Bruno Le Maire (au centre), entouré de Jean-Noël Barrot (à gauche sur la photo) et de Thierry Breton (à droite), ont mouillé la chemise lundi ! (© Twitter BrunoLeMaire)
Bruno Le Maire (au centre), entouré de Jean-Noël Barrot (à gauche sur la photo) et de Thierry Breton (à droite), ont mouillé la chemise lundi ! (© Twitter BrunoLeMaire)

Un an et demi après avoir dévoilé sa stratégie nationale pour un Cloud souverain français de confiance, le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures, en marge de sa visite du nouveau datacenter d'OVHcloud.

Pleinement inscrite dans son portefeuille, la souveraineté industrielle et numérique était à l'honneur lundi à Strasbourg pour Bruno Le Maire, qui assistait à l'inauguration du nouveau data center d'OVHcloud à Strasbourg, 18 mois après l'incendie de son centre de données, que l'entreprise traîne encore comme un boulet. Le ministre de l'Économie et des Finances n'était pas seul ! Il était accompagné par le monsieur numérique du gouvernement, Jean-Noël Barrot, et le commissaire européen au Marché intérieur, Thierry Breton. Bruno Le Maire, au maximum de sa concentration sur les photos, a profité de l'occasion pour annoncer de nouvelles mesures visant à soutenir le développement de la stratégie cloud étatique.

Faciliter l'accessibilité du très prisé visa SecNumCloud

Gardant à l'esprit que le secteur du Cloud computing pourrait générer, d'ici 2030 en Europe, quelque 560 milliards d'euros de chiffre d'affaires, le gouvernement avait lancé, en mai 2021, une stratégie nationale pour le Cloud. Elle s'axe sur une doctrine « Cloud au centre », passant par la transformation numérique des administrations et le développement des projets technologiques français.

Mais surtout, cette stratégie repose sur le SecNumCloud, ce visa très prisé des acteurs de l'informatique en nuage qui garantit à leurs clients un niveau de protection suffisamment élevé pour les données les plus sensibles. OVHcloud fait d'ailleurs partie des opérateurs sélectionnés par l'État et l'ANSSI (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) qui distribuent des offres qualifiées, au même titre que Cloud Temple, Oodrive, Outscale et Worldline.

L'accompagnement vers l'obtention de ce visa SecNumCloud pour les PME constitue à ce propos l'une des cinq mesures destinées à poursuivre le développement de cette stratégie nationale du Cloud. Il faut dire que l'obtention de cette certification coûte cher aux entreprises. L'ANSSI reçoit donc une enveloppe de 2,5 millions d'euros, qui permettra aux start-up et PME proposant certains services Cloud (PaaS ou SaaS) d'être accompagnées vers cette certification.

Un désir de s'affirmer sur le plan européen d'abord, puis face aux géants ensuite

L'accompagnement des administrations vers leur transformation numérique est aussi capital. Le gouvernement entend clarifier la notion des données particulièrement sensibles, pour orienter au mieux les acheteurs à la fois publics et privés vers des offres éventuellement certifiées SecNumCloud.

Le gouvernement souhaite aussi que soit mise en place, à l'échelle de l'Union européenne, une certification de cybersécurité pour les services de Cloud. La présence de Thierry Breton lundi à Strasbourg était en ce sens importante, l'UE ne cachant pas sa volonté de rééquilibrer un marché aujourd'hui dominé par trois acteurs non européens, à savoir Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud.

L'État français espère par ailleurs une validation le plus tôt possible du Projet Important d'Intérêt Européen Commun (PIIEC) Cloud, symbolisé par une soixantaine de projets portés par des dizaines d'entreprises européennes (parmi lesquelles Orange, OVHcloud, Atos ou Amadeus) qui aspirent à créer la prochaine génération de services de Cloud et d'Edge Computing. Un investissement de 5 milliards d'euros, pris en charge par le public et le privé.

Enfin, le directeur général d'OVHcloud, Michel Paulin, devra présenter aux ministres, d'ici six mois, une proposition regroupant la composition, la gouvernance et les objectifs d'un nouveau Comité stratégique de filière (CSF) « numérique de confiance », qui sera prochainement créé pour faire émerger une offre française compétitive.