Développé par le prestigieux studio Infinity Ward (néanmoins amputé de ses membres fondateurs, partis depuis fonder un certain Respawn Entertainment), ce Modern Warfare nouveau ne cherche pas à être autre chose que ce que l'on imagine de lui. On prend les mêmes, et on recommence.
Mais un an après un Black Ops IIII clivant sur bien des aspects, n'est-il pas agréable de retrouver le confort d'un foyer que l'on ne connaît que trop bien ?
Le point config :
Call of Duty : Modern Warfare a été testé sur PC en 1440p avec tous les réglages graphiques au maximum (NVIDIA RTX 2070, AMD Ryzen 7 2700 et 16 Go de RAM). Les 60 images par seconde étaient tenues constamment avec le ray tracing activé.
Une campagne choquante et actuelle
On est ici chez nous. À peine le jeu lancé qu'Infinity Ward nous invite à nous mettre à l'aise, à retirer nos pompes et à passer un petit plaid pour déguster sa toute nouvelle campagne solo. Aux abonnées absentes l'année dernière, cette campagne vous occupera 5 à 6 heures durant, et vous proposera de vous familiariser avec les quelques nouveautés du gameplay de ce Modern Warfare cuvée 2019.Mais avant toute chose, place au contexte. Le monde occidental est pris pour cible par une organisation terroriste se faisant appeler Al-Qatala. Les attentats se multiplient de par le monde, et notamment à Londres, où un kamikaze se faisant sauter en plein Picadilly Circus donne le coup d'envoi d'une campagne ne faisant aucune concession sur la violence et la dureté de son propos.
Car si personne n'a oublié le malheureux épisode de l'aéroport dans la campagne solo de Modern Warfare 2 en 2009, sachez que ce nouvel opus compte aussi son lot de moments-chocs. Sur les 14 missions proposées ici par Infinity Ward, pas une ne s'écoule sans qu'une petite grimace de dégoût nous défigure.
Le studio évolue ici sur un fil extrêmement mince entre gratuité graphique et levier scénaristique justifiant les actions de ses protagonistes. On laissera à chacun l'opportunité de se prononcer sur la question, mais la simple présence d'un avertissement au lancement d'une partie solo, précisant combien le contenu de la campagne peut être choquant donne le ton.
Propos politique mis à part (lui aussi hautement discutable), on doit reconnaître à ce Modern Warfare de se mouiller un peu plus lorsqu'il doit dépeindre l'horreur de la guerre. On n'échappe évidemment pas à l'inévitable « les autres sont pires », mais le studio a le bon goût de mettre de temps à autre le nez de nos héros dans leur caca.
Toujours animé par un sens du rythme directement hérité du cinéma d'action hollywoodien, le mode solo de Modern Warfare se déguste comme un gros film, avec son lot de retournement de situations absurdes. Par chance, la campagne brille par la variété des missions qui sont proposées. Infiltration, rentre-dedans bourrin, défense de territoire et j'en passe. Mention spéciale à la mission de l'ambassade, véritable exemple en matière de tension.
Un nouveau moteur flamboyant
Call of Duty : Modern Warfare inaugure un moteur de jeu flambant neuf pour la licence. Si l'on a pu moquer par le passé le retard graphique qu'accusait la saga face à, au hasard, Battlefield, force est de constater que ce nouveau moteur n'a plus à rougir face au Frostbite de EA Games.
C'est simple : le jeu frôle le photoréalisme. Mention spéciale à l'animation des visages qui, lors des cinématiques, sont absolument criants de réalisme. En jeu, les bienfaits de ce nouveau moteur se manifestent notamment par des lumières saisissantes et des réflexions très maîtrisées.
Autant d'éléments encore sublimés par la totale compatibilité du jeu avec le ray tracing, pour peu que vous soyez doté d'une carte graphique NVIDIA compatible. Au prix d'une vingtaine d'images par seconde, le jeu déploiera encore davantage d'efforts à refléter à merveille le monde environnant dans les flaques d'eau et les structures métalliques.
On est moins subjugués par les ajouts en matière de lumière et d'ombre, qui sont au mieux subtils, au pire totalement imperceptibles (surtout en pleine action). Vaut-il bien la peine de sacrifier 20 FPS pour cela ? On laisse à chacun le soin d'en juger
Acheter COD : Modern Warfare
De zombies tu ne tueras point
Celles et ceux revigorés par cette campagne menée tambour battant pourront poursuivre leurs efforts à quatre, au sein du mode Coop — aussi appelé Spec Ops. Ici, Infinity Ward reprend une formule qui a fait ses preuves dans The Division 2. Une escouade de quatre joueurs est envoyée sur une carte de jolie taille afin de remplir divers objectifs scénarisés, lesquels font directement suite à la campagne solo.Ça ne casse pas trois pattes à un insurgé urzikstanais (le nom du pays fictif où se déroule une bonne partie de l'histoire), mais ça a le mérite d'exister. D'autant que certaines missions (pour l'instant au nombre de quatre) donneront du fil à retordre à votre escouade.
On pense notamment à l'épisode de l'avion de ligne au sein duquel il faut s'infiltrer afin d'en extraire une tête nucléaire. Toute la partie s'ensuivant vous demandant de protéger votre bouboule explosive sous une véritable armée ennemie en attendant l'extraction a de quoi vous donner des suées et mettre à rude épreuve votre coordination.
Par chance, chaque membre de l'escouade peut choisir un rôle à assurer. Médecin, tank, support et j'en passe : le but étant de fluidifier les combats et de créer une complémentarité au sein du crew.
Mais qu'on s'entende bien : on reste dans un Call of Duty. Sous-entendu : l'IA est bête à manger du foin, et ne brillera finalement que dans sa capacité à vous envoyer un flux ininterrompu de chair à canon sur le râble pour espérer prendre le dessus. Mention spéciale pour les « mastodontes », des sacs à PV équipés d'un minigun particulièrement retors à mettre au tapis.
Un mode de jeu sympathique, bien que les parties ont la fâcheuse tendance de traîner un peu en longueur (comptez parfois une heure). Mais tous vos efforts ne seront pas vains, et compléter ces missions vous permettront de débloquer de nouveaux personnages pour le mode multijoueurs.
On regrette néanmoins qu'Infinity Ward ait préféré opter pour ce mode coopératif plutôt qu'un traditionnel et toujours fun mode Zombies. Un fac-similé de ce mode est néanmoins disponible en exclusivité sur PS4 (jusqu'en octobre 2020...), et prend la forme d'une mission coopérative de survie, où il s'agit de résister le plus longtemps possible à des assauts ininterrompus des forces ennemies. Mouais.
Un mode multijoueur classique mais généreux
Ne nous le cachons pas : si la campagne solo est ancrée dans l'ADN de la série, c'est bien pour son mode multijoueur que près de 20 millions de joueurs se procurent chaque année le nouveau Call of Duty.Et à l'image de tout le reste, Infinity Ward signe ici un retour en force vers ce qui a toujours fonctionné. Il faut dire qu'après le ratage cuisant de Infinite Warfare en 2016, le studio avait tout intérêt à ne pas se planter.
On retrouve alors peu ou prou le même jeu que l'on a tous ratissé en long, en large et en travers en 2007. Les armes sont les mêmes (à quelques exceptions près), les atouts sont les mêmes, et les bonus de série d'élimination sont pour la plupart directement hérités des précédents épisodes.
Décevant ? Pas vraiment. Après tout, c'est ce que tout le monde voulait non ? Retrouver le plaisir de l'un des FPS les plus gratifiants du début du siècle ? Nous voilà servis. Et quand on voit le succès — aussi chez Activision-Blizzard — de World of Warcraft : Classic, on se dit que la nostalgie est un business juteux.
Ne soyons pas mauvaises langues. D'autant que pour le coup, Infinity Ward a soigné la forme, et propose au lancement pas moins de 17 cartes, auxquelles il faut rajouter quatre déclinaisons « de nuit ». Une sélection plutôt variée, faisant la part belle à des environnements industriels ou urbains dans différentes parties du globe. Sur ce point, on ne cache pas qu'on aurait apprécié un petit remake de certaines cartes mythiques de Modern Warfare premier du nom. Mais d'après des fuites, cela pourrait bien arriver tôt ou tard.
Côté jouabilité, on retrouve rapidement ses marques, même si les déplacements nous ont paru un peu plus lourds que d'habitude. Cette année, il est d'ailleurs possible « d'appuyer » son arme sur n'importe quelle surface afin de la stabiliser tout en restant à couvert. Un élément de gameplay inédit dans la série, qui est au départ un brin perturbant tant il encourage parfois la sédentarité.
Quid du modèle économique ?
Activision l'avait annoncé fièrement : Modern Warfare n'afficherait aucune loot box dans sa boutique. Les skins, armes et tenues d'opérateurs se débloquent uniquement en jouant et en réalisant des défis en jeu.
L'éditeur cédera cependant bel et bien aux sirènes du Battle Pass. Quand ? On l'ignore encore. Mais Modern Warfare empruntera bien à ses cousins Fortnite, PUBG et Apex le concept de « saisons » dont le passe de combat fera office de chemin de fer. Cependant, Activision l'assure : cela n'offrira aux acheteurs que des bonus cosmétiques. Aucun joueur ne sera avantagé parce qu'il passe à la caisse.
Enfin, si Activision doit encore préciser sa position sur le sujet, tout porte à croire qu'un mode Battle Royale free-to-play et directement dérivé de Modern Warfare arriverait plus tard en 2020. L'occasion, cette fois, de laisser libre court à ses envies en termes de monétisation sauvage.
Côté modes de jeu, Modern Warfare donne une nouvelle fois dans le classique (MME, Domination, Recherche et destruction), mais va aussi piocher du côté de Battlefield avec son mode Guerre Terrestre. Ici, 48 joueurs s'affrontent sur une carte de grande taille où fantassins côtoient véhicules blindés dans un joyeux bordel. L'objectif ? Capturer et garder des points de contrôle. Oui, le mode Conquête de Battlefield en somme. Néanmoins, le compte n'y est pas. On se rend vite compte que le moteur (tout nouveau qu'il est) n'est absolument pas fait pour contrôler des véhicules. D'autant que les cartes ne laissent pas forcément de chances à ceux qui se déplacent à pinces, tant leur conception laisse le champ libre aux campeurs de tout bord.
Modern Warfare supporte le jeu cross-plateforme
Vous le saviez sans doute déjà : Modern Warfare est le premier Call of Duty a autoriser le jeu cross-plateforme. En d'autres termes : les joueurs Xbox peuvent affronter les joueurs PS4, et n'importe quel joueur console jouant via un clavier et une souris peut rejoindre les joueurs PC.
A contrario, le nouveau mode Escarmouche , qui offre des affrontements en 2 contre 2 se pose en très bonne surprise. Prenant part sur des cartes forcément réduites, ce mode fait apparaître deux duos équipés d'armes prédéfinies à chaque manche. Combats de snipers, de fusils à pompe, de couteau... à chaque partie sa pochette surprise, et sa bonne dose de tension.
Dans un ordre d'idées assez proche, le mode Réalisme permet aux joueurs de se débarrasser de toute l'interface du jeu pour favoriser l'immersion.
Call of Duty : Modern Warfare, l'avis de Clubic
Vous n'êtes pas sensible à la mode du Battle Royale et êtes nostalgique des FPS des années 2000 ? Modern Warfare est pour vous. Digne héritier de Call of Duty 4, ce nouvel opus s'évertue à ramener à la vie ce qui avait fait le succès du jeu de 2007, tout en apportant ça et là des touches de modernité nécessaire pour une expérience joueur optimale.Doté d'un nouveau moteur graphique absolument sublime, Modern Warfare réintègre avec brio une campagne solo qui, bien que toujours très courte, a le mérite de surprendre par sa tonalité particulièrement dure.
On regrette évidemment l'absence d'un mode zombie digne de ce nom, mais on salue l'arrivée des affrontements en deux contre deux — intenses et passionnants. Pour le reste, on se réjouit aussi d'un mode multijoueur très complet, et de la promesse d'Activision de faire vivre son jeu sur la durée sans que les joueurs aient à remettre la main au porte-monnaie.
Acheter COD : Modern Warfare
Test réalisé sur PC à partir d'un code fourni par l'éditeur