La réclame est devenue la manne financière de Facebook, qui s'impose aujourd'hui comme le deuxième acteur de la publicité en ligne sur le marché américain, derrière Google. Le réseau social, qui mise sur sa connaissance des internautes pour proposer aux annonceurs des dispositifs ciblés, souffre sans surprise du phénomène Adblock sur le trafic PC. Il a annoncé mardi qu'il s'apprêtait à contourner les bloqueurs de publicité sur cet écran.
Facebook part du constat selon lequel les gens installent le plus souvent un bloqueur pour mettre fin à des publicités jugées dérangeantes. « Nous avons pensé nos formats publicitaires, la performance et les contrôles associés pour répondre aux raisons qui font que les gens activent un bloqueur », indique-t-il ensuite dans un communiqué. « Dans la mesure où nous offrons aux gens des contrôles toujours plus poussés, nous allons commencer à afficher des publicités sur la version fixe de Facebook à ceux qui utilisent un bloqueur ».
Un onglet des réglages Facebook permet de paramétrer ses préférences en matière de publicité, mais pas de les supprimer
Dans ce même communiqué, Facebook annonce effectivement la mise en place de nouvelles options au niveau du contrôle de l'affichage des publicités. Ceux-ci permettent à l'utilisateur de choisir de ne plus voir de pavés associés à telle ou telle famille de produits qui ne l'intéresserait pas, mais aussi de supprimer les réclames qui émaneraient d'une société dont il a été client et qui exploiterait cette information pour le cibler sur le réseau social. La manoeuvre n'a rien d'anodine, puisqu'en proposant à l'internaute de se débarrasser des publicités qui l'ennuient, la régie publicitaire de Facebook augmente ses chances d'afficher des offres qui déclencheront son clic - et donc son efficacité.
Le modèle économique d'Adblock Plus en question
Sur le sujet du contournement des bloqueurs, Facebook attaque ouvertement - mais sans la nommer - Eyeo, la société qui édite le fameux Adblock Plus (ABP) et son modèle économique. Celle-ci propose en effet aux éditeurs un programme dit « Publicité acceptable » qui permet de laisser passer certains types d'affichages en échange d'une contrepartie financière.« Plutôt que de payer une société pour débloquer les publicités que nous affichons - comme certaines d'entre elles nous ont invité à le faire par le passé - nous plaçons le contrôle entre les mains de l'utilisateur », estime Facebook, tout en soulignant que le modèle ABP risque de se révéler source de confusion pour les internautes, et de tarir les services et médias en ligne gratuits.
L'éditeur d'Adblock n'a pas manqué de rétorquer. « Facebook reconnaît apparemment que les utilisateurs ont de bonnes raisons d'utilsier un bloqueur de publicités... mais même ainsi ces utilisateurs ne devraient pas avoir la possibilité de décider eux-mêmes ce qu'ils souhaitent bloquer ? », interroge Ben Williams, l'un des responsables d'Eyeo. La réponse - pas si triviale - est actuellement étudiée par la justice allemande, saisie par le groupe Axel Springer.