L'association autrichienne Europe vs Facebook souligne que le célèbre réseau social n'a pas tenu ses engagements auprès de la Data Protection Commissioner (DPC) irlandaise, qui lui avait imposé des modifications dans ses paramètres de confidentialité à réaliser au plus tard le 31 mars. L'association appelle les internautes à déposer plainte auprès de la commission européenne.
Max Schrems, étudiant autrichien parti en guerre contre Facebook l'année dernière, n'est pas du tout enclin à laisser le réseau social tranquille, bien au contraire. Son association Europe versus Facebook était à l'origine des 22 plaintes déposées auprès de la DPC, évoquant notamment la création de « profils fantômes » de personnes non-inscrites sur le site. Face à cela, l'autorité chargée de la protection des données en Irlande, lieu où se trouve le siège européen de Facebook, avait demandé au site d'effectuer des modifications dans ses paramètres de confidentialité et autres conditions d'utilisation.
Problème : la date limite pour ces changements était fixée au 31 mars et, la date passée, Facebook n'a pas tenu ses engagements. « De nombreux problèmes devaient être réglés avant le 31 mars 2012. Il s'agissait entre autres de la date à laquelle Facebook devait avoir revu sa politique de confidentialité mondiale pour être en accord avec les lois européennes, mais rien ne s'est passé » explique le site de l'association.
Max Schrems pointe du doigt l'inaction de la DPC, qui n'a pas cherché à mettre la pression sur Facebook pour que les mesures soient appliquées. L'organisme espère désormais trouver une solution avec le réseau social d'ici à la fin du mois d'avril, mais n'envisage pas de sanction ou de pénalité d'aucune sorte. De son côté, Facebook estime le délai suffisant pour réaliser les modifications : on peut imaginer que la polémique récente liée à la modification de sa déclaration des droits et responsabilités a potentiellement pu retarder son calendrier.
« Nous nous tournons vers Bruxelles »
Néanmoins, pour Europe versus Facebook, le problème ne date pas d'hier et la DPC irlandaise serait laxiste depuis un moment, notamment en ne « traitant pas les plaintes dont elle est saisie concernant les demandes d'accès aux données de Facebook ». Pour rappel, c'était Max Schrems lui-même qui avait lancé le mouvement visant à pousser les utilisateurs de Facebook à demander l'accès aux données Facebook les concernant. Vite débordé par la demande, Facebook n'avait pu répondre favorablement à tous dans le délai imparti de 40 jours : le réseau social avait ainsi obtenu une rallonge du délai par le DCP, qui l'a exempté de tout envoi de données jusqu'à juillet 2012. Selon Schrems, 40 000 demandes d'utilisateurs seraient actuellement en suspens.
Par ailleurs, dans tous les cas de figure, Facebook n'est pas tenu de fournir toutes les informations qui les concernent aux utilisateurs de ses services. En effet, le réseau social stocke 84 catégories de données au total, mais la DCP n'oblige Facebook qu'à en fournir 39 dans sa méthode « postale » - actuellement à l'arrêt. Facebook propose quant à lui en téléchargement un fichier contenant seulement 22 catégories de données.
L'association appelle donc les internautes à déposer plainte auprès de la commission européenne, pour plusieurs raisons : d'une part, réclamer l'accès à la totalité des données et, d'autre part, mettre un peu plus de pression sur la Data Protection Commissioner irlandaise. L'association a mis en ligne un tutoriel permettant de réaliser cette démarche, qui implique également de déposer plainte auprès de la DPC.
Mise à jour : un porte-parole de Facebook France nous a contacté pour nous donner la déclaration officielle du réseau social : « Facebook assure de sa collaboration pour progresser sur l'ensemble des engagements pris lors de l'audit réalisé par l'autorité irlandaise à la protection des données (Irish DPA). Avec l'administration du bureau des commissaires à la protection des données de l'autorité, en charge de superviser le travail que nous effectuons, nous avons mis en place un lien d'échange d'informations sur nos avancées. Nous lui avons récemment signalé la mise en place d'un certain nombres de ses recommandations, avant même les échéances prévues et nous envisageons de répondre à l'ensemble des demandes formulées du 1er trimestre dans les prochaines semaines. »