Alors que l'ex-PDG de Yahoo! Carol Bartz s'efforçait de peaufiner les relations avec Mark Zuckerberg pour embarquer diverses fonctionnalités de Facebook au sein de Y!Mail, Y!News ou Y!Messenger, son remplaçant Scott Thompson voit les choses sous un autre angle. « Yahoo a la responsabilité de ses actionnaires, de ses employés et d'autres parties prenantes afin de protéger sa propriété intellectuelle », avait-il ainsi fait savoir le mois dernier.
Après avoir tenté de négocier sur l'usage de plusieurs brevets, la firme de Sunnyvale a finalement décidé de déposer une plainte pour violation de propriété intellectuelle et amorce alors le plus gros procès en vue entre deux acteurs du web social. Dans son dossier, le plaignant explique qu'avant d'adopter ces diverses technologies relatives au web communautaire en 2008, « Facebook était considéré comme l'un des sites Internet les moins performants en terme de revenus publicitaires ». Et d'ajouter : « en majorité, les technologies sur lesquelles repose Facebook ont été initialement conçues par Yahoo! ».
Autrement dit, le succès du réseau serait étroitement lié aux brevets détenus par Yahoo! Cependant, suffit-il d'avoir été le premier à revendiquer une idée ? C'est ce que devra déterminer ce procès. Malgré les efforts de son département R&D, Yahoo! n'a effectivement jamais su imposer son propre réseau social, qu'il s'agisse de Y! 360, Y! Kickstart ou encore Y! Pulse. Finalement c'est vers Facebook que les internautes se sont tournés. En décembre 2010, Facebook a détrôné Yahoo! en devenant le troisième site de la Toile derrière les portails de Google et Microsoft. Rappelons par ailleurs que l'année dernière Yahoo avait cédé à Facebook sa première place pour la vente d'espaces publicitaires en ligne.
Ces actions en justice surviennent quelques semaines après que Facebook a manifesté son intérêt de rentrer en bourse auprès de la SEC, l'organisme fédéral américain de réglementation et de contrôle des marchés financiers. En 2004, Yahoo! avait suivi une stratégie similaire contre Google peu avant son IPO.
Le magazine PaidContent a entrepris de rassembler ces propriétés intellectuelles, lesquelles décrivent :
- une station de musique dont la liste de lecture est générée à partir des chansons écoutées par ses amis ;
- un mécanisme pour partager du contenu avec des personnes sélectionnées dans une liste ;
- une page d'accueil personnalisée ;
- l'envoi d'un message à l'un de ses amis ;
- l'envoi d'un message instantané ;
- une bannière publicitaire sur une page web en fonction des activités passées d'un utilisateur ;
- l'analyse des communications entre deux utilisateurs pour mieux discerner le spam ;
- le chargement des photos de ses amis après identification sur le réseau.
Facebook se dit surpris de ce dépôt de plainte et prêt à défendre ses intérêts en justice.