L'étude démontre aussi qu'il ne faut pas se laisser berner par l'apparente innocence des memes et des rires qu'ils provoquent : ils sont là, disent les chercheurs, pour militariser l'information et manipuler l'opinion.
#knowyourmemes
Ils agrémentent les conversations, mais gardons nous de les prendre à la légère : les memes, une affaire sérieuse. C'est la conclusion d'une étude menée par 7 chercheurs pendant un an et financée par l'UE sur quatre des foyers les plus actifs de la culture web : Twitter, Reddit, le thread /pol/ de 4chan et Gab.Ces quatre sites sont très différents les uns des autres : Twitter est le plus grand public et le plus policé, quand 4chan et Gab laissent libre cours aux trolls et aux contenus politiquement incorrects. Reddit fait office d'intermédiaire entre les trois précédents. Sur chaque site, les chercheurs ont compilé plusieurs centaines de millions d'images, qu'ils ont ensuite classées en famille et hiérarchisées.
Trump superstar
Le meme le plus souvent publié sur twitter est, logiquement, plutôt inoffensif : il s'agit du Roll Safe, montrant le visage d'un jeune noir, index sur la tempe, arborant un air malin, que l'on dégaine pour les conseils de génie. Sur Gab et 4chan, les memes vedettes sont Pepe the Frog (plébiscité par l'Alt-Right américaine, 10% des memes sur 4chan) et l'ostensiblement antisémite Happy Merchant.Surreprésentés sur 4chan et Gab, les memes les plus racistes sortent rarement des recoins. Mais ces deux sites sont souvent l'origine de memes populaires qui se propagent ensuite au reste d'Internet. La figure centrale des memes produits en ce moment est incontestablement Donald Trump, n°1 sur les 4 plateformes. La suite du classement diverge selon les plateformes : quand 4chan met Hitler en 2ème position et Mike Pence en 3ème, Twitter place Barack Obama derrière Donald Trump, et devant Chelsea Manning. On note la domination des figures politiques. Ce qui devrait nous alerter, estiment les chercheurs, sur le but des memes : loin d'être neutres, ils exploitent l'arme du rire et militarisent l'information, le plus souvent à des fins de manipulation.