Edouard Luquet

Rédacteur web, je suis de près le monde de la tech, les réseaux sociaux et les évolutions du numérique dans nos sociétés. Auteur en herbe, j'ai aussi co-fondé une revue littéraire où j'écris quelques histoires.

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lepef32

Espérons au contraire que la population prendra conscience que ses hommes politiques dilapident leur fric depuis 20 ans dans des politiques vertes plus que discutables au lieu de se préparer à de vrai menaces …

carinae

la population dans son ensemble est pragmatique … la plupart du temps les gens s’en foutent royalement de savoir que leur électricité est verte ou pas, l’essentiel étant … qu’ils aient de l’électricité. Même s’il y a un prise de conscience et aujourd’hui peut-être plus que jamais, si ce type de décision et la modification des infrastructures ne sont pas prises au niveau des Etats ça ne sera certainement pas la famille moyenne qui la prendra … a part peut être quelques écolo très fortement convaincus …

lepef32 & jasonmaccord même personne ?

Solunne

Faudrait surtout se poser la question si l’échelon supra-national est le bon échelon pour ce type de projet.
Ce type de vision à long terme ne peut qu’être envisagé qu’à l’échelle d’un état sous peine de se retrouver dans des discussions à n’en plus finir par différents pays qui n’ont pas la même mentalité et la même vision du monde.
Déjà qu’à l’échelle d’un pays c’est déjà difficile de concilier les avis, alors à 27.
Il suffit de voir aussi que dans les cas pratiques sur les sujets importants, à l’heure actuelle le Covid-19, l’Union Européenne est totalement incapable de gérer quoi que ce soit, seuls les états prennent des décisions.
Il suffit de voir qu’actuellement les traités européens sont gelés, preuve qu’ils sont une entrave aux bonnes décisions.
Quels sont les 2 pays les plus « propres » et bénéficiant du meilleur indice de développement humain dans le monde ?
La Norvège et la Suisse, manque de peau, ces 2 pays ne sont pas dans l’Union.
Alors le coup de on va faire mieux en 2050, posez-vous la question de savoir si l’UE existera en 2050.
La crise actuelle du Covid-19 c’est le Tchernobyl actuel pour l’UE, les italiens viennent de franchir le Rubicon, d’après les derniers sondages ils sont plus de 50% à vouloir quitter l’UE, si l’Italie part, l’Euro explose, l’UE explose, alors le « green-deal » à l’échelle de l’UE, mouais, on verra ça à l’échelle national sous peu.

clintl

Les opportunistes de tout poil espèrent profiter du chao pour rebondir dans un sens qui leur convient.
La réalité, c’est que les amusements écolos passent vite à la trappe quand la vie est en jeux.
Fini les transports en commun
Fini de délocaliser la pollution chez les autres quitte à dépendre d’eux

carinae

oui enfin la encore on ne voit que que ce l’on veut voir… les Italiens ça peut se comprendre dans la mesure ou quand ils ont demandé de l’aide personne n’a répondu, la Norvège et la Suisse 2 pays moins touchés que les autres. On peut aussi prendre comme exemple les USA … aprés tout ils ne sont pas dans l’Europe non plus. Pour rappel si l’Europe n’était pas la pour financer la relance économique et ben on ne serait pas dans la moise … mais il vrai que concilier 27 pays qui tire chacun la couverture a soi… c’est compliqué … et c’est clair qu’il y a des tonnes de choses a revoir … mais même les italiens lorsqu’ils recevront les aides financières de l’UE fort a parier qu’ils changeront d’avis … C’est certainement le moment défaire des changements … mais pas que dans l’EU, L’OMS, l’ONU ne sont pas vraiment en reste non plus … quant aux chinois n’en parlons pas.

Solunne

En fait que je lis ce genre de message je me dis qu’il y a toujours un gap énorme entre les connaissances du public lambda concernant l’UE et son réel fonctionnement.

Ça va paraitre fou mais l’UE ne produit rien, ce n’est pas un pays, ça n’a pas d’usine, ce n’est que la somme de l’argent que versent les états contributeurs au budget, rien d’autre.

Quand vous dites « lorsqu’ils recevront les aides financières de l’UE », ils ne vont rien recevoir du tout, cet argent c’est simplement leur agent (+ en gros celui de la France et de l’Allemagne) qui depuis 2012 et la création du MES (Mécanisme Européen de Stabilité) a été versé sur un compte séquestre.

Pour info, depuis 2012 la France a donné, sur les 700 Milliards que compose le fond MES, 20% de cette somme soit 140 Milliards d’Euros (pour donner une ordre d’idée ça fait 700 hôpitaux tous neufs si on se base sur le prix de l’hôpital récent de Melun).

Bah les italiens c’est pareil sauf que eux c’est pas 20% mais 12%.

Et là encore ils ne vont pas récupérer la somme mise sous séquestre, cela va juste permettre à l’Italie de pouvoir avoir un appui financier afin d’emprunter sur les marchés financiers à des couts inférieurs à ce qu’ils auraient eu s’ils avaient emprunté seuls.
La contrepartie étant aussi une cure d’austérité encore plus intensive qu’actuellement et qui a conduit notamment à une baisse des dépenses sociales ces 20 dernières années, pour faire simple si une autre crise sanitaire se présente cela serait encore pire qu’actuellement.
Vous vous rappelez la Grèce ?

Si vraiment ce sujet vous intéresse je vous invite à lire ceci pour y voir plus clair.
Sinon cette vidéo.

trollkien

L’europe a prouvé qu’elle ne fonctionnait pas correctement quand « tout allait bien », et prouve par ces temps sombres que elle ne fonctionne pas du tout en cas de problème.
Cette poudre aux yeux bancaire que l’on nous a imposé aux forceps est mort née, ne profitant qu’a une poignee de dirigeants non gouvernementaux.
Il y a en europe autant de cultures, de coutumes, de facons de vivre et de penser l’avenir que de pays (sans parler des « sous cultures » propres à chaque régions).
On ne sera Jamais des « Etats Unis d’Europe », le seul point « positif » c’est que on ne s’est pas mis sur la mouille depuis que cela a été créé.
Je n’aime pas vraiment les anglais pour des raisons qui me sont propres, mais bon sang qu’ils ont eu raison de sortir de ce panier de crabes…

carinae

et donc la solution ? puisque visiblement mettre les resources en commun n’est pas viables ? (accessoirement je vois des chiffres sont avancés mais en a t’on la provenance ? et combien la France a touché ?) car je rappelle quand même que le pays est endetté a hauteur de 112% du PIB). Je rappelle aussi qu’en 2008 si l’Europe n’avait pas été là on aurait encore plus morflé

nikon561

non, aucune chance:

Solunne

Les sources sont toutes listées en bas de page dans le document que j’ai indiqué, elles sont mêmes aisément trouvables sur internet pour qui souhaite les obtenir.

La France est effectivement endettée de 112% du PIB mais pourquoi la France est-elle endettée comme elle l’est ?

Cela fait depuis 1986 (acte unique) et gravé dans les traités de Maastricht en 1992 que les restrictions aux mouvements de capitaux (article 63 du TFUE ici) sont interdits.

Cela fait 34 ans que la France voit son industrie disparaitre au compte-goute, année après année et donc voit ses rentrées fiscales diminuer.

Vous pensiez que Castorama va installer sous siège social en Pologne pour le climat ? Qu’Apple son siège à Dublin pour les vertes plaines ? Que BIC installe ses usines au Maroc parce qu’il fait beau ?

C’est juste pour payer moins d’impôts et accessoirement avoir des employés moins cher.

Là normalement un macroniste standard devrait arriver à la charge en disant: « mais la France n’a qu’à s’adapter ! ».

Sauf qu’il faut comprendre une chose simple, si la France devait s’adapter cela voudrait dire rogner sur notre tissu social, tout ce qui fait que la France est la France, qui fait que la France n’est pas un pays anglo-saxon, qui part du principe que certains sujets ne doivent pas être gouverné par l’argent sur l’autel du Veau d’Or.

Sans l’UE et sans ses traités les délocalisations ne pourraient pas avoir lieu, comme à l’époque de de Gaulle, Pompidou, Giscard et Mitterand premier mandat.

La France était-elle fermée sur le monde ? Était-elle un enfer fiscal ? Non.

À ceci s’ajoute bien entendu la fraude fiscale, difficilement quantifiable mais bien présente et qui d’après certaines sources atteindre la centaine de milliards pour 1 an fiscale.

Et en complément de mon précédent message tout ce que nous coûte l’UE avec ses budgets permettant juste à certains pays bénéficiaires nets de s’acheter des F-35 américains au lieu de nos Rafales.

Si au moins nous avions un retour sur investissement pourquoi pas, mais non même là l’UE ne favorise pas l’entraide inter-états.

La solution ? Déjà pour commencer faire un petit référendum pour savoir ce que les français en pensent ça serait un bon début.

Mais comme Macron l’a bien dit à la BBC en janvier 2018 (lien ici), les français choisiraient la sortie de l’UE.

Mais bon Macron est tout sauf un démocrate.

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