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En 2011, Free SAS a publié le code source de sa Freebox et a mis fin au litige l'opposant depuis 2006 à la Free Software Foundation.
En 2011, Free SAS a publié le code source de sa Freebox et a mis fin au litige l'opposant depuis 2006 à la Free Software Foundation.
L'éditeur français Applidium multiplie les applications mobiles en signant divers accords avec de grands comptes. Canal+, France Télévision, ou encore Volkswagen ont fait appel à ses services. Sur le plan international la société est davantage connue pour ses travaux sur le lecteur multimédia VLC. Interrogé par nos soins, le PDG Romain Goyet est revenu sur les problèmes de sa publication au sein de l'App Store d'Apple.
Que faire d'un iPad ? Telle est la question que s'est d'emblée posée l'équipe d'Applidium en négociant l'importation d'un modèle directement depuis les États-Unis le jour de la disponibilité de la toute première version. « A l'époque il n'y avait pas beaucoup d'applications et finalement ça avait l'air pratique pour regarder des vidéos, dans le train par exemple », explique M. Goyet. Toutefois, l'équipe déchanta très vite à cause du format unique MP4 nécessitant d'effectuer une conversion systématique des vidéos.
Après avoir analysé les différentes solutions open source disponibles sur lesquelles il était possible d'ajouter des briques, M. Goyet s'est initialement tourné vers MPlayer avant d'être convaincu par un ami, anciennement chez Apple, d'opter pour VLC. « Nous avons récupéré le moteur de VLC puis nous avons construit deux briques propres à iOS pour les sorties audio et vidéo », explique l'homme. Le développement a été effectué en deux semaines « avec pas beaucoup d'heures de sommeil ».
VLC est initialement publié en licence GPLv2 stipulant que tout logicel distribué faisant usage de code protégé par celle-ci doit lui-même avoir son code ouvert de manière public. « Nous avons donc publié notre code source avant de mettre l'application sur l'App Store ». L'application connaît un franc succès avec 5 millions de téléchargements en 1 mois sur l'iPad. Elle sera ensuite mise à jour pour assurer la compatibilité sur iPhone.
« Et puis nous avons reçu une plainte », explique M. Goyet. Publié sur l'App Store, VLC est en effet protégé par des DRM ce qui limite la redistribution de l'application et est donc contraire aux principes de la licence GPLv2. « Nous nous sommes retrouvés sous le feu des projecteurs avec des millions d'utilisateurs très contents et cet homme qui pointait une violation et en faisait une question de principe ». Il y a eu plusieurs débats sur la compatibilité des conditions de l'App Store avec la GPLv2 et c'est finalement Apple qui a tranché en retirant l'application.
Les regards se sont tournés vers la licence de Mozilla plus permissive et Jean-Baptiste Kempf, président de l'association VideoLAN, a entrepris de contacter chacun des 500 contributeurs au projet VLC pour qu'ils acceptent de changer la licence associée à leurs travaux et pour lesquels ils conservent pleinement leur propriété intellectuelle. « Si un seul n'était pas d'accord, c'était foutu, ou il fallait enlever sa contribution », affirme M. Goyet. Cette démarche a pris un an et demi et à la fin, seule une traduction du logiciel manquait à l'appel.
« J'ai vraiment une aversion profonde pour la licence GPLv2 comme pas mal d'autres développeurs », affirme M. Goyet avant d'ajouter : « j'aime beaucoup l'esprit de la licence mais je n'aime pas du tout sa réalisation ». Celle-ci présenterait en effet une faille majeure.
Il explique par exemple que la Freebox utilise beaucoup de code sous licence GPLv2 « mais si vous la retournez vous pouvez lire "ce matériel est la propriété intellectuelle insaisissable de Free FAI" ». Puisque le fournisseur d'accès à Internet ne redistribue pas ce logiciel, il ne s'estime pas obligé d'en publier le code. De la même manière, un serveur faisant usage de technologies sous licence GPLv2 restera au sein d'une société même si les internautes s'y connecteront. En d'autres termes, ce serveur ne sera pas distribué. Son code source ne devra donc pas être publié.
Finalement VLC pour iOS est donc distribué sous licence MPLv2 et GPLv2 et l'application a refait son apparition sur l'App Store en juillet dernier.