Dévoilée mardi par ses créateurs, la e-cigarette se présente comme le « premier vaporisateur aux cannabinoïdes ». Elle utilise du chanvre thérapeutique pour fonctionner. Cette plante est de la même famille que le cannabis : contrairement à ce dernier dont c'est le principe actif, elle ne contient quasiment pas de tétrahydrocannabinol (THC), moins de 0,2%. Le chanvre industriel n'est accompagné d'aucun effet psychotrope. Il est légal en France, à l'inverse du cannabis.
Rien ne semble empêcher KanaVape d'être commercialisé dans l'Hexagone. « Nous visons le marché du cannabis thérapeutique » expliquent ses créateurs. Ils surfent également sur la vague de la cigarette électronique, dont il existe de multiples formes - voir notre dossier A la découverte de la cigarette électronique . La commercialisation de cette e-cigarette devrait débuter en ligne à partir du mois de janvier.
Le ministère de la Santé aux abois
Dans la foulée de l'annonce du produit, la ministre de la Santé Marisol Touraine a déclaré sur RTL qu'elle était contre sa mise en vente en France. « Je suis opposée à ce qu'un tel produit puisse être commercialisé en France » parce que « cela constitue une incitation à la consommation de cannabis », une démarche « potentiellement répréhensible par la loi » française, a-t-elle expliqué. Une étude approfondie du produit est en cours, mais la ministre compte saisir la justice pour interdire la KanaVape à la vente.Pour l'heure, la cigarette est toujours en précommande sur le site de l'entreprise. Il n'est pas dit que la situation tienne jusqu'en janvier, car le produit, s'il irrite le ministère de la Santé, inquiète également certains spécialistes médicaux. « Un tel produit, si le gouvernement fait son boulot, sera interdit dès sa sortie » déclarait mardi le professeur Bertrand Dautzenberg, pneumologue à l'hôpital de la Salpêtrière, au micro d'Europe 1. Laurent Karila, psychiatre et spécialiste des addictions à l'Hôpital universitaire Paul-Brousse, estime quant à lui que « le risque de sortir un produit de ce type est que les adolescents se l'approprient » et qu'ils enchaînent ensuite avec l'expérimentation du cannabis. Laurent Karila ajoute par ailleurs que le cannabidiol délivré par la vapoteuse « n'entraîne en théorie pas d'addiction » mais a « des effets relaxants ».
En somme, il semble surtout reproché au produit qu'en proposant une alternative légale au cannabis, il pousse les utilisateurs vers une consommation de drogues illicites.