Il doit décoller du Centre spatial guyanais le 13 décembre : MTG-I1 est le premier d'une nouvelle génération de satellites météorologiques européens. En orbite géostationnaire, il observera le globe et enverra plus de données que ses prédécesseurs… tout en étant plus précis et en détectant les impacts de foudre.
La famille MTG représente les 20 prochaines années de relevés météo en orbite géostationnaire.
Le changement, c'est maintenant
La transition va s'opérer prochainement. Après 20 années d'opérations des satellites MSG (Météosat seconde génération) en orbite géostationnaire, la première unité de la constellation MTG (Météosat troisième génération, pas très original) est sur le point de décoller. Au moment où nous écrivons ces lignes, MTG-I1 est déjà à l'abri sous la coiffe de la fusée Ariane 5, en préparation au Centre spatial guyanais.
Le décollage est prévu le 13 décembre à 21 h 30 (heure de Paris), et il représente plus d'une décennie de préparation, pour les équipes de l'opérateur européen des satellites météorologiques EUMETSAT comme pour les industriels qui se sont occupés du projet, en particulier Thales Alenia Space. Il faut dire que sous les couches de protection noires, c'est un gros satellite météo de 3,6 tonnes qui est prêt à fonctionner au moins 15 ans…
Au revoir MSG, bonjour MTG
Revenons un peu sur nos pas. En effet, il ne s'agit peut-être pas l'agence la plus connue en Europe, mais EUMETSAT (European Organisation for the Exploitation of Meteorological Satellites) opère depuis des dizaines d'années un véritable pôle d'excellence avec une succession de satellites météorologiques d'une qualité de données mondialement reconnue.
En partenariat avec l'ESA, qui développe les satellites, EUMETSAT est un poids lourd mondial qui dispose de deux familles en orbite : celle des unités géostationnaires et celle, plus récente, des satellites en orbite basse. C'est celle située à 36 500 kilomètres d'altitude qui nous intéresse ici. Elle est aujourd'hui constituée de quatre MSG dont le remplacement commence. Le premier des satellites MSG, envoyé en orbite en 2002, a été mis à la retraite cette année. Pour les trois restants, cela devrait s'échelonner jusqu'à 2033 environ, au fur et à mesure de l'arrivée des MTG.
Plus vite, plus fort, plus gros
La première différence entre l'ancienne génération et la nouvelle est très visible : les MSG sont des satellites qui utilisent une méthode ancienne (mais tout à fait fiable) de stabilisation et de fonctionnement par rotation. Cela leur donne un léger look de tambour de machine à laver, même si ces satellites ne tournent, eux, qu'à 100 tours/minute.
MTG-I1, lui, ne tournera pas. Il a la forme plus classique des satellites de ces dernières décennies et est stabilisé sur 3 axes, avec ses capteurs tournés en permanence vers la Terre. Il est aussi plus lourd, avec des instruments plus complexes et du carburant supplémentaire. C'est qu'il faudra du temps pour remplacer toutes les anciennes unités…
Il y avait quatre MSG, il y aura donc quatre MTG-I, auxquels EUMETSAT a décidé d'ajouter deux satellites MTG-S, I pour image et S pour sondeurs. Ces derniers sont en effet équipés d'un capteur infrarouge hyperspectral capable de sonder les différentes couches de l'atmosphère.
Un capteur imageur à haute performance
MTG-I1 est donc à la fois une nouvelle plateforme d'observation météorologique et le premier d'une famille nombreuse. La pression est forte sur les épaules des différentes équipes !
Une fois en place sur son orbite à l'équateur au-dessus de l'Afrique centrale, il devra compter sur ses deux instruments principaux, et en particulier sur l'imageur FCI (pour Flexible Combined Imager). Dérivé de celui utilisé pour l'ancienne génération de satellites, le FCI produit des images dans 16 bandes de fréquences différentes qui vont du visible à l'infrarouge thermique, le tout avec une résolution sur l'ensemble de la demi-sphère terrestre qui sera en ligne de vue, de 0,5 à 2 kilomètres de précision. En plus de cela, il est capable de « scanner » un hémisphère et d'envoyer l'image complète en 10 minutes, ou de se concentrer sur l'Europe en produisant une image plus précise en 2 minutes et 30 secondes. Grosso modo, le gain pour les images par rapport à la génération précédente est de 5 minutes pour une image complète, avec une résolution deux fois meilleure. L'ensemble des modèles météo et des visualisations cartographiques vont en profiter.
Oh là, il y a de l'orage !
De plus, MTG-I1 est capable de capter la foudre, contrairement à ses prédécesseurs. Les impacts de foudre intéressent beaucoup les météorologues, et le suivi des indices orageux est aussi complexe qu'intéressant. Avec son instrument « Lightning Imager », le satellite utilisera quatre petits télescopes comportant des détecteurs qui fonctionnent à 1 000 images par seconde pour suivre les éclairs sur les continents européen et africain ainsi que près des côtes.
Cette nouvelle addition est très attendue, en particulier dans le contexte actuel. En effet, 2022 est une année record dans l'Hexagone pour les orages, et de nombreux modèles prédisent une hausse des événements climatiques extrêmes dans les années à venir. Mieux observer la météo au jour le jour pour mieux comprendre l'évolution du climat continental et global, et mieux gérer les modèles à venir, cela fait partie de la feuille de route d'EUMETSAT et de l'ESA. MTG-I1 est une brique indispensable de cet édifice ! Le premier satellite MTG-S est pour sa part attendu en 2024. Et d'ici là, les capacités se seront aussi améliorées en orbite basse…
Source : ESA