En 1983 déboulait dans les salles d'arcade Dragon's Lair, un jeu d'un genre bien différent de Pac-Man et compagne. Le titre propose un court film d'animation interactif dans lequel le joueur incarne Dirk, un chevalier bien décidé à sauver la princesse Daphné des griffes d'un dragon. Comme bon nombre de jeux d'arcade, Dragon's Lair misait, à l'époque, sur une difficulté bien corsée pour pousser les joueurs à multiplier les parties pour avancer. Au programme : QTE invisibles - il fallait donc deviner quoi faire - et timing extrêmement précis. La donne a un peu changé ces dernières années, puisque le jeu est ressorti en 2012 sur Xbox 360 et PS3 notamment, dans des versions un peu plus édulcorées. En tout, on compte une trentaine de versions du jeu sur de multiples supports.
Jeu de niche, Dragon's Lair a cependant une intéressante particularité : son statut de mini-film fait que de nombreuses personnes ont découvert, au fil des années, les aventures de Dirk en ne sachant pas forcément qu'elles étaient issues d'un jeu vidéo. Il faut dire que l'animation du jeu avait été confiée, à l'époque, à Don Bluth, vétéran de chez Disney, mais également papa des souris Fievel et Brisby. Aujourd'hui âgé de 78 ans, Don Bluth cherche des financements pour porter Dragon's Lair sur grand écran.
Une campagne Kickstarter stratégique
C'est sur Kickstarter que le projet a été lancé le 26 octobre dernier. On y découvre que Don Bluth n'est pas seul à s'investir dans la démarche : Gary Goldman, son ami et collègue de longue date, fait également partie de l'aventure. Le duo a notamment travaillé ensemble sur Anastasia, Brisby et le secret de NIHM, et donc sur Dragon's Lair.A travers une vidéo savamment mise en scène et la page du projet, les deux amis et animateurs expliquent qu'ils veulent porter à l'écran les aventures de Dick et des autres protagonistes du jeu. Forts de leurs expériences, les deux compères demandent de l'aide aux internautes pour rassembler la somme de 550 000 dollars. Un pécule qui ne sera cependant pas suffisant pour produire un film, expliquent-ils : l'idée est de récolter le nécessaire pour réaliser une bande-annonce suffisamment convaincante pour attirer des producteurs. Le coût du film au global est estimé à 70 millions de dollars.
La démarche de Bluth et Goldman est intéressante, dans le sens où ils expliquent d'emblée que la campagne n'entrainera pas directement un film. Dans le milieu du financement participatif, on dénote souvent une grosse sensation de flou dans les démarches des producteurs et réalisateurs de films. Récolter 70 millions de dollars serait, de toute façon, absolument impossible sur Kickstarter : parmi les plus gros succès de financement de ces dernières années, on trouve notamment le film Veronica Mars, qui a récolté 5,7 millions de dollars.
Reste désormais à savoir si cette transparence sera payante, et si les internautes et autres fans nostalgiques répondront présents. Durant les 3 premiers jours de la campagne, 85 000 dollars ont été récoltés. Une somme déjà importante, mais qui peut difficilement être considérée comme un démarrage canon lorsqu'on constate que certaines campagnes parviennent à lever plusieurs millions en quelques jours.