À la surprise d'absolument personne, Elon Musk n'a pas l'intention de se plier aux règles de l'Union européenne en matière de lutte contre la désinformation.
Mais le désormais ex P.-D.G. de Twitter aurait difficilement pu avoir un pire timing : il quitte le « code de bonnes pratiques en matière de désinformation » quelques mois à peine avant que, de volontaire, il devienne obligatoire pour les plateformes opérant dans l'Union européenne. Il reste donc à voir si ce n'est qu'un énième coup de bluff de sa part, ou si celui qui se plie aux demandes des régimes autoritaires refusera celles de l'UE.
Qu'est-ce que le code de bonnes pratiques en matière de désinformation ?
Créé seulement en 2018, ce code regroupe un certain nombre de règles et de bonnes pratiques, dont les plus importantes visent à empêcher la diffusion et surtout les moyens de financement de la haine en ligne. À noter également l'obligation de signaler les publicités politiques comme telles. Si celui-ci a été rédigé sous l'égide des institutions européennes, il n'a longtemps été qu'un vœu pieux : conçu partiellement par les entreprises qui devaient l'appliquer, sa signature tout comme son application réelle se faisaient de manière non contrainte.
Mais tout cela est sur le point de changer. Car à partir du 25 août prochain, ce code de conduite n'aura plus rien de volontaire. À cette date, une loi européenne entrera en vigueur et placera les géants du numérique et des nouvelles technologies sous une surveillance accrue. Les entreprises qui refuseraient de se plier à ces règles pourraient se voir infliger des amendes allant jusqu'à 6 % de leur chiffre d'affaires mondial. De quoi faire réfléchir, au hasard, celles qui perdent la moitié de leurs revenus publicitaires en un an.
En cas de récidive, la sanction pourrait être pire encore si l'on en croit Jean-Noël Barrot, le ministre français de la Transition numérique, pour qui Twitter s'exposerait alors tout simplement à une interdiction sur le sol européen.
La désinformation, poule aux œufs d'or du Twitter de Musk
Si Twitter venait finalement à rentrer dans le rang, ce ne serait pas, loin s'en faut, la première fois qu'Elon Musk revient sur l'une de ses déclarations. Mais le passé récent, à commencer par sa gestion du réseau social, a tout de même de quoi faire douter. Car après tout, qui peut bien être pour la désinformation ?
Sans aller jusque-là, il est certain que Musk n'y est pas opposé. Son amnistie générale pour les différents néonazis, complotistes, et autres escrocs de sa plateforme lors de son arrivée a défait le travail déjà critiquable que la précédente direction avait réalisé sur le sujet. Mais son chef-d'œuvre en la matière, c'est à n'en pas douter la création de Twitter Blue, qui loin de régler comme espéré les problèmes financiers de la plateforme, a apposé une étiquette de respectabilité à tous ceux qui font de la désinformation un métier – ou au moins un hobby.
Et ce n'est pas l'arrivée récente sur la plateforme de l'une des figures de la désinformation américaine – le polémiste pas assez présentable pour fox News Tucker Carlson – qui risque d'inverser la donne.
Sources : France Info, Commission européenne