Test TerraMaster F4-424 Pro : et le roi du NAS premier prix tente le passage en professionnel

Plus connue pour ses petits prix, TerraMaster est l’une des premières marques à intégrer le SoC Alder Lake-N d’Intel dans ses NAS. Pour l’occasion, le F4-242 Pro n’est pas un modèle d’entrée de gamme et la question se pose de savoir s’il a la carrure pour se mesurer aux meilleurs modèles de ses concurrentes de toujours, ASUSTOR, QNAP ou Synology.

Design et ergonomie

Au premier coup d’œil posé sur le F4-424 Pro, difficile de voir ce qui justifie cette appellation « pro » tant la machine ressemble aux autres modèles de la marque. TerraMaster est un fidèle des designs simples, tout en sobriété et, une fois encore, on ne peut pas dire qu’il y ait beaucoup à dire justement : pas de fioriture, rien d’extravagant.

Cinq LED, un logo en façade… et des berceaux ! © Nerces pour Clubic

Le F4-424 Pro se présente sous la forme d’un parallélépipède de taille modeste (222 x 179 x 154 millimètres) entièrement noir. Pas de porte, pas de cache en façade et les berceaux des quatre unités de stockage sont directement accessibles, sans d’ailleurs que TerraMaster ait décidé de leur ajouter un système de verrouillage comme c’est pourtant souvent le cas sur les modèles dits professionnels. En l’état, il sera donc très simple de retirer un berceau et le disque associé.

Sur la façade, on remarque aussi la présence, dans le coin inférieur droit, de cinq LED : les seuls éléments un peu lumineux. Quatre d’entre elles sont liées aux quatre unités de stockage quand la cinquième est dévolue à la mise sous tension du NAS. Rien pour l’activité réseau et les LED en elles-mêmes sont discrètes. Il n’est pas non plus question d’un quelconque port USB en façade et les parois latérales se limtent à des grilles d’aération dessinées avec le logo de la marque.

La connectique est déportée sur l'arrière : notez les 2 RJ45 2,5 GbE © Nerces pour Clubic

C’est en retournant le NAS que l’on découvre la connectique mise en place par TerraMaster depuis le port HDMI jusqu’au port pour la brique d’alimentation en passant par deux USB3.2 (un Type-A, un Type-C) et deux ports RJ45 à la norme 2,5 GbE. C’est sur l’arrière que l’on trouve le bouton de mise sous tension, un placement que nous ne trouvons pas très judicieux. Enfin, notez que la prise d’alimentation permet de brancher la brique externe, relativement modeste, de 90 watts.

Fonctionnalités et interface logicielle

Du fait des quatre berceaux, il n’est pas nécessaire d’ouvrir le NAS pour le peupler. En revanche, sachez que cette ouverture reste faisable – très simplement – et que cela permet d’accéder l’unique port SODIMM lequel est déjà occupé par une barrette de 32 Go de DDR5, excusez du peu. En ouvrant le NAS, on peut aussi repérer les deux emplacements M.2 pour SSD NVMe : attention, ces derniers ne servent que comme cache, pas pour augmenter la capacité de stockage du NAS.

L'ouverture du NAS est simple, les composants accessibles © Nerces pour Clubic

En intégrant des modèles de 22 To – le maximum officiellement reconnu par TerraMaster – le F4-424 Pro peut ainsi compter sur un total de 88 To de capacité que l’on configure le plus simplement du monde avec l’inévitable outil TNAS. Chaque marque de NAS y va de son logiciel pour retrouver le NAS sur le réseau et le programme de TerraMaster n’a pas à rougir de la comparaison. Une fois le F4-424 Pro identifié, la procédure d’installation proprement dite peu débuter.

Rien de bien excitant à signaler à ce niveau et si, par le passé, la traduction française était imparfaite, il ne semble plus y avoir le moindre problème à signaler à ce niveau. En quelques étapes, nous avons droit à une vérification des unités présentes dans le NAS, au choix du format de fichier (BTRFS ou EXT4) et aux options de création de la pile RAID. Rien que de très normal à ce niveau avec, toutefois, le TRAID en plus des options plus classiques (RAID 0 à RAID 10 en passant par le JBOD).

BTRFS et EXT4 sont possibles pour le système de fichiers © Nerces pour Clubic

Nous l’avons déjà signalé à plusieurs reprises et ce n’est pas encore aujourd’hui que TerraMaster va se défaire de son modèle : l’installation de TOS (TerraMaster Operating System) achevée, on se rend compte combien il est proche du DiskStation Manager (DSM) de Synology. C’est bien simple, certains écrans – comme le Tableau de bord – sont presque des copies conformes de ce que peut proposer Synology. Cela dit, quitte à copier quelqu’un, autant que ce soit le meilleur.

Là où les choses se compliquent pour TerraMaster, c’est que nous sommes plutôt en présence d’une « photocopie » de DSM. De fait, TOS est moins complet ou moins pratique que son inspiration, et ce, à tous les niveaux. L’interface est globalement moins réactive, même si le démarrage se fait plus vite que chez un autre concurrent, QNAP, et de petits bugs surviennent avec ces messages d’information qui ne disparaissent pas toujours quand on les ferme.

Assistant sécurité et moniteur de ressources : deux mdules de base © Nerces pour Clubic

De petits bugs qui, heureusement, ne se montrent pas trop gênants et TOS reste un outil agréable à utiliser qui a le bon goût d’offrir la plupart des réglages essentiels de manière très directe, depuis le Tableau de bord donc. Inutile de chercher bien loin tout ce qui a trait à la gestion des usagers, des groupes d’utilisateurs, des dossiers partagés ou de tout ce qui est quota. C’est aussi là que l’on se rend pour gérer le pool de stockage, les services de fichiers et tout ce qui est options générales.

Pour aller plus loin dans l’utilisation du NAS, TerraMaster fait comme ses concurrents et il faut donc se tourner vers le portail d’applications. Il est cependant à noter que par rapport à ASUSTOR, QNAP ou Synology, il n’est pas ici question de proposer l’installation de quelques modules « de choix » en fonction d’usages prédéfinis pour la maison, pour le travail, pour le développement… Il faut faire son marché, tout seul, en choisissant les modèles un par un.

Pas rapport à la concurrence, le portail d'applications est peu fourni © Nerces pour Clubic

Remarquez, c’est moins compliqué que chez la concurrence car le portail d’applications TerraMaster est nettement moins bien doté. On retrouve heureusement l’essentiel depuis Docker, divers outils de sauvegarde ou de synchronisation, un module de déduplication, un autre lié au cloud, de quoi gérer les photos (Terra Photos), des serveurs multimédias… mais nous restons très loin de la profusion que l’on peut découvrir chez QNAP et le port HDMI intégré par TerraMaster se sentira bien seul.

Dès lors que le NAS vise un public peu exigeant, cela ne pose aucun problème et toutes les fonctions essentielles sont bien présentes. En revanche, pour les amateurs éclairés en quête du « module qui va bien », il y aura moins de choix et, surtout, une communauté moins active pour vous soutenir. Cela dit, c’est un peu le chien qui se mord la queue car pour progresser encore, TerraMaster a besoin du soutien de la communauté qui ne la soutiendra que si la marque progresse…

Échauffement, nuisances sonores et performances

Nous n’avons pas modifié notre configuration de test pour cet article, ce sont donc tour à tour trois puis quatre SSD Samsung 870 EVO 1 To et quatre disques durs Toshiba MG09 18 To que nous avons utilisés alors que, côté réseau, le NAS était connecté à notre excellent switch QSW-IM1200-8C 10 GbE signé QNAP.

Toshiba MG09 (stockage) et Samsung 870 EVO (performances) © Toshiba/Samsung

Par rapport à certaines autres solutions « professionnelles » de chez ASUSTOR, QNAP ou même TerraMaser elle-même, le F4-424 Pro doit se contenter d’interfaces réseau 2,5 GbE. Il n’est pas question de 5 ou 10 GbE. Cela dit, avec CrystalDiskMark, nous obtenons malgré tout des débits très corrects, en phase avec le maximum théorique d’un contrôleur 2,5 GbE.

Mesures (débits/IOPS) CrystalDiskMark : fichiers de 1 Go, RAID 5, 2,5 GbE © Nerces pour Clubic

La seconde partie de nos mesures CrystalDiskMark – avec des fichiers test de 64 Go – ne change rien à l’affaire. Cela n’a pas de réelle incidence sur les résultats obtenus avec des débits qui flirtent toujours avec les limites de l’interface 2,5 GbE faisant évidemment regretter que l’agrégation de liens ne soit pas proposée par TerraMaster.

Mesures (débits/IOPS) CrystalDiskMark : fichiers de 64 Go, RAID 5, 2,5 GbE © Nerces pour Clubic

À l’usage, le F4-424 Pro ne montre effectivement pas de problème particulier et les 32 Go installés d’emblée par TerraMaster ouvrent la voie à des usages assez variés : le travail collaboratif est bien sûr une évidence, mais la virtualisation est également plus qu’envisageable alors que les 8 cœurs du Core i3-N305 lui assurent une certaine marge de manœuvre, même si nous avons déjà rencontré des NAS plus puissants, le rapport puissance/prix est en faveur de la génération Alder Lake.

Débits en lecture/écriture sous Windows 11 en RAID 5, 2,5 GbE © Nerces pour Clubic

Pour appuyer nos essais en situation, nous proposons toujours des mesures de débits réalisées via l’explorateur de fichiers de Windows (en SMB donc) et si cela n’est qu’un aspect des performances d’un NAS, cela met en difficulté le F4-424 Pro. Aucun problème lorsque nous lisons notre archive de test depuis le NAS vers notre PC, nous saturons l’interface 2,5 GbE. En revanche, en écriture vers le NAS, les choses sont moins réjouissantes : à 177 Mo/s, nous sommes loin du compte et cela semble venir d’un souci avec l’algorithme RAID 5 car en RAID 1, nous ne rencontrons aucun souci.

Nous enchaînons avec les vérifications d’usage pour contrôler la température atteinte au niveau des unités de stockage, mais aussi les décibels dégagés par le système de ventilation et la consommation électrique. Le Core i3-N305 est un modèle de sobriété et nous n’avons rien à lui reprocher avec un maximum de 34,8 watts mesuré en charge et moins de 14 watts pour l’ensemble du NAS au repos.

Côté décibels, le ventilateur de 120mm fait des merveilles. Il se coupe la majorité du temps et même lorsqu’il tourne, il n’atteint pratiquement jamais les 800 tours/minute : difficile de l’entendre ! Cela dit, ce calme, nous le devons aussi à la puce Intel que TerraMaster laisse certes atteindre les 85°C en charge, mais sans que cela ne pose le moindre problème. Au niveau des disques, nous sommes restés à un maximum de 35,5°C. Rien à craindre.

Enfin, comme pour chaque test de NAS doté d’au moins trois baies de stockage, nous terminons avec le temps nécessaire pour la reconstruction de notre pile RAID 5 de test. Celle-ci est constituée de 100 Go répartis en huit gros fichiers et de 10 Go constitués de plus de 4 000 petits fichiers. Le F4-424 Pro réalise la tâche en un peu plus de 11 minutes : nous attendions un peu mieux du Core i3-N305, mais il n’y a rien de révoltant non plus dans ce résultat.

TerraMaster F4-424 Pro, l'avis de Clubic