Maison connectée : vers des systèmes de plus en plus compatibles entre eux

Audrey Oeillet
Publié le 12 janvier 2015 à 11h55
Si les grandes marques et entreprises plus modestes sont nombreuses à proposer des objets connectés destinés à la maison, ces solutions de domotique souffrent encore d'un manque flagrant d'interopérabilité. Une situation qui change doucement, mais sûrement.

Le marché de la maison connectée, ou « smart home », est aujourd'hui tellement important que le Consumer Electronics Show de Las Vegas lui consacre une partie conséquente de son immense hall dédié à l'innovation. Des centaines d'entreprises y présentaient cette année leurs produits et solutions complètes en matière de maison connectée : une appellation bien plus prisée que le terme « domotique », qui laisse de côté la dimension la plus importante, à savoir, la possibilité d'accéder aux informations de son domicile, où que l'on soit.

Smart Home à toutes les sauces

La maison connectée est une thématique récurrente depuis plusieurs années chez la plupart des grandes entreprises, qui n'hésitent pas à mettre en scène leur vision de la maison de demain. Si Sony l'avait déjà fait à l'IFA 2014, en présentant son projet Life Space UX, cette fois c'est Samsung qui a mis en scène son stand pour présenter ses ambitions en la matière pour les prochaines années.


Samsung, Sony, Panasonic, LG... la majorité des grands constructeurs historiques s'illustrent désormais dans le secteur du fameux « Internet des objets », cet environnement de plus en plus présent où l'ordinateur est bien loin d'être le seul appareil relié au réseau. En marge, on ne compte plus le nombre d'entreprises qui s'essaient à cette démarche en visant la maison : des acteurs spécialisés en domotique, comme le français MyFox, sont évidemment présents. Mais on trouve aussi des entreprises qu'on connait davantage sur le secteur de la téléphonie ou des tablettes, à l'instar d'Archos, qui propose depuis 2014 sa propre solution de domotique connectée, le tout à un tarif abordable.

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Car l'un des points saillants souvent mis en avant par ces entreprises, c'est le prix et l'accessibilité des appareils. Chez MyFox, notamment, on n'hésite pas à mettre en avant le côté « participatif » du système d'alarme, qu'il est possible de relier au smartphone d'une personne de confiance - voisin, membre de la famille... - pour que cette dernière soit alertée en cas d'intrusion. MyFoxAround permet même d'envoyer un signal radio à une box « amie » en cas de panne de Wi-Fi. « Il n'y a pas d'abonnement onéreux à payer à une centrale de sécurité, qui arrivera probablement trop tard » nous explique Jean-Marc Prunet, le président de MyFox. « Aujourd'hui, les gens ne veulent pas payer d'abonnement, et il existe des solutions comme la nôtre pour s'en passer. »


Il existe également des solutions bien moins « lourdes », qui répondent à des besoins spécifiques, notamment la vidéosurveillance, sans avoir à s'équiper d'une box ou de caméras onéreuses. L'IFA avait été l'occasion de découvrir la caméra Home de Withings, présente une nouvelle fois au CES avec une interface mobile et tablette plus développée. Cette caméra au look de pot de fleur ne se limite pas à de la vidéosurveillance, puisqu'elle intègre des capteurs d'humidité, de température ou encore d'éléments chimiques dans l'air.

Du côté de Netatmo, une autre entreprise française, c'est une caméra dotée d'un système de reconnaissance faciale qui est mise en avant. Nommée Welcome, elle peut enregistrer des données sur les allées et venues des gens dans un domicile, et alerter son propriétaire en cas de présence d'une personne inconnue.


Autant d'appareils et de solutions avec leurs atouts et leurs fonctions spécifiques, qui peuvent séduire de nombreux foyers plus ou moins technophiles. Mais une question subsiste cependant : comment utiliser plusieurs de ces appareils en même temps, sans se compliquer la vie ? La réponse est aujourd'hui très nuancée.

Un jour, l'interopérabilité viendra...

L'un des problèmes les plus présents sur le marché de la maison connectée, c'est le manque encore important d'interopérabilité entre les produits proposés par les différentes marques. On peut résumer le souci très simplement avec l'expression « chacun fait à sa sauce ». Résultat : chaque système se ferme sur lui-même, et les produits de A sont rarement compatibles avec ceux de B.

Mais la situation change progressivement. Lors du CES, certaines firmes ont créé la surprise, en annonçant leur intention d'ouvrir leur système vers d'autres marques partenaires : c'est le cas de Samsung, qui a fait preuve d'une initiative assez inattendue. Le constructeur coréen estime que 90% de ses appareils seront connectés en 2017 : il est donc plus productif pour lui d'opter pour un système ouvert, qui séduira potentiellement davantage de consommateurs.

Archos, également, va, en 2015, ouvrir son système Smart Home aux produits d'autres marques fonctionnant par ondes radio en 433 Mhz, en complément de ses produits fonctionnant en Bluetooth Low Energy. Des produits de marques comme Somfi, Blyss, Conrad... peuvent être contrôlés par le biais de la tablette Archos Smart Home, qui sera vendue seule dans les prochains mois.


Dans une autre optique, le français Sen.se, qui commercialise l'objet connecté Mother depuis l'année dernière, a profité du CES pour annoncer la mise à disposition prochaine d'un kit de développement. Ce kit permettra aux entreprises et développeurs tiers de proposer de nouveaux usages pour l'appareil. Il s'agit d'une manière différente d'ouvrir l'écosystème de Mother, mais c'est une étape importante et essentielle pour développer les fonctionnalités du produit. « 2014 a montré qu'on pouvait faire beaucoup avec un seul capteur, nous étions dans l'âge de la versatilité. 2015 marque pour nous l'âge de la créativité » a déclaré Rafi Haladjian, cofondateur de Sen.se.

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Un consortium pour les gouverner tous ?

S'ouvrir à d'autres horizons est une bonne chose, mais cela n'empêche pas pour autant un marché fractionné. La solution serait de rassembler tous les acteurs du secteur de l'Internet des objets sous une même bannière : pour l'utilisateur, les avantages sont importants puisque cela signifie que tous les produits achetés auprès de différentes marques peuvent être contrôlés à l'aide d'une même interface, sur son ordinateur, son smartphone ou sa tablette. On en est bien loin aujourd'hui.

C'est l'une des principales ambitions de la ZigBee Alliance, un consortium oeuvrant depuis 2002 pour organiser une interopérabilité entre les produits de multiples constructeurs, à travers le protocole ZigBee.

La ZigBee Alliance compte aujourd'hui plusieurs centaines d'entreprises membres, parmi lesquelles des grands noms du secteur - LG, Belkin, Legrand, Samsung, Panasonic... - mais ce n'est pas le seul consortium existant qui cherche à unifier l'Internet des objets. Au sein du Consumer Electronics Show, le stand de ZigBee était d'ailleurs installé à côté de celui d'AllSeen Alliance, qui se présente comme « la plus grande initiative Open Source pour le développement de l'Internet des objets ». On y compte actuellement une centaine de membres, parmi lesquels Sony, Electrolux ou encore Microsoft.

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« Il existe plusieurs alliances, c'est inévitable compte tenu du poids du marché » estime Elly Schietse, responsable qualité au sein de l'entreprise belge Green Peak, qui fournit des puces de communication sans fil à ZigBee. « ZigBee se démarque des autres par sa longévité et le nombre de ses membres. En dix ans, le protocole s'est affiné et les compétences sont là. » Sur le salon, certaines marques ont annoncé leur adhésion à ZigBee : Philips, notamment, rendra sa gamme d'ampoules connectées Hue compatibles avec ZigBee 3.0 en 2015.

Petit à petit, le marché de la maison connectée s'étoffe et s'unifie. Mais tout est une affaire de patience, ce qui n'est pas forcément de mise avec la déferlante d'objets, souvent tentants, qui déferlent dans les rayons des magasins. 2015 s'annonce comme un bon cru, mais mieux vaut être préparé à étudier les produits scrupuleusement, avant de passer à la caisse.
Audrey Oeillet
Par Audrey Oeillet

Journaliste mais geekette avant tout, je m'intéresse aussi bien à la dernière tablette innovante qu'aux réseaux sociaux, aux offres mobiles, aux périphériques gamers ou encore aux livres électroniques, sans oublier les gadgets et autres actualités insolites liées à l'univers du hi-tech. Et comme il n'y a pas que les z'Internets dans la vie, j'aime aussi les jeux vidéo, les comics, la littérature SF, les séries télé et les chats. Et les poneys, évidemment.

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