Cyberattaques, désinformation, Chine : le Sénat appelle à la méfiance, en pleine crise de coronavirus

Alexandre Boero
Par Alexandre Boero, Journaliste-reporter, responsable de l'actu.
Publié le 17 avril 2020 à 16h36
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© senat.fr

Les sénateurs ont publié une étude, jeudi, dans laquelle ils alertent et interpellent le gouvernement sur les dérives numériques du Covid-19.

De façon générale, l'épidémie de coronavirus est en train de bousculer l'ordre établi du numérique.Usage renforcé du streaming vidéo, sollicitation des réseaux (et pas que sociaux !), développement massif du télétravail, explosion du gaming... La crise sanitaire nous pousse à être plus nombreux devant les écrans, et encore plus longtemps. De fait, cela décuple le risque informatique. Risque qui peut prendre plusieurs formes. Il y a d'abord la multiplication des des fake news, sous le prisme de la désinformation, mais aussi la recrudescence des actes de cybermalveillance.


Quand la désinformation sert des stratégies d'influence

Pour les sénateurs Christian Cambon (Val-de-Marne), Olivier Cadic (Français établis hors de France) et Rachel Mazuir (Ain), auteurs de l'étude, la crise du coronavirus a tendance à entraîner la multiplication des fausses informations. Si elles relèvent, pour la plupart, « de la bêtise ordinaire », elles ont parfois des conséquences plus graves, pouvant toucher la santé publique, entraîner des fraudes et nourrir les théories complotistes, telles que la a responsabilité de la 5G dans la propagation du virus.

Pour démêler le vrai du faux s'agissant des fake news liées à la santé publique, le secrétaire d'État au numérique, et la Commission européenne, discutent de façon très régulière avec les différentes plateformes sociales, qui selon les sages du Palais du Luxembourg peuvent « jouer les régulateurs dans un esprit civique », en retirant les messages frauduleux et en mettant davantage en avant les publications de sources référencées. Ce que font déjà les plateformes comme Facebook.

D'un point de vue international, les sénateurs font remarquer le développement d'une stratégie d'influence active de la Chine, qui a tendance, selon eux, à « occulter ses erreurs dans la gestion initiale de l'épidémie (allant parfois jusqu'à contester le lieu d'apparition du virus), vantant l'efficacité du modèle chinois de surveillance généralisée et le bien-fondé de son organisation sociale pour réduire l'épidémie » Les élus déplorent que l'empire du Milieu déploie largement sa stratégie sur Internet et sur les réseaux sociaux. La Russie, de son côté, se montrerait active, via ses médias dits « patriotes », pour attribuer la responsabilité de l'épidémie ainsi que ses conséquences aux Français et aux Occidentaux.


L'appel à la création d'une force de réaction cyber

Jusqu'à présent, et tant que sa sécurité nationale n'est pas menacée, la France n'utilise pas plus que les canaux diplomatiques habituels. Le ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, a signifié à la Chine sa « désapprobation » quant aux récents propos émis par l'ambassadeur de Chine sur la réponse apportée au Covid-19 par les pays occidentaux.

Au-delà de la guerre de communication qui fait rage, les sénateurs appellent à la mise en place d'une force de réaction cyber, « afin de répondre aux fausses informations dans le domaine sanitaire, aux attaques contre les valeurs démocratiques et pour lutter contre les campagnes de désinformation ou d'influence de certains acteurs étrangers ».


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© Pixabay

Le secteur de la santé, tiraillé par la crise entre la sécurité et l'efficacité

Après avoir recensé huit attaques cyber nécessitant une intervention en 2019, puis 18 attaques par ransomwares en 2019 contre le système hospitalier et le secteur de la santé dans son ensemble, l'ANSSI a pointé du doigt certaines carences en sécurité informatique, les sénateurs évoquant même un « sous-investissement chronique ». Depuis le début de la crise du coronavirus, plusieurs attaques symboliques ont été révélées : les unes par déni de service contre l'AP-HP (Paris) puis contre l'AP-HM (Marseille), et l'autre par rançongiciel contre l'établissement public de santé de Lomagne, dans le Gers. Sans oublier les attaques hors santé comme celle ayant touché la métropole et la ville de Marseille, en marge des élections municipales.

Ces attaques nécessitent un renforcement du niveau de protection des différents établissements et collectivités. Pour le moment, les DSI (Directeurs de systèmes d'information) des hôpitaux ne peuvent pas s'y atteler, étant mobilisés pour assurer la continuité des installations nécessaires à la lutte contre le coronavirus. Mais « l'ANSSI a aussi renforcé sa vigilance sur le système de santé et les secteurs périphériques », note les sénateurs.


Diffuser les « gestes barrières numériques »

Nous le disions au début de cet article, le télétravail multiplie les risques d'attaques informatiques, avec 8 millions de Français qui s'y sont mis en quelques jours, alors que 5,2 millions de citoyens y avaient plus ou moins partiellement recours avant le début de la crise sanitaire. Se précipiter n'a pas aidé à assurer une sécurité optimale. Parfois, les salariés issus de branches sensibles travaillent sur leur propre ordinateur, en utilisant qui plus est des plateformes (de visioconférence par exemple) exposées au risque cyber.

De nombreuses tentatives de rançongiciel et hameçonnage ont été rapportées par la Gendarmerie nationale, les arnaques se multiplient en ligne avec la création quotidienne de faux sites qui prétendent vendre des masques, solutions hydroalcooliques ou remèdes miracles contre le Covid-19. Avec, souvent, la récupération des coordonnées bancaires à la clé ou un paiement dans le vide, sans réception d'aucune marchandise en retour. Les Sénateurs redoutent aussi les actions d'espionnage économique, qui ont progressé ces derniers mois.

Outre la plateforme cybermalveillance.gouv.fr, que l'on vous invite à consulter, les sénateurs militent pour un meilleur effort de communication pour diffuser les « gestes barrières numériques » à travers une campagne de promotion de la plateforme qui serait diffusée aux banques, assurances, presse professionnelle, réseaux sociaux pro comme LinkedIn ou Viadeo etc., ainsi qu'un renforcement, à terme, des budgets réservés à la sécurité informatique.
Alexandre Boero
Par Alexandre Boero
Journaliste-reporter, responsable de l'actu

Journaliste, responsable de l'actualité de Clubic – Sensible à la cybersécurité, aux télécoms, à l'IA, à l'économie de la Tech, aux réseaux sociaux ou encore aux services en ligne. En soutien direct du rédacteur en chef, je suis aussi le reporter et le vidéaste de la bande. Journaliste de formation, j'ai fait mes gammes à l'EJCAM, école reconnue par la profession, où j'ai bouclé mon Master avec une mention « Bien » et un mémoire sur les médias en poche.

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Kratof_Muller

il y a environ 2 milliers de personnels de l’Agence en France dont un nombre évident fait la part belle à la propagande US dans les quotidiens numériques, avec des commentaires d’un racisme ignoble, toujours à charge, sans contradictoire, des cyclopes vous dis-je.
Le message de l’ambassadeur est pourtant vrai, en plus Agnès savait (ils savaient…), même si on peut contester les chiffres chinois, bien qu’ils ne me semblent pas plus contestables que les chiffres Japonais (190 morts pour 125 millions 'd’habitants), la Chine a investit des centaines de milliards d euros de son PIB à Wuhan pour contrer l’épidémie et y est parvenue, sans ces sacrifices nous pourrions multiplier nos chiffres (nos morts) par X.
Quant à l’origine du virus, ne vous fiez pas forcement au Pr montagner qui a volé les crédit de son nobel à son équipe, il est par ailleurs assez vieux, et prête son nom eclusé à l’argument d’autorité de la chimère du P4 à la demande d’interets purement atlantistes ( voir la reponse de Mr Sebbag vice president de Sanofi), bien que cela fasse des mois qu’un grand nombre de centre de recherches et chercheurs secondés de calculateurs et folding@home aient pu travailler dessus, la proximité avec le VIH était connue dès qu’il fut séquencé, pourtant il y a bien eu des problèmes à fort Detrick en Juillet Aout pendant la fermeture ( des cluster de pneumonies à Seatle et Chicago,peut être ailleurs), puis les olympiades militaires de Wuhan, c’est gros quand même… Doutons de nos amis et de nos ennemis.
Et ne laissez pas les forces de l’empire (des siths,des yankee, des pandas) vous retirer votre liberté d’argumenter.

ChristianBoxe

il faut aussi se méfier des fakes news du gouvernement actuel de Macron, tout comme de la Chine!!!

carinae

Allons bon voilà autre chose. Qu’est ce que le gouvernement a encore fait ?
N’est il pas plus logique de se poser les questions concernant le gouvernement russe justement qui semble tirer des conclusions a chargé avec des éléments que eux seuls auraient ? Ou du gouvernement chinois qui a très clairement menti sur la dangerosité du virus et leur nombre de morts ? Et ne parlons pas de la comptabilisation des décès qui varie d’un pays à l’autre puisque visiblement dans la plupart des pays seul les décès dans les hôpitaux sont comptabilisés ?

Louiss

Les masques nocifs et les tests ne servant à rien, c’est bizarre cela ressemble à la communication gouvernementale mais visiblement certains lecteurs font partie des 15% qui n’ont pas compris que le gouvernement a complètement changé de discours sur les masques

Kratof_Muller

il n’est pas certain que la Chine ait menti sur ses chiffres, 4500 décés dans le Hubei de 55 millions d’habitants, des centaines de milliards d’euros versés dans cette lutte, tres loin de notre discipline et de nos moyens. Regardez les chiffres allemands, ou mieux les chiffres Japonais avec 190 deces pour 125 millions d’habitant. On a des politiques qui font du pedalo avec des bricolages mac giver parceque Sarko et suivants ont liquidés des pans entiers de la France.

carinae

c’est vrai mais on a au moins la décence de se rapprocher le plus possible de la vérité …

carinae

hummm il y a quand même de gros doutes concernant les Chinois … même leur propre population a des doutes… d’après ce que certains internautes chinois (mais pas que) ont calculés en se basant sur les heures de travail a rallonge des crématorium, des queues devant ces derniers et du nombre d’urnes funéraires aperçues rien qu’a Wuhan … les chiffres officiels semblent bien très sous-estimés … Mais bon on ne le saura peut-être jamais …
Je ne suis pas persuadé, mais c’est tout personnel, que les pans entiers de notre économie qui ont disparus ne sont que les résultats des politiques des derniers gouvernements … je pense que ça fait 50 ans que c’est comme ça et que ce n’est malheureusement pas uniquement le fait des gouvernements mais aussi le résultat d’un certains nombre de décideurs qui ont considérés (a tord ou a raison …?) que nous n’étions plus assez compétitifs … Et d’ailleurs les américains ne se sont pas privés de nous le faire savoir en rachetant certaines entreprises (style Sansonite) et en envoyant la production en chine dans la foulée …

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