Selon une étude très sérieuse de la revue Science, les internautes s'adaptent d'ores et déjà à une nouvelle forme de mémoire liée au cyberespace. Après avoir observé les réactions d'un groupe de volontaires, Betsy Sparrow et son équipe sont arrivées à des conclusions surprenantes.
Premier dispositif, les participants devaient écrire sur un ordinateur plusieurs phrases insolites comme par exemple « l'oeil d'une autruche est plus gros que son cerveau ». Il a ensuite été dit à une moitié du groupe que les informations seraient sauvegardées et à l'autre qu'elles seraient effacées. Résultat de l'expérience, les individus croyant que le fichier était sauvegardé se rappellent moins souvent du contenu tapé alors que les autres avaient tendance à s'en souvenir. On constate alors un rôle central laissé à l'ordinateur en tant que mémoire auxiliaire.
Autre exercice relaté dans la revue Science, les scientifiques posaient la question suivante : « quels sont les pays avec une seule couleur sur leur drapeau ? » L'idée étant de vérifier quel était le réflexe premier, penser aux drapeaux ou rechercher en ligne directement. Pour réussir ce test, il fallait non seulement retenir l'information recherchée (la phrase tapée sur un moteur de recherche) et dans quel dossier parmi les 5 proposés étaient stockés les résultats. A la surprise générale, les candidats retiennent majoritairement le dossier où est enregistrée la réponse plutôt que l'information recherchée (les drapeaux des pays).
Nous préférerions donc nous souvenir de la requête faite au moteur de recherche plutôt que son résultat car il est possible de le retrouver à tout moment. Ce type de mémoire est connu sous le nom de mémoire transactive, c'est à dire que nous préférons consulter un proche ou ici un ordinateur plutôt que retenir nous-même une information donnée. En conclusion, l'étude envisage Internet comme un stockage externe à notre connaissance auquel notre mémoire d'internaute se serait déjà adapté. Serait-ce un pas supplémentaire vers la fameuse interface homme-machine tant fantasmée par les auteurs de science-fiction ?