© lumosajans / Shutterstock
© lumosajans / Shutterstock

De temps à autre, il arrive qu'Elon Musk tienne ses promesses.

Mais il ne faut pas être pressé. L'homme d'affaires avait promis en février dernier que les créateurs de contenu sur Twitter allaient toucher une partie de la rémunération des publicités qui s'affichent en réponse à leurs tweets. Il aura fallu attendre jeudi dernier pour que le compte officiel de Twitter annonce par surprise le début effectif du programme. Mais les influenceurs concernés ne sont encore qu'une poignée et, surtout, ont souvent des profils très similaires.

Les étranges critères de sélection

Le 3 février dernier, Elon Musk annonçait qu'« à partir d'aujourd'hui, Twitter partagera les revenus avec les créateurs pour les publicités qui s'affichent dans leurs réponses ». On espère que ceux-ci n'ont pas tout de suite quitté leur travail, car « aujourd'hui » aura tout de même duré plus de 5 mois.

Mais, de fait, jeudi 13 juillet, quelques dizaines de comptes ont partagé des captures d'écran de notifications qu'ils avaient reçues et qui indiquaient qu'ils allaient recevoir leur part de revenus publicitaires. Certains ont ainsi reçu jusqu'à 100 000 dollars, mais la période prise en compte pour le calcul de ces revenus n'est pas clairement indiquée.

Les règles de monétisation de Twitter indiquent que pour être membre du programme, il faut compter au minimum 5 millions de vues sur ses tweets au cours des 3 mois écoulés et, bien sûr, être abonné au programme Twitter Blue. Les utilisateurs théoriquement éligibles à ces conditions restent tout de même nombreux, mais seule une poignée d'entre eux ont reçu un paiement de la part de Twitter. Un compte Twitter Blue comptant plus de 300 000 abonnés a ainsi fait une demande à Twitter pour savoir pourquoi il n'était pas éligible, ce à quoi il lui a été répondu que la monétisation n'était pour l'instant disponible que pour les profils sélectionnés.

Ces profils n'ont pas fait de forcing en la matière, puisqu'ils étaient aussi surpris que les autres quand la nouvelle est tombée, mais ont tout de même des points communs. Le premier d'entre eux est qu'ils sont presque tous des influenceurs d'extrême droite, comme Ian Miles Cheong, Tim Pool, ou encore le compte @EndWokeness. Mais surtout, tous les comptes certifiés ont un lien direct avec Musk, ces trois exemples interagissant régulièrement avec le milliardaire. On compte également le youtubeur MrBeast, ouvertement fan de lui, ou plusieurs comptes qui relaient les infos de Tesla, à côté du créateur du Dogecoin.

Il est également intéressant de noter que parmi ces quelques profils rémunérés, plusieurs d'entre eux ne respectent même pas les politiques de contenu ou de monétisation de Twitter. C'est le cas de l'influenceur masculiniste Andrew Tate, rémunéré alors que son contenu consiste à décrire ses méthodes pour forcer des femmes à se prostituer, entre deux sorties misogynes. Les règles de Twitter disent pourtant clairement : « Vous ne pouvez pas monétiser du contenu qui décrit des comportements criminels comme […] le trafic d'êtres humains. »

© Twitter / Alexandre Schmid pour Clubic
© Twitter / Alexandre Schmid pour Clubic

Pourquoi Twitter fait-il cela ?

Une plateforme qui rémunère ses créateurs de contenu, ce n'est pas une nouveauté : cela fait longtemps que YouTube, Twitch ou Facebook partagent une partie de leurs revenus publicitaires avec leurs créateurs. L'objectif derrière cette manœuvre est de motiver ceux-ci à rester sur la plateforme et de leur donner les moyens d'en vivre, au moins partiellement. À un moment où la concurrence face à Twitter n'a jamais été aussi élevée, cela ne semble pas déraisonnable.

Mais puisque les créateurs de l'oiseau bleu ne sont rémunérés que par les publicités qui s'affichent dans leurs réponses, ils seront également incités à créer du contenu plus engageant. En d'autres termes, poster une opinion très clivante et qui ne fait pas l'unanimité en incitant les gens à répondre va devenir extrêmement rémunérateur. Cela ne va pas arranger l'ambiance sur la plateforme.

La vraie surprise, c'est que Twitter ait encore assez d'argent pour se permettre cela.

  • Instantané dans l'information
  • Messages courts
  • Hashtags, tendances, tweet et retweet
8 / 10