La révolution du stockage et du partage de fichiers décentralisé a déjà un nom, et elle s'appelle… IPFS.

Zoom sur l'IPFS, ce réseau décentralisé à portée de main © ArtemisDiana / Shutterstock
Zoom sur l'IPFS, ce réseau décentralisé à portée de main © ArtemisDiana / Shutterstock

Vous le savez, nous le savons, le web tel que nous l'utilisons repose sur une structure centralisée. Chaque fichier, ou page, que nous consultons est hébergé sur un serveur spécifique, accessible via une adresse unique, l’URL. Bien que pratique, cette structure connaît des limites : gouvernements et entreprises influentes peuvent décider de bloquer et/ou supprimer des contenus hébergés sur le web public. Sans aller aussi loin, il suffit qu'un serveur soit mis hors ligne pour que toutes les données qu’il héberge soient potentiellement inaccessibles.

C'est pour répondre à ces défis plus ou moins complexes que l’IPFS (InterPlanetary File System), protocole P2P développé par Protocol Labs, a vu le jour. Ce système de fichiers distribué propose une approche différente pour partager et stocker des informations, ouvrant ainsi la voie une décentralisation améliorée et à une plus grande résilience du web.

Une nouvelle façon d'accéder aux informations

Sans trop entrer dans les détails techniques, IPFS modifie notre façon d’accéder aux fichiers en ligne grâce à un réseau de "nœuds" – des ordinateurs et serveurs volontaires qui participent à la structure décentralisée du réseau. Contrairement aux configurations centralisées impliquant la localisation d'un élément à l'aide d'une URL, IPFS fonctionne suivant un schéma de recherche par contenu.

Pour ce faire, il crée une empreinte unique pour chaque fichier qu'il stocke : le "hash". Cet identifiant n'est pas uniquement là pour compliquer la vie de celles et ceux habitués aux URL traditionnelles, il certifie aussi l'intégrité et l'authenticité des données : en cas de modification des contenus stockés, le hash change, et une nouvelle version du fichier est créée.

Lorsqu'un fichier est stocké sur IPFS, il peut être découpé en morceaux (s’il est volumineux) et distribué en plusieurs exemplaires sur différents nœuds. Objectif : favoriser sa persistance en cas de défaillance d’un nœud.

IPFS est un système de fichiers décentralisé, fonctionnant selon un schéma de recherche par contenu © NinaMalyna / Shutterstock
IPFS est un système de fichiers décentralisé, fonctionnant selon un schéma de recherche par contenu © NinaMalyna / Shutterstock

Petite précision toutefois : le réseau ne duplique pas automatiquement les fichiers pour en garantir l'accès continu. Si un nœud flanche, le contenu peut ne plus être disponible, à moins qu'un autre nœud le conserve. Pour consolider la redondance ici nécessaire, des services comme Pinata permettent aux utilisateurs et utilisatrices "d'épingler" leurs fichiers afin de garantir leur accessibilité sur une plus longue durée.

Confidentialité et sécurité : des défis persistants

Si IPFS atténue les risques de censure et de contrôle centralisé, il n'offre pas de protection contre la surveillance ou l'accès non autorisé par défaut. Car, contrairement à ce que l'on pourrait penser, le réseau ne chiffre pas automatiquement les données ; toute personne connaissant le hash d’un fichier peut y accéder. C'est donc aux internautes de chiffrer leurs fichiers eux-mêmes s'ils le jugent nécessaire. En revanche, comme expliqué plus haut, le hash unique de chaque fichier garantit qu'il n'a pas été altéré.

Accéder à un fichier sur l’IPFS

Ici, donc, pas d'URL classique. On ne veut pas indiquer où chercher, mais ce que l'on cherche. Pour accéder à un fichier stocké sur IPFS, il faut directement saisir son hash dans la barre d'adresse. Sauf qu'actuellement, peu de navigateurs le prennent en charge nativement. Brave et Opera le font très bien… et puis c'est tout. Pour les autres, il faudra soit passer par des extensions, soit utiliser des passerelles publiques comme celles de Cloudflare ou IPFS.io.

Pour une expérience réellement décentralisée, et si l'on se sent l'âme d'un aventurier, on peut aussi installer un client IPFS sur son ordinateur qui permet d'interagir directement avec le réseau sans passer par une passerelle externe. À choisir, privilégiez IPFS Desktop, également développé par Protocol Labs.

Parmi les passerelles publiques disponibles, Clouflare Web3 facilite la récupération et la diffusion de contenus sur IPFS © ImageFlow / Shutterstock

Des applications concrètes et variées

IPFS ne se limite pas à un concept théorique ; il est utilisé dans des domaines très divers. Les musées et les bibliothèques, par exemple, exploitent IPFS pour archiver des contenus et en garantir l'accessibilité à long terme. Dans le domaine de l'art numérique et des NFT, IPFS est devenu un outil essentiel pour stocker de façon sécurisée les œuvres et métadonnées.

Pour les particuliers, IPFS se positionne comme alternative intéressante aux services de partage de fichiers centralisés que sont Google Drive ou Dropbox. On retiendra toutefois que la complexité technique du réseau et de son fonctionnement limite encore une adoption massive.

Un Internet plus résilient grâce à une infrastructure d’avenir

Alors, bien sûr, IPFS est encore en phase de développement, et il lui reste des défis à relever pour en faciliter l’accès au grand public. On l'a vu, la plupart des navigateurs ne prennent pas en charge la techno nativement, ce qui contribue à freiner son adoption. Le recours parfois nécessaire à des services additionnels pour assurer la permanence des fichiers l'empêche, là encore, de se présenter comme un système clé en main, ce qui pourrait effrayer les internautes les moins expérimentés.

Malgré tout, la promesse est belle : envisager un futur où l'on reprendrait facilement le contrôle de nos données, et où l’accès à l’information deviendrait moins tributaire des géants du web, voilà qui fait rêver…

À découvrir
Cloud sécurisé : les meilleures offres de stockage en ligne en 2024

02 octobre 2024 à 17h13

Comparatifs services