Sans doute échaudée par les révélations selon lesquelles son propre téléphone portable aurait été espionné dans le cadre des écoutes menées par la NSA, la chancelière allemande a bien l'intention de remettre sur la table la question de la protection des données personnelles sur Internet au niveau européen. Dans son podcast hebdomadaire, publié samedi, Angela Merkel affirme qu'elle abordera la question avec François Hollande lors de sa venue prochaine à Paris, mercredi 19 février.
Dans son allocution, elle appelle tout particulièrement à la mise en place d'un cadre européen uniforme relatif à la protection des données personnelles, visant à défendre les internautes des atteintes susceptibles d'intervenir par l'intermédiaire de services tels que Facebook ou Google - nommément cités, dépendant de pays où le traitement de la vie privée ne bénéficie pas de garde-fous élevés.
Au delà de ce régime de protection harmonisé, Angela Merkel évoque la création d'un réseau borné au niveau de l'Europe, capable de garantir que les données échangées par les internautes ne circulent pas vers d'autres continents, à commencer par les Etats-Unis. « Surtout, nous allons aborder la question de fournisseurs d'accès européens offrant une sécurité à nos citoyens, afin que personne n'ait à envoyer des courriels et d'autres informations de l'autre côté de l'Atlantique. Il serait préférable de créer un réseau de communication à l'intérieur même de l'Europe », indique ainsi la chancelière selon la traduction réalisée par Reuters.
En octobre dernier, Angela Merkel défendait déjà l'idée du développement, en Europe, de technologies, matérielles et logicielles, soulignant que « assurer un niveau allemand de protection des données est toujours plus difficile quand ces données sont transportées par des entreprises étrangères avec des technologies non européennes » et prônant la mise en place d'initiatives visant à « surmonter notre dépendance face aux Américains et aux Chinois ».
L'idée d'un Internet européen est-elle réaliste, sur la base d'un réseau par essence décentralisé ? Elle est en tous les cas défendue par l'opérateur Deutsche Telekom (détenu à 32% par l'état allemand), qui se dit en mesure de développer les technologies nécessaires à la création d'un « espace Schengen des données ». Celui-ci permettrait d'établir des échanges électroniques circonscrits à 26 pays de l'espace Schengen (le Royaume Uni étant exclu du fait de sa proximité avec les Etats-Unis).
Un porte-parole de l'Elysée a pour sa part confirmé à Reuters que « le traitement des données personnelles, la régulation des plateformes dominantes américaines et les programmes technologiques dont l'Europe a besoin » faisaient bien partie de l'ordre du jour du prochain conseil franco-allemand.