Carrefour poursuit ses diversifications sur le marché de la culture numérique. Après le livre électronique, le nouveau relais de croissance de la chaîne de supermarchés est la vidéo dématérialisée. Il lance pour ce faire Nolim Films, une plateforme de vidéo à la demande, mais pas que.
Face à la chute des ventes de DVD ou de Blu-ray, et au ralentissement de la location en ligne, Carrefour parie sur le seul segment en croissance : le téléchargement définitif, tel qu'on l'appelle un peu abusivement.
Nolim Films permet donc de se constituer une vidéothèque en ligne. Le service est naturellement multi-support, à l'instar d'iTunes, ténor du segment. C'est-à-dire qu'on peut accéder au service depuis un ordinateur, mais aussi d'une tablette ou d'un téléphone (mais pas encore d'un téléviseur). Pour se distinguer d'une concurrence bien ancrée, le petit nouveau mise sur une solution ouverte. Le service propose ainsi de nombreux films à l'achat, mais il offre aussi et surtout la prise en charge d'UltraViolet, le « DRM universel » de l'industrie cinématographique et télévisuelle.
Rassemblez DVD, Blu-ray et vidéos dématérialisées
Pour Carrefour, la prise en charge d'UltraViolet s'inscrit dans un esprit de complémentarité de ses canaux de distribution. Les clients peuvent obtenir la copie numérique des DVD et Blu-ray éligibles qu'ils ont achetés en ligne ou en supermarché sur une plateforme maison. Carrefour supplante ainsi la Fnac et les autres enseignes culturelles avec lesquelles il rivalise désormais.Pire, Nolim Films peut accueillir les copies numériques de DVD et Blu-ray Ultraviolet de toutes provenances, et s'approprier ainsi la clientèle de la concurrence. D'autant que contrairement à Flixster, seule plateforme UltraViolet disponible en France jusqu'alors, le service de Carrefour ne s'en tient pas à la VF. Il propose en plus la VOST, décisive pour de nombreux cinéphiles.
Des achats à la pérennité garantie avec UltraViolet
Pour le consommateur, Ultraviolet fait de Nolim Films une solution sans engagement. Concrètement, c'est Ultraviolet qui centralise les acquisitions, si bien qu'on peut profiter de sa vidéothèque par le biais d'autres services. Alors qu'un client de l'iTunes Store par exemple est condamné à utiliser les produits d'Apple pour profiter de ses achats, un client de Nolim Films et d'UltraViolet peut profiter de ses achats depuis plusieurs services simultanément.Immédiatement après avoir ajouté un film ou une série UltraViolet à sa vidéothèque Nolim Films, soit en l'ayant acheté sur place, soit en ayant saisi le code d'un DVD ou Blu-ray, on peut ainsi le lire via l'application Flixster disponible sur certains téléviseurs. Ou sur téléphone ou tablette Android ou iOS, en attendant que les applications que Carrefour a prévues ne soient disponibles.
C'est une garantie de pérennité bienvenue et une condition sine qua non pour de nombreux consommateurs. C'est parfaitement légitime quand on sait que de multiples clients ont perdu leurs films en « téléchargement définitif » avec les fermetures successives de services de VOD lancés entre 2006 et 2008. Dont un... de Carrefour et un de la Fnac.
Attention toutefois, tous les films vendus sur Nolim Films ne sont pas UltraViolet. Certains ne sont par conséquent accessibles que par le biais de la plateforme de Carrefour.
Streaming ou téléchargement multi-support, mais une qualité moyenne
Ultraviolet lève deux des principaux inconvénients des DRM : l'interopérabilité, en partie, et la pérennité des achats. Mais les plateformes ont malgré tout recours aux verrous numériques. On ne peut toujours pas parler de téléchargement définitif, comme on peut pourtant le faire chez Wakanim, ou avec le téléchargement illégal.Techniquement, on peut télécharger ses achats sur son ordinateur à l'aide d'un logiciel maison disponible pour Windows et OS X (mais par pour Linux). On ne peut en aucun cas les en extraire, pour les sauvegarder sur un support de stockage externe, les lire sur un équipement qui n'est pas explicitement pris en charge, ou pour les prêter à ses proches. UltraViolet « encourage les services participants à proposer des moyens de partager facilement films et séries avec la famille et les amis proches », mais en France ni Nolim Films, ni Flixster, ne proposent de telles fonctions.
Notons qu'il est impossible de profiter du service si un moniteur est relié en VGA à l'ordinateur. Même si la vidéo est lue sur un écran dont la liaison est protégée par HDCP (c'est-à-dire en HDMI, en DVI ou en DisplayPort). Même si on sait très bien contourner cette protection. C'est d'autant plus regrettable que les fichiers ne sont pas d'une grande qualité : un film HD de 2 heures ne pèse qu'environ 2,5 Go, soit environ 3 Mb/s, le débit des vidéos YouTube.
Quoi qu'il en soit on peut également regarder directement ses films et ses séries en streaming, depuis son navigateur Internet, au travers du vieillissant plugin Microsoft Silverlight, depuis son ordinateur via l'application susmentionnée, et prochainement via des applications pour téléphone et tablette Android et iOS.
Des tarifs en phase avec le marché, mais un service plus alléchant
Terminons par l'aspect financier, puisque Nolim Films ne réserve aucune surprise sur ce plan et se trouve dans la moyenne :- les séries sont vendues 2,50 ou 3 euros l'épisode en SD ou en HD, et respectivement 25 ou 30 euros la saison
- les films sont vendus 5 à 17 euros, en fonction de l'ancienneté et de la qualité
Avec Nolim Films, Carrefour n'est pas moins cher que ses concurrents. Mais il offre globalement de meilleures prestations, et en particulier des garanties de pérennité et de mobilité qui feront toute la différence auprès de nombreux consommateurs. On manque encore de plateformes compatibles, mais c'est la première fois qu'un service mettant en œuvre des DRM nous paraît recommandable. Le service est accessible dès à présent, et le catalogue est consultable sans inscription.
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