En ce début d'année, le « 10 Year Challenge » connaît un véritable succès. Certains observateurs se sont demandé s'il ne s'agissait pas en réalité d'un défi orchestré par Facebook, pour entraîner ses algorithmes de reconnaissance faciale. Alerte paranoïa ?
Vous l'avez sans doute vu passer, sur Facebook, Twitter ou Instagram. Le « 10 Year Challenge » est un défi simple, qui consiste à poster deux photos de soi à dix ans d'écart, pour prouver son évolution. Mais ce petit divertissement ne serait-il pas le fruit d'un complot manigancé par Mark Zuckerberg ?
Une série de photos permettant d'alimenter l'intelligence artificielle ?
C'est en somme la thèse défendue (bien que légèrement caricaturée) par l'écrivaine Kate O'Neill, dans un article publié sur le site de Wired. D'après elle, ce challenge paraît inoffensif, mais il pourrait servir à entraîner les algorithmes de machine learning de Facebook, dédiés à la reconnaissance faciale.Le réseau social disposerait ainsi d'une grande quantité de photos, précisément datées, lui permettant d'identifier des individus et les effets de l'âge sur eux.
Facebook n'a pas besoin de votre concours pour vous connaître
En réponse, le site Intelligencer (appartenant au New York magazine) a mis en ligne un article battant en brèche cette théorie.Premièrement, son auteur indique que Facebook dispose déjà d'une grande base de photos datées, lui permettant, au besoin, d'entraîner ses algorithmes : il s'agit du site Facebook lui-même. Et si l'entreprise était à la recherche d'autres data sets à cet effet, elle pourrait en trouver des dizaines, aisément accessibles. Alors pourquoi le réseau nécessiterait d'autres images, n'apportant aucune précision supplémentaire ?
Mais surtout, Facebook, comme d'autres grands acteurs, n'a pas besoin de vous reconnaître physiquement pour ses opérations de marketing ciblées. La société possède déjà une quantité inouïe d'informations à votre sujet, et continue à en acquérir grâce à toutes vos interactions sur sa plateforme, mais aussi sur d'autres sites web, via des applications tierces. En postant deux photos de vous sur Facebook, vous n'apprenez rien au réseau social qu'il ne connaisse déjà.
Malgré tout, la théorie émise par Kate O'Neill est révélatrice de la défiance des utilisateurs envers les plateformes sociales. Elle invite d'ailleurs à la plus grande prudence, de façon générale, quant au partage de données sur Internet. Mais la vigilance individuelle suffit-elle à se protéger de l'exploitation de ses informations personnelles ?