Figure de proue du monde du NAS, Synology donne parfois l’impression de s’endormir sur ses lauriers, de ne pas tenir compte des innovations apportées par la concurrence. Sorti il y a déjà quelques mois, le DS923+ constitue le nouveau haut de gamme de la firme, tout en évitant de taper dans les produits à destination des entreprises.
- Synology DSM impeccable
- Installation, gestion simplissime
- Performances du Ryzen R1600
- Jusqu'à 32 Go de RAM, 2x NVMe
- Option réseau 10 GbE
- Chauffe et bruits maîtrisés
- De base, toujours en 1 GbE
- De base, limité à 4 Go de RAM
- Gestion restrictive des NVMe
- Pas d'option GPU, HDMI
- Brique d'alimentation externe
Premier constat, le DS923+ montre que Synology n’est pas pieds et poings liés à Intel. Si l’entreprise a été un très bon client du promoteur des Celeron et autres Pentium, elle fait aujourd’hui confiance à AMD et son Ryzen R1600 pour un NAS qui doit avoir du coffre comme en témoigne la présence de quatre baies autorisant une capacité de stockage maximale de 72 To sans compter d’éventuels modules externes.
Fiche technique Synology DS923+
Type de processeur | AMD Ryzen R1600 |
Norme(s) ethernet | 10/100/1000 Mbps |
Nombre maximal de disques supportés | 4 |
Modes RAID supporté(s) | RAID 0, SHR, JBOD, 6, 5, 10, 1, Single Disk |
Système de fichier | Btrfs, Ext4 |
Type de processeur | AMD Ryzen R1600 |
Fréquence CPU | 2600 MHz |
Taille de la mémoire | 4Go |
Type de mémoire | DDR4 ECC |
Norme(s) ethernet | 10/100/1000 Mbps |
Connecteur(s) Réseau | Gigabit Ethernet x2 |
Wake On LAN | Oui |
Bluetooth | Non |
Wi-Fi | Non |
Certification DLNA | Oui |
Capacité | 72To |
Interface interne | M.2 - PCI-E 3.0 4x, Serial ATA 6Gb/s (SATA Revision 3) |
Format de disque | M.2, 3" 1/2, 2" 1/2 |
Nombre maximal de disques supportés | 4 |
RAID supporté | Oui |
Modes RAID supporté(s) | RAID 0, SHR, JBOD, 6, 5, 10, 1, Single Disk |
Système de fichier | Btrfs, Ext4 |
Connecteur(s) | USB 3.2 Gen 1, eSATA |
Fonctions du serveur | FTP, Impression, iTunes, Multimédia, Photo, Vidéo-surveillance, Virtualisation, Web |
Windows ADS | Oui |
iSCSI (Encapsulation SCSI) | Oui |
Téléchargement sans PC | Oui |
Evolutif | Oui |
Rackable | Non |
Niveau sonore | 22.9dB |
Consommation | 35.51W |
Largeur | 199mm |
Hauteur | 166mm |
Profondeur | 223mm |
Poids | 2.24kg |
Design et ergonomie
Premier constat alors que cela faisait plusieurs mois que nous n’avions pas testé de nouveau NAS Synology, la société taïwanaise a conservé la même équipe de designers. Depuis bien longtemps, on dit que l'on reconnaît un Synology à son aspect extérieur : ce n’est pas le DS923+ qui changera la donne. Le NAS repose sur le même concept de parallélépipède rectangle entièrement noir avec peu d’ouverture, quatre baies avec tiroir amovible en façade, logo Synology sur les parois latérales et une connectique relativement modeste sur l’arrière.
Port USB 3.0 et LED d'activité en façade, comme toujours © Nerces pour Clubic
Cette conception éprouvée a le bon goût de ne pas perdre les habitués de la marque. En revanche, comme prise de risque, on a connu mieux. D’ailleurs, les mêmes, sempiternels, reproches techniques peuvent encore et toujours être formulés. D’abord, si les berceaux pour les unités de stockage sont assez pratiques, ils sont avant tout prévus pour des disques de 3,5 pouces lesquels pourront être fixés sans la moindre vis… alors qu’il en faut forcément 4 par unité 2,5 pouces comme nos Samsung 870 EVO de test. Dommage.
Puisque nous parlons « reproches », le positionnement de la DDR4 laisse un peu à désirer puisqu’il faut retirer tous les berceaux pour y avoir accès. Il en va d’ailleurs de même pour les emplacements M.2 placés par Synology sous le NAS. Nous regrettons aussi que malgré un volume non négligeable (166 x 199 x 223 millimètres) et un poids de 2,24 kilogrammes, une brique d'alimentation externe nous est imposée. Mais le plus regrettable reste à venir et se repère en réalité vite dès lors que l’on porte son attention sur l'arrière de la bête.
Sous le NAS, deux emplacements pour SSD NVMe © Nerces pour Clubic
Alors qu’elle est toujours considérée comme le leader de ce segment NAS, Synology est maintenant la seule à se cantonner aux ports réseau 1 GbE. À l’usage, ça reste bien sûr exploitable, mais avec autant d’expérience, un logiciel DSM aux petits oignons et un potentiel évident, on ne comprend pas que Synology n’opte pas, au moins, pour un contrôleur 2,5 GbE. Bien sûr, la firme aura beau jeu de dire que les 2x RJ45 prennent en charge l’agrégation de liens ou qu’il est possible d’ajouter une extension PCIe 10 GbE.
Cette seconde option est une réalité et peut même se limiter au 2,5 GbE, mais le problème est alors un surcoût évident et nous touchons à l’autre problème de Synology : le coût de ses solutions. Pensez que le DS923+ est tout de même facturé près de 750 euros et qu’à ce tarif il faut encore faire avec du 1 GbE… comme sur le DS214 Play, premier NAS de la marque testé par votre dévoué. Nous étions alors en décembre 2013 et le DiskStation Manager arrivait en version 4.3. Voilà qui ne nous rajeunit pas !
La petite trappe avec ses deux vis, c'est pour le module 10 GbE © Nerces pour Clubic
Fonctionnalités et interface logicielle
Ces défauts mis à part, l’expérience de Synology fait la différence. La finition du DS923+ est parfaite, et ce, que l’on parle des quatre tiroirs verrouillables individuellement ou de la double ventilation à base de « turbines » de 92 millimètres, discrètes et impeccables pour rafraîchir les unités de stockage autant que le CPU Ryzen 1600. Tiré de la gamme Embedded d’AMD, ce dernier se contente de deux cœurs/quatre threads (deux fois moins que le V1500B utilisé sur des NAS plus costauds), mais suffit pour le public visé d’autant que la RAM est facilement ajustable. De base limitée à 4 Go, elle peut atteindre 32 Go grâce aux deux slots SO-DIMM dont un est libre.
Deux slots SO-DIMM sont présents et, au fond, les ports SATA © Nerces pour Clubic
Pour ce test, nous avons laissé la mémoire « tranquille » et nous sommes penchés sur la question du stockage. Quatre berceaux pour quatre unités principales en SATA donc et deux emplacements NVMe pour des SSD ultra rapides. Côté SATA, Synology insiste sur l’utilisation de produits de son cru, mais elle n’empêche pas d’utiliser des disques durs ou SSD d’autres marques. Même chose pour les deux NVMe… tant qu’ils sont utilisés comme cache. En revanche, pour booster votre espace de stockage, il faudra impérativement prendre du SSD NVMe Synology. Dommage.
La configuration est simple, mais Synology veut déjà virer nos SSD ! © Nerces pour Clubic
Le logiciel Synology est ici intraitable, mais avant toute chose, il convient de procéder à l’installation logicielle du NAS. Comme toujours, cela passe par l’association du Synology Assistant pour trouver le NAS sur le réseau et du navigateur Web pour accéder au DiskStation Manager (DSM), l’interface maintes fois récompensées mise au point par Synology. Soyons clairs, nous avons fait simple en installant DSM dans sa dernière version finale (7.1) : il n’était pas question de voir le comportement de la bêta 7.2.
Même en 7.1, DSM est une merveille qui prend le temps d’expliquer les choses à son auditoire. Les experts passeront vite sur les écrans de configuration, mais les débutants seront ravis. Plus précise qu’ASUSTor ou Terramaster, Synology ne prend jamais le risque de noyer ses usagers comme peut le faire QNAP. La position est délicate, mais Synology parvient toujours à ce juste équilibre, et ce, que l’on parle de la configuration du NAS ou de tous ces modules associés à DSM, toutes ces options de paramétrage.
Création d'une pile RAID : QNAP à gauche et Synology à droite © Nerces pour Clubic
La mise en place d’un espace de stockage est sans doute le meilleur exemple de cette « juste simplicité » signée Synology qui ne va pas aussi loin que QNAP avec ses volumes légers, lourds ou statiques, son option Qtier, son pool de stockage, ses piles diverses… Ouf ! Chez Synology, on va à l’essentiel et si les utilisateurs experts regrettent parfois une richesse fonctionnelle en retrait, c’est en réalité parfait pour l’audience visée par le DS923+. Une audience qui appréciera aussi les divers ensembles de modules à installer en fonction des usages envisagés.
Des ensembles qui accélèrent grandement le déploiement et la sélection des modules même si, bien sûr, DSM dispose de son propre portail d’applications, le fameux Centre de paquets. Là encore, QNAP dispose de bien plus de choix, mais son avantage est surtout de s’ouvrir plus nettement aux développeurs tierce partie. Cela dit, depuis quelques versions, DSM s’y met et il est possible de trier très simplement les modules selon qu’ils soient « Synology », « Open source » ou en provenance de « Contributeurs ». Pratique.
Les modules Synology à gauche et ceux des contributeurs à droite © Nerces pour Clubic
Pour en revenir aux apports de DSM 7.1, Synology a mis l’accent sur les machines virtuelles dont les performances sont gérées automatiquement ou manuellement via la qualité de service. Toujours côté performances, mais plus globales cette fois, Synology a travaillé à ce que le cache SSD soit plus réactif. En outre, les groupes de cache SSD peuvent être alloués à plusieurs volumes pour une gestion plus souple. Il est aussi à noter des efforts sur le gestionnaire des tâches : il est plus bavard dans le suivi de ces opérations qui « ralentissent » sans qu’on sache où elles en sont.
La liste des améliorations apportées par DSM 7 puis 7.1 et même 7.1.1 est encore longue comme le bras, mais l’important est de voir que – logiciellement au moins – Synology continue d'œuvrer pour son succès. Petit clin d’œil, la dernière mise à jour « autorise les usagers à créer un volume Btrfs jusqu’à 1 Po ». La conversion est automatique, mais Synology souligne qu’il « faut un pool RAID 6 et au moins 64 Go de RAM pour un volume supérieur à 200 To ». Tout ça pour dire que DSM est un logiciel qui s’adresse autant aux petites gens comme nous qu’aux grands comptes.
DSM : sans doute le meilleur logiciel NAS actuel © Nerces pour Clubic
Échauffement, nuisances sonores et performances
Nouveaux changements sur nos tests de NAS. Après le remplacement de notre switch pour un QNAP QSW-IM1200-8C 10 GbE flambant neuf, ce sont nos unités de stockage qui n’en pouvaient plus – paix à leur âme - et nous utilisons donc maintenant des Samsung SSD 870 EVO pour la partie SSD auxquels nous ajoutons des Toshiba MG09 18 To pour les disques durs.
Toshiba MG09 (stockage) et Samsung 870 EVO (performances) © Toshiba/Samsung
On ne change pas une équipe qui gagne et nos tests débutent donc avec CrystalDiskMark. Problème, l’interface 1 GbE du DS923+ ne permet pas de battre des records et, sans surprise, nous saturons le contrôleur qui atteint ses limites en lecteur/écriture séquentielle. En aléatoire, le DS923+ est moins à son aise et il ne peut rivaliser avec le DS1522+.
Mesures (débits/IOPS) CrystalDiskMark : fichiers de 1 Go, RAID5, 1 GbE © Nerces pour Clubic
Mesures (débits/IOPS) CrystalDiskMark : fichiers de 64 Go, RAID5, 1 GbE © Nerces pour Clubic
Nous faisons toujours un second test CrystalDiskMark en passant sur des fichiers test de 64 Go, mais les conclusions sont globalement les mêmes avec, tout de même, un très léger coup de moins bien sur les IOPS en lecture aléatoire… immédiatement compensé par de meilleurs résultats sur ces mêmes IOPS, mais en écriture aléatoire.
Débits en lecture/écriture sous Windows 10 en RAID 5, 1 GbE © Nerces pour Clubic
À l’usage, le DS923+ se montre très à l’aise pour gérer les requêtes de nombreux usagers, la bande passante étant saturée bien avant que le CPU ne soit débordé. Notons que pour un usage massif de machines virtuelles, les 4 Go proposées par Synology sont une blague. Nous appuyons nos quelques essais « d’usage courant » par des mesures de lecture/écriture en SMB via l’explorateur de Windows, mais – là encore – c’est le 1 GbE qui limite nos résultats.
Présenté en 2019 par AMD comme une solution très économe, le Ryzen R1600 permet effectivement au DS923+ d’être à son avantage sur nos mesures suivantes. Comme nous avions pu le remarquer sur le DS1522+, le NAS garde une température très modeste même en pleine charge et à aucun moment nous n’avons pu constater d’emballement des ventilateurs. Seule la consommation peut « grimper dans les tours », mais avec 4 disques durs de 18 To, le résultat est tout à fait convenable.
Enfin, nous terminons le test d’un NAS avec au moins trois baies par le temps de reconstruction de notre pile RAID 5. Elle est constituée de 100 Go répartis en huit gros fichiers et de 10 Go répartis en plus de 4 000 petits fichiers. Sans surprise, le DS923+ signe un résultat proche de celui du DS1522+ (537 contre 512 secondes). Hélas, sans cet autre modèle sous la main, nous ne pouvons que supposer la raison de cet écart d’une vingtaine de secondes : tout porte à croire qu’il est lié à la présence de 4 Go de RAM supplémentaires.
Synology DS923+ : l'avis de Clubic
Référence parmi les références depuis de nombreuses années, Synology pouvait-elle se louper en faisant évoluer le DS920+, un produit au demeurant encore fort capable en 2023 ? La réponse est non. Évidemment. Forcément. Pour autant, en grattant un peu, Synology paraît plus paresseuse que jamais et même si le DS923+ ne vole pas le 8/10 que nous lui attribuons, il paraît plus que jamais sous la menace de la concurrence.
Une fois encore, nous pestons contre l’absence d’un contrôleur au moins 2,5 GbE alors que le surcoût par rapport à un contrôleur 1 GbE est dérisoire. Nous pestons aussi contre ces 4 Go de RAM qui suffiront à bien des usages, mais que Synology aurait largement pu doubler sans faire trembler ses actionnaires. Des actionnaires qui d’ailleurs pourraient un jour regretter la politique d’exclusivité toujours plus contraignante de Synology.
Sur le DS923+, les unités de stockage sont libres. Même chose pour les SSD NVMe utilisés comme cache. En revanche, pour les utiliser en extension de stockage, il faut prendre des SSD Synology et rien d’autre, pas même un produit « NAS » signé Western Digital. Ce défaut coûte un point au DS923+ qui aurait pu en perdre un autre à cause de la pingrerie de Synology : à 750 euros le NAS, nous n’avons droit qu’à deux licences pour caméra IP. Sérieusement ? Mais voilà, l’excellence de l’interface DSM rattrape le coup et justifie presque à elle seule ce 8/10.
- Synology DSM impeccable
- Installation, gestion simplissime
- Performances du Ryzen R1600
- Jusqu'à 32 Go de RAM, 2x NVMe
- Option réseau 10 GbE
- Chauffe et bruits maîtrisés
- De base, toujours en 1 GbE
- De base, limité à 4 Go de RAM
- Gestion restrictive des NVMe
- Pas d'option GPU, HDMI
- Brique d'alimentation externe