Ce mardi, un groupe de 90 associations américaines de défense d'intérêts a rédigé une missive priant Amazon, Google et Microsoft, de ne pas vendre leurs technologies respectives de reconnaissance faciale au gouvernement.
Cette requête intervient alors que le site NetGov publiait début janvier un article pointant que le FBI utilisait depuis près d'un an le système de reconnaissance faciale d'Amazon, Rekognition, dans le cadre d'enquêtes et à des fins d'antiterrorisme.
« A la croisée des chemins »
« Nous sommes à la croisée des chemins avec l'identification faciale. Les décisions prises actuellement par ces compagnies vont déterminer si les personnes de la prochaine génération devront, ou non, se soucier d'être surveillées par le gouvernement pour avoir participé à une manifestation, pour s'être rendues dans un lieu de culte, ou tout simplement pour vivre leurs vies », note Nicole Ozer, responsable du suivi des libertés technologiques et civiles pour l'ACLU of California, l'une des association ayant participé à la rédaction de la lettre adressée à Amazon, Google et Microsoft.« L'Histoire nous a clairement appris que le gouvernement exploitera des technologies comme la reconnaissance faciale pour cibler des communautés ethniques, des minorités religieuses ou des immigrants », poursuit-elle.
Microsoft et Google cherchent à gagner du temps, qu'Amazon continuera de collaborer
Si les géants de la tech que sont Amazon, Google et Microsoft ont, les uns après les autres, reconnu les risques induits par les possibilités de détournement de leurs propres technologies de reconnaissance faciale, la politique des trois firmes en la matière varie sensiblement.Comme le rappelle The Verge, Google et Microsoft ont tout deux adopté des approches précautionneuses sur le sujet. Google indiquait ainsi en décembre dernier qu'il ne commercialiserait pas son système d'identification faciale tant que les failles permettant d'éventuels abus ne seraient pas entièrement comblées, tandis que Microsoft suggérait pour sa part que le Congrès américain se penche sérieusement sur la question en vue d'encadrer le secteur de lois adaptées. Des lois qui viseraient à protéger les citoyens en forçant, par exemple, les services de police à demander un mandat pour employer ponctuellement la reconnaissance faciale.
La démarche d'Amazon et de son patron, Jeff Bezos, est nettement moins timorée. Si l'intéressé a publiquement reconnu que des risques d'abus existaient bien sur le terrain de l'identification faciale, il n'a pas pour autant fait machine arrière dans son objectif de décrocher un contrat de 10 milliards de dollars avec le Pentagone, qui pourrait - si un accord définitif venait à être signé - utiliser le Cloud et la reconnaissance faciale d'Amazon dans les prochains mois. En outre, la collaboration d'Amazon avec le FBI devrait selon toute logique se poursuivre à l'avenir.