Une recherche tend à montrer qu'il serait possible de réduire la prédation des loups sur le bétail, ainsi que les conflits entre éleveurs et défenseurs de ces carnivores, en fournissant aux meutes suffisamment de proies sauvages naturelles. Les populations lupines pourraient ainsi être réintroduites en minimisant les pertes des éleveurs.
Une équipe de scientifiques, réunissant des chercheurs issus de l'université de Fribourg, de l'université de Sydney, et de l'université de l'Oregon affirme que le loup, considéré comme une espèce opportuniste se nourrissant des proies les plus faciles, aurait en réalité une préférence pour les animaux sauvages...
Les loups préféreraient les proies difficiles à attraper
Dit ainsi, cela semble logique, les loups ayant évolué de manière à devenir de parfaits chasseurs. Toutefois les données scientifiques manquaient encore pour l'affirmer, notamment en raison de résultats contradictoires concernant l'influence de la présence et de la densité des proies sauvages sur la prédation du bétail par les loups. Une lacune que tente de combler la méta-analyse menée par les scientifiques allemands, australiens, et américains.L'équipe internationale de chercheurs a examiné 119 études réalisées précédemment, avec des données datant de 1944 à 2017 et récoltées sur trois continents, relatives au mode d'alimentation des loups communs (canis lupus). Ils ont constaté que dans la grande majorité des situations les prédateurs lupins préfèrent se nourrir de proies sauvages, dès lors qu'elles sont disponibles, et ce même quand il y a du bétail domestique en abondance à proximité.
Plus encore, d'après l'étude, les loups semblent attaquer et manger en priorité les animaux en capacité de se défendre, c'est-à-dire les espèces dotées de cornes, de bois, et de crocs, et notamment celles qui sont rapides à la course et dotées d'un poids corporel assez élevé. Ils ne se rabattent sur les troupeaux que si les animaux sauvages viennent à manquer...
Accroître les populations de proies sauvages pour moins de conflits
Leur analyse, publiée le 20 mars dans la revue Biological Conservation, repose sur des recherches menées dans 27 pays différents et trouve des résultats similaires presque partout. On note quelques exceptions à la règle toutefois, avec une préférence pour le bétail pour les meutes en Grèce, Espagne du nord, Russie du sud, Chine, Mongolie, Iran et Pakistan... Soit des lieux où les ongulés sauvages sont rares ou ont quasiment disparu, expliquent les chercheurs.Selon cette équipe internationale, il s'agit d'une indication claire : en préservant ou, mieux encore, en augmentant les populations de proies sauvages, les loups pourraient disposer de suffisamment de « nourriture de prédilection » pour ne pas s'attaquer au bétail. Une mesure qui permettrait d'atténuer les conflits entre les humains et les carnivores.
Quelles mesures de protection pour les éleveurs ?
Cette analyse rétrospective a permis aux chercheurs de parvenir à une autre conclusion : les troupeaux de bétail pâturant librement à l'air libre en petit nombre (moins de 20 bêtes par km²) sont beaucoup plus vulnérables à la prédation des loups que les grands troupeaux ou ceux placés sous surveillance (la nuit notamment) par les éleveurs.Ainsi, certaines méthodes de dissuasion non létales, comme la mise en place de chiens de garde et de clôtures réduisent nettement la probabilité d'une attaque. L'absence totale de solutions de protection conduit au contraire à une hausse de 78 % de la prédation.
Sources : Science Direct, Scientific American