Le réseau social le plus puissant au monde a annoncé avoir supprimé plusieurs dizaines de comptes, pages et groupes qui auraient eu des activités « inauthentiques » liées à la Russie.
Facebook ne tolère pas être trompé, et a voulu le faire savoir. Jeudi 17 janvier 2019, le réseau social a révélé avoir identifié deux opérations d'envergure et a annoncé avoir procédé à la suppression de 289 pages et 75 comptes liés à des salariés de l'agence de presse moscovite Sputnik. La société de Mark Zuckerberg dénonce à leur sujet « un comportement inauthentique coordonné sur Facebook et Instagram ».
Des salariés de Sputnik cachaient leur véritable identité
Au travers de ces deux opérations, qui provenaient de Russie, les salariés de Sputnik relayaient des articles et des vidéos de l'agence tout en cachant qui ils étaient et ce qu'ils faisaient précisément, pour induire en erreur le public. « Les responsables de cette activité se sont coordonnés et ont utilisé de faux comptes pour se présenter sous un faux jour », déclare Facebook, qui n'entendait pas laisser passer cette tromperie.Cette vaste campagne de promotion couvrait un large territoire (pays baltes, Asie centrale, Caucase, Europe centrale et orientale) et treize pays (Roumanie, Lettonie, Estonie, Lituanie, Arménie, Azerbaïdjan, Géorgie, Tadjikistan, Ouzbékistan, Kazakhstan, Moldavie, Russie et Kirghizistan).
Une tromperie qui dure depuis 2013
Les gestionnaires des comptes Facebook accusés se faisaient passer pour des pages d'informations indépendantes ou d'intérêt général sur des sujets variés comme la météo, les voyages, le sport, l'économie ou la politique. Et ils en profitaient pour renforcer le sentiment anti-OTAN et publier sur les mouvements de protestation et de lutte anti-corruption.Facebook annonce que près de 800 000 utilisateurs suivaient une ou plusieurs de ces pages, sans parler du nombre total de personnes touchées avec les partages de publication, qui serait donc encore plus important.
Les acteurs à la tête des opérations ont dépensé environ 135 000 dollars en publicité sur le réseau social, parfois payés en euros, en roubles ou en dollars américains. La première publicité fut diffusée en octobre 2013, et la dernière remonte à janvier 2019. La diffusion cachée de contenus souvent viraux s'est donc étalée sur plus de cinq années.
Des dizaines de comptes aussi supprimés en Ukraine
En Ukraine, deuxième pays depuis lequel étaient menées les opérations, 26 pages, 77 comptes, 4 groupes Facebook et 41 comptes Instagram ont été supprimés, selon la société californienne. Près de 200 000 habitants du pays voisin de la Russie suivaient une ou plusieurs de ces pages. Là encore, les contenus ont été boostés grâce à la publicité, avec un investissement mesuré à 25 000 dollars par le réseau social.Avec les élections européennes de cette année, Facebook compte renforcer sa sécurité, sa veille et sa lutte contre la désinformation pour permettre un scrutin le plus juste possible. Gageons que cela soit possible.