En 1998, outre la France qui remporte sa première Coupe du Monde, l'ado que vous étiez (et que j'étais), vivait une année vidéoludique assez exceptionnelle. Resident Evil 2, Gran Turismo, Metal Gear Solid, Zelda : Ocarina of Time, Spyro the Dragon, Half-Life, Sonic Adventure... autant de titres cultes lancés durant cette année résolument exceptionnelle. Sur PlayStation, cette même année, quelques joueurs ont également pu découvrir un certain MediEvil, exclusif à la console de Sony.
Un premier opus qui reste assez mémorable pour pas mal de (vieux) joueurs, notamment grâce à une ambiance assez unique et un Sir Daniel Fortesque toujours aussi charismatique, revenu d'entre les morts pour en finir avec l'infâme sorcier Zarok et ramener la paix à Gallowmere. Un épisode qui a été revisité une première fois sur PSP en 2005 (MediEvil Resurrection) et qui revient aujourd'hui sur PS4. Après les très bons remakes de Resident Evil 2, Crash Bandicoot, Shadow of the Colossus ou encore Spyro, que vaut cette version 2019 de MediEvil ?
MediEvil enfin dans le Hall des Héros ?
Autant le dire d'emblée, ce MediEvil cuvée 2019 est très loin d'être aussi abouti que le récent remake de Shadow of the Colossus pour citer un autre remake exclusif à la PS4. Si ce dernier avait profité de son passage sur PS4 pour être totalement revu, visuellement comme au niveau du gameplay, ce remake de MediEvil a souhaité conserver les mécaniques "de l'époque", avec toutefois des graphismes (heureusement) revus.
Le jeu est ainsi nettement plus agréable à l'oeil qu'à l'époque, mais on y retrouve les mêmes environnements un peu étriqués, le même système de caméra (on y reviendra plus bas...) et surtout cette même maniabilité ultra-rigide...
En effet, dès les premières minutes de jeu, difficile de ne pas tiquer face à cette maniabilité très lourde, un peu approximative parfois, mais il s'agit ici d'un choix délibéré de la part des développeurs, pour conserver le côté "old school" de MediEvil. Ah...
Acheter Medievil sur PS4
Un feeling très (trop...) "nineties"
Dans la pratique, ce MediEvil permet donc de contrôler Sir Daniel Fortesque, lequel pourra attaquer avec son propre bras, ou opter pour une épée, un marteau, sans oublier des objets de lancer. On peut également se protéger des attaques ennemies grâce à un bouclier, mais le plus gros challenge consistera encore et toujours à dompter la caméra pour espérer y voir clair dans les différentes aires de jeu peuplées de goules et de fantômes.
La prise en mains est plutôt simple globalement, mais il faudra s'habituer à des combats très rigides et des portions de plateformes assez particulières, avec en prime des sauts bien imprécis parfois, très "nineties" finalement. A cela s'ajoutent également quelques petits bugs de collision ou même d'IA, avec des ennemis qui se coincent par exemple dans les décors ou un Daniel Fortesque qui refuse de passer à travers une porte pourtant grande ouverte. Autant de défauts que l'on tolérait il y a 20 ans, mais qui ont bien du mal à passer inaperçus aujourd'hui...
Other Ocean, le studio à l'origine de se remake, n'a jamais caché sa volonté de se focaliser principalement sur l'aspect graphique de ce "nouveau" MediEvil. Le tout reste extrêmement fidèle au jeu originel, mais tout a été revisité visuellement parlant, et on retrouve même quelques petites nouveautés, notamment au niveau de la carte du monde ou du Hall des Héros. Selon les dires des développeurs : "au lieu de reproduire parfaitement le jeu de l'époque, on a recréé ce dont vous vous souvenez du jeu, ce que vous en avez retenu." Mouais...
MediEvil souffre (entre autres) de nombreux soucis de caméras...
En bref, si Capcom avait totalement revisité (avec brio) son Resident Evil 2 en début d'année, Other Ocean a de son côté tenu à proposer un remake (presque) 100% identique à la version d'origine... y compris au niveau des défauts d'antan.
Un remake... vieillot ?
Graphiquement, l'ensemble est donc plutôt agréable à l'oeil (notamment les effets de lumière et quelques environnements joliment travaillés), mais il ne faut pas s'attendre à une quelconque débauche d'effets visuels malgré tout. Le gap avec la version de 1998 est indéniable, mais on retrouve là aussi une construction "à l'ancienne", avec des mécaniques de jeu qui accusent parfois leur grand âge.Visuellement, l'ensemble fait parfois son petit effet
Quelle tristesse en 2019 de devoir se refarcir un niveau complet si on a le malheur de trépasser face au boss final (ou même avant)... Vouloir rester fidèle au gameplay d'origine est une décision on ne peut plus noble, on l'a vu récemment avec Zelda : Link's Awakening, mais contrairement au remake de chez Nintendo, les développeurs sont également restés fidèles ici aux nombreux soucis de la version d'origine (maniabilité, caméra...), sans moderniser le moindre aspect du jeu, et cela soulève forcément quelques questions.
Si, dans certains niveaux (notamment ceux assez larges), l'expérience de jeu reste correcte, d'autres passages plus étroits font littéralement éclater au visage du joueur cette maniabilité archi-rigide, mais surtout une caméra qu'il faut sans cesse recadrer (via le stick droit), et qui ne parvient jamais vraiment à se positionner là où elle devrait. A cela s'ajoutent des combats sans saveur et des mécaniques de gameplay, déjà un peu vieillottes à l'époque, et qui se révèlent carrément préhistoriques aujourd'hui...
Humour, humour, je précise
La bonne nouvelle, c'est que l'on retrouve également dans cette version 2019 tout l'humour si caractéristique de l'épisode de 1998, un humour un peu british qui avait d'ailleurs pas mal contribué au succès commercial du jeu. Le jeu adopte toujours un look très Tim Burtonesque, et on retrouve bon nombre de commentaires et autres voix off plutôt (parfois très) drôles dans l'ensemble (et en français).
Côté durée de vie MediEvil repose toujours sur une vingtaine de chapitres, lesquels nécessitent un peu moins d'une dizaine d'heures pour être parcourus. Les complétistes prendront forcément un peu plus de temps, pour recueillir les différents calices, ce qui n'est pas extrêmement compliqué, mis à part une jauge de vie qui tend parfois à se vider à vitesse grand V... Et rappelons que, qui dit "mort" dans MediEvil, dit "recommencer le niveau depuis le début"...
Enfin, difficile de ne pas fermer les yeux de désespoir face à cette caméra constamment mal placée, qui empêche souvent de voir certains ennemis ou qui va aller se caler sereinement derrière un arbre ou un rocher, masquant ainsi totalement la vue du joueur...
Bref, un remake très attendu, mais très frustrant au final, la faute à un côté "vieillot" vraisemblablement "voulu" par les développeurs, mais qui n'a rien de bien agréable manette en mains... Dommage.
MediEvil : l'avis de Clubic
En l'état, ce MediEvil version PS4 est un jeu tout juste correct, sauvé par une excellente ambiance et quelques jolis environnements. L'ensemble n'arrache pas la rétine attention, mais l'ambiance est toujours aussi prenante, avec en prime une bande-son magnifique. Pour le reste, les développeurs ont visiblement jugé bon de reprendre la maniabilité ultra-rigide de l'époque (mon Dieu ces combats, ces sauts, ces déplacements...) mais aussi de conserver un système de caméra totalement aux fraises...Alors oui, le côté nostalgie fait son petit effet, le jeu est toujours aussi "original" et l'écran titre donne irrémédiablement envie de presser la touche "Start" (surtout en cette période d'Halloween), mais l'ensemble fait tristement vieillot tout de même... A réserver aux fans de MediEvil donc, les seuls qui pourront, éventuellement, lui pardonner ses nombreux défauts de 1998, reproduits à l'identique en 2019 sur PS4.
Acheter Medievil sur PS4