En matière d'accès anticipé, Black Mesa se pose là. 15 années. C'est ce qui sépare les premières idées griffonnées sur un papier par un groupe de fans de la sortie officielle de leur jeu.
Le timing ne pouvait pas mieux tomber. Après tout, Valve sortira dans une vingtaine de jours Half-Life : Alyx, prequel surprise en réalité virtuelle de Half-Life 2. L'occasion rêvée pour les fans ou les nouveaux venus de s'emparer d'un petit bout d'histoire du jeu vidéo.
Car s'il n'est pas officiel, Black Mesa assure un respect de tous les instants à l'œuvre originale. Une œuvre, que Crowbar Collective n'oublie jamais de sublimer.
Une légende renaît
Half-Life est un monument du jeu vidéo. Aussi s'y attaquer dans le cadre d'un remake est aussi audacieux qu'inconscient. Mais si le projet est casse-gueule de long en large, les équipes de Crowbar Collective ont gagné l'assentiment de la communauté en démontrant, depuis 2012, combien le respect du matériau original leur était chevillé au corps.C'est qu'il ne faudrait pas confondre Half-Life : Source, sorti en 2004, et Black Mesa. Ici, on ne parle pas d'un petit lifting de circonstance, mais bien d'une reconstruction pixel par pixel de l'aventure originelle de Gordon Freeman.
Jouable à 80% depuis des années, ne manquait à Black Mesa que les derniers chapitres situés sur la planète alien Xen pour boucler la boucle. Et quand on y met les pieds pour la première fois, on ne peut que prendre la mesure du travail acharné du Crowbar Collective.
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Xen soyons Xen
Si, pendant toute la première partie du jeu, on retrouve aisément ses marques — non sans s'émouvoir de redécouvrir certains environnements sublimés par un nouveau moteur graphique —, le dernier tiers de Black Mesa en met plein les mirettes.Il faut dire que les développeurs ont eu tout le loisir d'expérimenter avec le dernier chapitre de l'aventure. Visuellement assez pauvre dans le jeu original (de par les limitations techniques de l'époque), Xen avait bien besoin d'une remise à niveau artistique.
C'est donc comme une vraie page blanche qu'a été envisagée la planète alien. Une page sur laquelle Crowbar Collective a projeté tout ce qu'elle sait faire de mieux en termes visuels — sans toutefois dénaturer le tracé original du level design. Soyez rassurés : Xen reste la partie la plus pénible du jeu ; ce moment où Half-Life décide subitement qu'il est un jeu de plates-formes.
Quelques petits écarts de conduite
Mais Black Mesa n'est pas identique à Half-Life. Ne serait-ce que pour deux éléments essentiels : la bande-son, et le doublage ; refaits de A à Z.Côté musique, c'est à Joel Nielsen de tenter de faire honneur aux compositions originales de Kelly Bailey. Un pari osé, que le compositeur relève sans ciller. Très largement dissemblables des titres originaux, les 30 nouveaux morceaux offrent à Black Mesa un habillage sonore à la mesure du ravalement de façade graphique. Jamais en contrepoint avec l'ambiance, la bande originale vient parfaire quelques moments clés de l'intrigue et ne fait que renforcer l'immersion du joueur dans cet univers singulier.
Pour le joueur habitué à la version française de Half-Life que je suis, je dois confesser ma peine de ne pas retrouver les lignes de dialogues que je connais par cœur. Mais il serait malhonnête de ne pas louer le travail effectué pour le nouveau doublage (en VO uniquement donc) offert à Black Mesa. On mettra toutefois un bémol sur la localisation du titre — les sous-titres sont souvent à la ramasse, et il vaudra mieux se fier à ses oreilles qu'à ses yeux pour comprendre ce qu'il se joue.
Outre ces ajustements, Black Mesa ne dévie que rarement du sillon tracé par son illustre modèle sorti en 1998. L'histoire reste la même, et le cheminement de Gordon à travers le complexe de Black Mesa est inchangé. Tout juste l'équipe de Crowbar Collective se sera permis de mettre sur la route du joueur le Magnum avant le fusil à pompe, et de faire sauter l'iconique didacticiel (le parcours d'obstacle) au profit d'un affichage contextuel. Rien qui soit susceptible d'entacher l'expérience de (re)découverte.
Black Mesa : l'avis de Clubic
Qui aurait cru qu'on parlerait autant de Half-Life en 2020 ? Déjà immanquable pour la sortie du premier jeu de la licence depuis 13 ans, le mois de mars est aussi celui d'une naissance que l'on n'espérait plus : celle de Black Mesa.Véritable hommage au jeu original, ce remake signé Crowbar Collective ne fait rien d'autre que de remettre au goût du jour une légende ; retapant ça et là quelques mécaniques rouillées susceptibles de déplaire aux joueurs d'aujourd'hui.
L'expérience, elle, reste inchangée. L'émotion en enfilant la combinaison HEV, intacte. Livré avec le mode multijoueur original et bien entendu compatible avec les mods de la communauté, Black Mesa n'est rien de moins que la meilleure façon de profiter de Half-Life en 2020. Et rien que pour ce que le jeu vidéo doit au titre de Valve, faites-vous plaisir : jouez-y.
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Test réalisé à partir d'une version commerciale du jeu