En marge de la sortie du « Discovery Tour », le pendant pédagogique du très bon Assassin's Creed Odyssey, Usbek & Rica est allé à la rencontre de Maxime Durand — historien en chef sur la saga d'Ubisoft depuis plus de 10 ans.
Dans le cadre d'une présentation du « Discovery Tour » effectuée par l'historien au lycée parisien Henri IV, le magazine en a profité pour l'interroger sur les intrications entre jeux vidéo et enseignement.
Son rôle ? Inspirer ses collègues artistes
Plus prosaïquement appelé « directeur des contenus » dans l'organigramme de son employeur, Maxime Durand explique à Usbek & Rica ne pas être le garant du respect de l'Histoire avec un grand « H ». Son rôle est davantage celui d'un professeur qui sait tout sur tout, et s'occupe d'infuser sa culture et sa connaissance aux créatifs de l'équipe de développement.« Je leur envoie des films, des jeux vidéo, des séries sur la période qui les intéresse. L'objectif est d'abord de les inspirer », raconte l'historien, tout en ajoutant qu'une fois son travail effectué, ses collègues sont totalement libres de « déconstruire » la première idée qu'il leur avait proposée. Parfois, le plaisir de jeu se conjugue assez mal avec l'exactitude historique.
Un état de fait qui pose en réalité un non-problème pour Olivier Coquard, professeur d'histoire dans la classe qui recevait ce jour Maxime Durand, qui estime que « l'historien ne peut réaliser qu'une proposition artistique, une interprétation parce que de toute façon, le passé est mort ».
De l'utilisation du jeu vidéo pour l'enseignement
De cette rencontre entre le magazine et l'historien en chef de la saga Assassin's Creed découle la question de l'enseignement, et de la façon dont le jeu vidéo peut aider à appréhender certains concepts, certaines périodes historiques. Quitte à s'imaginer qu'un jour le médium vidéoludique se substituera à un professeur en chair et en os ?Aucun risque, balaie William Brou, professeur également et aussi animateur sur la chaîne YouTube Histoire en jeux. Pour lui, « le jeu vidéo n'est rien d'autre qu'un document d'histoire qui parle d'ailleurs plus de mémoire que d'histoire, et qu'on utilise comme un média. (...) Un jeu vidéo ne reformule pas une consigne, ni des connaissances qui n'ont pas été acquises. Le regard que l'enseignant pose sur ce que l'élève sait et échoue à faire restera indispensable ».
Mais le professeur / YouTubeur ne renie pas les bienfaits du jeu vidéo pour autant. « Les élèves vont récolter des informations, renchérit William Brou, comme ils le feraient lors d'une visite dans un musée ou sur un site historique, sauf que là, et c'est exceptionnel, ils visitent par exemple l'Acropole d'Athènes. Dans toute ma carrière, je ne pourrais jamais faire ça avec tous mes élèves, ne serait-ce que financièrement ». Un complément pédagogique donc, qui n'en reste pas moins — Maxime Durand insiste — qu'une adaptation de l'Histoire.
Source : Usbek & Rica