Développé pour les besoins des lanceurs européens de prochaine génération, le moteur fusée Prometheus a rugi en France, sur le site de Vernon. Les résultats seront cruciaux pour le développement du démonstrateur Thémis, notamment. Mais il reste une longue route jusqu'aux vols.
Il faut également mentionner que le moteur n'est pas encore en version finale.
Et mise à feu !
L'étape était très attendue et le calendrier, juste avant la très importante réunion ministérielle de l'ESA qui va décider des budgets pour les trois prochaines années, n'est pas un hasard. Les équipes combinées du CNES et d'ArianeGroup ont réussi pour la première fois la mise à feu d'un moteur Prometheus sur le site historique de tests à Vernon, dans l'Eure. Prometheus dispose de 100 tonnes de poussée, est réutilisable, et fonctionne avec de l'oxygène liquide et du méthane.
Ce moteur est l'exemplaire « M1 », et il ne peut pour l'instant être allumé que pour des durées très courtes, comprises entre 5 et 40 secondes, limité par l'infrastructure et les réservoirs existants sur le prototype au sol du démonstrateur Thémis. Mais ces essais sont très importants, ils « dérisquent » les futures campagnes qui auront lieu en Allemagne sur un stand de test dédié à Lampoldshausen, avec deux moteurs complets et en configuration de vol.
Thémis en ligne de mire
Autre avantage de ces tests initiaux, ils permettent de valider le design préliminaire de la section moteur pour le futur démonstrateur réutilisable Thémis. L'objectif de ce dernier est de montrer, sur une architecture d'étage quasiment identique à celle d'un lanceur orbital, la faisabilité technique du concept européen de réutilisation.
Il sera d'abord testé avec des envols de courte durée et courte distance à Kiruna, en Suède, avant de voler à plusieurs dizaines de kilomètres d'altitude en décollant du Centre Spatial guyanais. Des essais qui cependant ne sont pas attendus avant 2024-2025.
Prometheus au centre des débats ?
La communication autour de ce test n'est pas désintéressée. Le secteur des lanceurs européen est en crise avec les retards d'Ariane 6, la situation générée par le retrait de Soyouz du Centre guyanais et les défis qui pèsent sur les démonstrateurs du « futur », dont Prometheus et Thémis sont des briques essentielles… mais très en retard sur leurs plannings initiaux.
Les discussions autour des enveloppes à consacrer à ce développement seront âpres en fonction des ambitions des États membres pour les trois années à venir. Néanmoins, ce test réussi est un progrès très attendu et constitue une avancée importante. Prometheus met en œuvre plusieurs technologies encore peu utilisées par le spatial européen traditionnel comme la fabrication additive, avec pour objectif d'être « low cost » par rapport aux moteurs fusées Vulcain utilisés sur Ariane 5 et 6.
Source : ESA