Angela Merkel espionnée par la NSA : Berlin s’agace

Ludwig Gallet
Publié le 24 octobre 2013 à 15h41
Le portable de la chancelière allemande Angela Merkel aurait été surveillé par la NSA, fait savoir Der Spiegel. Berlin évoque un « abus de confiance » tandis que Washington nie en bloc.

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Trois jours après que Le Monde a publié ses informations exclusives concernant l'espionnage massif de la France, voilà qu'un autre scandale ébranle l'Allemagne. Car l'hebdomadaire Der Spiegel assure que les agences de renseignements américaines surveilleraient le mobile de la Chancelière Angela Merkel.

Der Spiegel fait savoir que ces pratiques dureraient depuis plusieurs années. Les révélations de cette semaine viennent compléter les premiers renseignements obtenus cet été à propos d'un important dispositif d'espionnage visant les organes officiels de l'Union européenne ainsi que des gouvernements nationaux.

Surtout, ces accusations arrivent alors que l'Union européenne se penche de façon concrète sur la protection des données. Lundi soir, la commission LIBE du Parlement européen adoptait son projet de règlement sur le sujet. Un texte qui n'est pas destiné à répondre directement au cas de l'espionnage par les agences de renseignements, puisque les élus européens s'y attellent depuis trois ans maintenant. Ce texte porte davantage sur la protection des données utilisées dans un cadre commercial, même s'il pourrait avoir une incidence sur les requêtes gouvernementales réalisées par les autorités auprès des firmes.

Mais encore, le Conseil européen, qui s'est réuni ce jeudi, consacrera une partie des discussions au numérique, qu'il s'agisse du débat sur la fiscalité des firmes ou de la protection des données.

L'Allemagne demande des comptes

Les réactions n'ont en tous les cas pas tardé de l'autre côté du Rhin. Dans un communiqué, la chancellerie fait savoir qu'Angela Merkel s'est entretenue mercredi avec le président Barack Obama. Elle lui a fait savoir que de telles pratiques, si elles étaient avérées, seraient inacceptables, « un abus de confiance » alors que les deux pays sont partenaires.

Le communiqué précise que des représentants des deux pays ont lancé une série de discussions afin de clarifier les pratiques américaines, qui devraient se poursuivre à l'avenir. François Hollande se place globalement dans un schéma semblable, en appelant à une coopération bilatérale entre les agences de renseignements américaines et françaises, pour mieux encadrer les pratiques américaines. La diplomatie française a également réclamé l'accès à l'ensemble des documents détenus par Edward Snowden.

De son côté, Washington nie en bloc, assurant que le mobile d'Angela Merkel n'est pas et ne sera pas espionné à l'avenir. La Maison-Blanche, comme le relève Le Monde, laisse ainsi planer un doute quant aux pratiques opérées par le passé.

Dès l'éclatement de l'affaire Prism, l'Allemagne était monté au créneau pour obtenir davantage de renseignements concernant l'espionnage de la NSA. Angela Merkel avait à l'époque reçu à Berlin Barack Obama, ce dernier assurant à l'époque que les États-Unis ne fouinaient pas dans les e-mails des citoyens américains et européens. Il avait encore garanti que le programme d'espionnage Prism était « limité et circonscrit », tout en ayant permis de déjouer une cinquantaine d'attentats. Toutes ces déclarations ont depuis largement été ébranlées par les révélations d'Edward Snowden.

Le 19 août dernier, Angela Merkel s'était positionnée en faveur de l'indépendance européenne en matière de données, pour s'affranchir de la dépendance américaine. Reste à savoir si le Conseil européen ira dans ce sens.
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