© Oceanbird
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Pour l'entreprise suédoise, la solution pour rafraîchir le secteur est aussi classique qu'innovante. Elle souhaite en effet équiper les navires de… voiles.

De plus en plus d'acteurs cherchent à se positionner sur ce créneau, qui leur semble une évidence malgré le rythme effréné de la mondialisation qui marque profondément l'humanité depuis plusieurs décennies.

Des voiles aux proportions gargantuesques

Le transport maritime achemine environ 90 % des marchandises dans le monde, le plus souvent à l'aide d'énormes moteurs diesel. Par conséquent, le secteur brûle actuellement 300 millions de tonnes de combustibles fossiles par an, un chiffre qui doublera, voire triplera d'ici à 2050. C'est pourquoi l'Organisation maritime internationale s'est fixé pour objectif de réduire considérablement ses émissions pour les deux décennies à venir, à l'instar de nombreuses autres industries.

Il n'en fallait pas moins pour lancer des industriels dans la bataille. C'est le cas d'Oceanbird, un projet de recherche lancé en 2010 au sein de Wallenius Marine, géant suédois de la construction navale, avant de devenir une entité commerciale à part entière. Son domaine d'expertise ? Concevoir et produire des voiles de bateau.

Mais pas n'importe lesquelles. Baptisées « wingsail », elles se composent d'une voile principale et d'un volet, et s'inspirent des systèmes qui équipent déjà les voiliers de course de haute performance. Le dernier modèle annoncé par Oceanbird, le Wing 560, mesurera 40 mètres de haut, pèsera pas moins de 200 tonnes et aura une surface de 560 mètres carrés.

© Oceanbird
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Avec de tels chiffres, cette voile n'est évidemment pas destinée à équiper le premier yacht venu. Après des tests grandeur nature sur le plancher des vaches dès cet été, un Wing 560 devrait être installé l'année prochaine sur un transporteur de voitures en service depuis 14 ans, avec l'objectif de réduire sa consommation moyenne de carburant d'environ 10 %.

Des routes commerciales déjà taillées pour les voiliers ?

Cependant, l'objectif d'Oceanbird n'est pas seulement d'équiper tous les anciens navires de transport. D'abord, tous ne peuvent pas accueillir de telles voiles, comme les porte-conteneurs qui transportent leurs marchandises sur le pont et qui manquent donc d'espace requis. Ensuite, la consommation de carburant peut considérablement être réduite si l'on construit de nouveaux cargos spécifiquement conçus pour fonctionner avec ces voiles.

C'est pourquoi Oceanbird a déjà réalisé les plans de l'Orcelle Wind, un transporteur capable de contenir 7 000 voitures et de consommer 60 % de diesel en moins qu'un navire de même capacité. Sans compter les optimisations possibles des itinéraires et de la vitesse de croisière, qui pourraient se traduire par une baisse de consommation allant jusqu'à 90 %.

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Pour Christiaan De Beukelaer, maître de conférences en culture et climat à l'université de Melbourne, le concept n'est absolument pas déconnecté de la réalité. « La plupart des grandes routes commerciales que nous empruntons dans le monde correspondent encore assez bien aux alizés d’antan », raconte-t-il. Il ajoute : « Les principales connexions commerciales et les ports ont été créés lorsque nous n'utilisions que des voiles. C'est là que les grandes villes et les économies puissantes se sont développées. Dans une large mesure, ces connexions sont donc encore bien desservies par les vents. »

Les temps ont changé, cependant, et le transport maritime passe aujourd'hui massivement par ce que De Beukelaer appelle des points d'étranglement, à savoir les canaux de Suez et de Panama. « Aucun d'entre eux ne permet aux navires de naviguer à la voile. Le canal de Panama est également traversé par un pont dont la hauteur est limitée à environ 50 mètres », explique-t-il.

Cela ne devrait toutefois pas freiner l'adoption de nouveaux (ou anciens) concepts tels que les voiles d'Oceanbird, compte tenu de la hausse continue du coût des énergies fossiles et de la production encore insuffisante de carburants moins polluants comme le méthanol ou l'ammoniac. Et tout cela sans tenir compte des objectifs internationaux de plus en plus pressants et radicaux en matière d'émissions de gaz à effet de serre.