L'administration de Barack Obama travaille actuellement sur un concept de déploiement d'un Internet « fantôme », destiné à aider les dissidents des pays pratiquant la censure à contourner les filtres mis en place pour continuer d'accéder au Web, mais également aux autres réseaux de télécommunications.
Présenté par le New York Times, ce projet se résume assez bien par son nom : « Internet dans une valise ». Le système développé se veut en effet suffisamment compact pour être transporté facilement et être rapidement déployé. Dans la valise, on trouve entre autres des antennes-relai sans fil avec amplificateur de signal, un ordinateur permettant de paramétrer le réseau ou encore des logiciels de chiffrement. L'objectif : créer un réseau maillé destiné à transformer des appareils comme des téléphones portables ou des ordinateurs personnels en point d'accès à un réseau décentralisé. Le réseau forme ainsi un « filet » qui permet de contourner le réseau officiel dans les pays où il est bridé.
Le gouvernement Obama a confié la conception de cette valise à quatre jeunes entrepreneurs atypiques, comme l'explique le NYT dans son article très détaillé : parmi eux, un ancien hacker, un programmeur autodidacte, un spécialiste de la protection des secrets numériques, et un diplomé de psychologie ayant contribué à la mise en place de réseaux de communication dans des lieux mal desservis aux USA. Le quatuor a bénéficié d'un budget de 2 millions de dollars pour mener le projet qui, selon un porte-parole de l'American International Security Assistance Force (ISAF), est réalisé en collaboration avec le gouvernement afghan afin de « restaurer l'accès au réseau cellulaire, 24h/24 et 7j/7 ». Ce dernier a néanmoins précisé que « le programme n'est pas pleinement opérationnel » et qu'il serait « prématuré d'entrer dans les détails ».
Le projet « Internet dans une valise » entre totalement dans le cadre de la « Stratégie internationale pour le cyberespace » dévoilée par la secrétaire d'Etat Hilary Clinton en mai dernier : dans ce document de 30 pages, l'administration Obama expose sa volonté d'aider les pays où la censure fait rage à la contourner, au nom de la liberté d'expression. Selon des chiffres avancés par le New York Times, le département d'Etat et le Pentagone auront dépensé 70 millions de dollars dans cette optique, fin 2011.