S'il rencontre le succès escompté et devient l'un des plus gros consommateurs de trafic Internet dans les prochaines années, le cloud gaming pourrait bien entraîner une forte hausse de la consommation énergétique des datacenters dans le monde.
Un récent rapport indique que pour un joueur, le passage au 100 % dématérialisé équivaudrait à une demande en électricité près de deux fois supérieure à celle d'aujourd'hui. Le seul secteur du jeu vidéo en Californie consommerait alors autant qu'un pays comme le Sri Lanka !
Une révolution qui ne se fera pas sans impact écologique
La révolution promise par des acteurs comme Blade, Google, Microsoft, Orange ou encore Amazon avance à pleine vapeur, avec des services de jeu vidéo dans le nuage tels que Shadow et Stadia. C'est une tendance que nous avons pu constater ces derniers mois, qui s'est vérifiée lors de l'E3 2019 à Los Angeles.Si les annonces se multiplient et qu'il semble que de plus en plus de sociétés souhaitent se faufiler dans la brèche du cloud gaming pour se tailler une part du gâteau, la demande en énergie - et inéluctablement l'impact écologique - de cette nouvelle industrie risque d'être multipliée par deux d'ici 2021, selon un rapport de la California Energy Commission.
Ce genre de service, qui promet d'ouvrir les portes du jeu vidéo au plus grand nombre, nécessite en effet des infrastructures importantes et très gourmandes en énergie pour fonctionner. Cisco, la firme américaine spécialisée dans le matériel réseau, explique que le jeu vidéo pourrait vite dépasser le streaming des plateformes comme Netflix et YouTube, si le cloud gaming rencontrait le succès escompté.
Alors qu'aujourd'hui le streaming reste la principale source de trafic Internet à près de 58 %, le jeu vidéo, lui, ne dépasse actuellement pas les 8 % du trafic mondial. Seulement, la donne pourrait vite être amenée à changer. Si le cloud gaming décolle dans les années à venir, le jeu vidéo pourrait purement et simplement devenir le plus gros consommateur de trafic et, in fine, d'énergie.
En outre, en faisant tourner nos jeux sur ordinateurs ou consoles à la maison, nous connaissons plus ou moins l'impact de notre matériel sur nos factures d'électricité. Ici, l'empreinte énergétique deviendrait invisible pour le consommateur, or ce critère peu négligeable lorsque l'on met la main à la tirelire serait ainsi presque invisible pour la plupart ! À vrai dire, en surfant sur le Web, peu d'entre nous ont réellement conscience que le secteur du numérique engloutissait déjà environ 10 % de la production électrique mondiale en 2015.
Quelles solutions ?
Le jeu vidéo sur le cloud est promis à un bel avenir, le nombre de joueurs devrait exploser grâce à des offres d'abonnement accessibles à toutes les bourses, qui évitent d'investir dans une bécane à plus de 3 000 € ou dans une console nouvelle génération.Néanmoins, outre les diverses problématiques auxquelles le cloud gaming devra répondre (connexion Internet des abonnées, disponibilités des serveurs, qualité vidéo et audio, etc.), l'impact écologique de ce nouveau service reste une question épineuse. Google a par exemple annoncé qu'il répondra à cette demande supplémentaire en achetant de l'électricité provenant de parcs éoliens et solaires, l'amélioration de l'efficacité énergétique des datacenters permettrait également de légèrement limiter cette hausse de la demande.
Mike Hazas de l'Université de Lancaster estime quant à lui que l'adoption de ce nouveau service devrait se faire de manière très progressive. Il explique : « L'histoire montre que, lorsque les technologies évoluent, les technologies traditionnelles subsistent encore pendant un certain temps ».
Si certains d'entre vous lisent encore des livres papiers et utilisent toujours leurs CDs, Blu-Ray et autres reliques (qui a parlé de Walkman à cassette ?), alors le matériel hardware et les consoles de jeux ont très certainement encore de longues années devant elles.
Source : New scientist