Le réseau social a pris l'État français à son propre piège en justifiant sa décision par la loi anti-fake news prise par le gouvernement il y a quelques mois. Cocasse.
Le tout nouveau Secrétaire d'État chargé du numérique, Cédric O, s'est félicité ce matin d'avoir obtenu de Twitter l'autorisation de diffusion de la campagne censée inciter les utilisateurs du réseau à aller voter aux prochaines élections européennes.
Réunion ce matin à Bercy. La démocratie a besoin de transparence et de règles. Je me réjouis que @TwitterFrance ait accepté d'autoriser la campagne du gouvernement. Nous devons continuer à travailler pour une pleine application de la loi sur la manipulation de l'information. pic.twitter.com/pHGAxDfLtE
— cedric_o (@cedric_o) 4 avril 2019
La veille le remplaçant de Mounir Madjoubi s'était indigné sur Twitter dénonçant un blocage inacceptable et son désir de recevoir les représentants du réseau social le plus rapidement possible.
C'est donc chose faite quand bien même la loi demandée par Emmanuel Macron et votée par la majoritée devait éviter les manipulations à visée politique. L'état, ici juge et partie, a donc tranché en expliquant qu'inciter à voter n'était pas orienté politiquement ; une position discutable mais totalement assumée par le nouveau secrétaire d'État.
Cela fait plus de 10 jours que Twitter a procédé au blocage d'une campagne publicitaire du gouvernement français visant à inciter les internautes à voter aux prochaines élections européennes du 26 mai prochain. Le réseau social au petit oiseau bleu indique avoir tout simplement appliqué les dispositions de la loi anti-fake news, relative à la lutte contre la manipulation de l'information, publiée au journal officiel le 23 décembre 2018.
Une campagne qui incitait au vote
Pour sensibiliser le public et notamment les jeunes électeurs à se déplacer dans les bureaux de vote le moi prochain, le gouvernement voulait diffuser une campagne de publicité intitulée « Oui, je vote », sous forme de tweets sponsorisés reprenant une vidéo publiée il y a plusieurs mois de cela. Cette vidéo, encore visible sur YouTube, est portée par le slogan : « En mai 2019, l'Europe changera. À vous de décider dans quel sens ».La loi anti-fake news impose aux grandes plateformes numériques comme Facebook, Google ou Twitter de fournir les informations sur les publicités politiques de façon à connaître le montant des annonces (et l'identité des émetteurs) diffusées dans un but électoral et pour éviter toute ingérence dans les campagnes et votes.
Un acte lobbyiste des géants du numérique avant le G7 porté sur les GAFA ?
Pour Christophe Castaner, il ne s'agirait pas d'une application stricte de la loi. Le ministre de l'Intérieur soutient que « la priorité de Twitter devrait être de combattre les contenus faisant l'apologie du terrorisme. Pas les campagnes incitant à s'inscrire sur les listes électorales d'une république démocratique. ». De là à y voir un coup de pression des géants du numérique avant le G7 des ministres de l'Intérieur ce jeudi à Paris, où les GAFA seront au centre des débats ? Chacun se fera son avis.La priorité de Twitter devrait être de combattre les contenus faisant l'apologie du terrorisme.
— Christophe Castaner (@CCastaner) 2 avril 2019
Pas les campagnes incitant à s'inscrire sur les listes électorales d'une république démocratique.
Ce sujet sera abordé jeudi avec les GAFA lors du G7 des ministres de l'Intérieur.
Comme l'un de ses ministres, le gouvernement a son avis. « Ce n'est pas que la loi se retourne contre nous, c'est un hébergeur qui ne s'y conforme pas. C'est selon nous un baroud d'honneur de leur part pour pouvoir remettre sur la table une discussion visant à aménager des dispositifs », dit-on du côté de l'État. L'opposition, La France insoumise et Le Rassemblement national en tête, avaient dénoncé cette campagne du gouvernement.