Performance rare, l'image directe d'une exoplanète apporte beaucoup d'informations. Et même s'il s'agit ici d'une géante gazeuse soumise à de très hautes températures, c'est un nouveau témoin des performances du télescope James Web… et ici, de ses coronagraphes, utilisés pour cacher l'étoile.
Il faut même s'attendre à de futures améliorations des mesures.
Livraison du James Webb !
Encore une première. Deux mois seulement après le début officiel de la campagne scientifique du télescope James Webb, la nouvelle de la moindre « early release » fait autant de bruit dans les laboratoires d'astrophysique que dans les colonnes des médias. Car, lorsque les responsables du programme ont annoncé que les résultats étaient meilleurs que prévu, ce qu'ils disaient en clair était simple : pratiquement chaque campagne d'observation du télescope sera une petite révolution, que ce soit en matière de photographie ou de résultats.
L'observation de HIP 65426 ne fait pas exception, même si ce n'est pas l'étoile de ce système qui intéressait les scientifiques, mais son exoplanète connue depuis 2017. Il s'agit d'une très jeune planète gazeuse de 15 à 20 millions d'années seulement et d'une taille impressionnante comprise entre 6 et 12 fois celle de Jupiter. Grâce à ses instruments équipés de coronagraphes, le télescope James Webb a pu littéralement cacher la lumière de l'étoile et ainsi emmagasiner suffisamment de lumière pour voir directement l'exoplanète géante.
Tout est dans la technique
L'image elle-même n'est pas fondamentalement révolutionnaire, d'autant plus lorsque les équipes du Webb ont habitué le public à d'hallucinantes photographies de galaxies et d'amas d'étoiles en seulement quelques semaines. La reconstruction (car ce n'est pas « un seul cliché ») est aussi moins belle et claire que ce qu'a pu produire l'instrument SPHERES du Very Large Telescope de l'ESO, lequel a également pu photographier la même exoplanète. Mais il ne s'agit pas ici d'esthétique, plutôt d'observation, de techniques et de bandes de fréquenc…
D'abord les coronagraphes ont été extrêmement précis pour éliminer la lumière de l'étoile (laquelle est 10000 fois plus brillante que son exoplanète). Ensuite, les coronagraphes ne faisant pas tout, il restait beaucoup de lumière « parasite » due à la structure même du Webb… Mais sa capacité à observer sur de longues fenêtres en restant extraordinairement stable permet d'éliminer ces parasites en post-traitement. Enfin, l'observation directe en infrarouge, grâce aux multiples instruments du James Webb, ouvre une nouvelle fenêtre sur la nature de ces planètes, leur caractérisation et celle de leur atmosphère. L'équipe scientifique, dans un article prépublié, estime ainsi avoir mesuré 97 % du spectre infrarouge réfléchi par l'exoplanète.
Il y en a sous le capot
Et ce n'était là qu'un cas d'étude. Comme le précise Aarynn Carter, qui a mené l'équipe de traitement des images, « ce qui est le plus excitant, c'est que nous n'avons que commencé. Il y a beaucoup d'autres images d'exoplanètes qui vont arriver et qui vont nous révéler à la lecture de leur lumière, leur physique, leur chimie, leur formation. » Une promesse…
Source : NASA