Disponible gratuitement depuis hier sur PC, PS4 et Xbox One, Call of Duty : Warzone ne manque pas de rappeler en permanence qu'il n'est encore qu'au stade de la bêta. Un aveu de prudence à peine masqué, pour un jeu qui, déjà, tient de belles promesses.
Le point config :
Call of Duty : Warzone a été testé sur PC en 1440p avec tous les réglages graphiques au maximum (NVIDIA RTX 2070, AMD Ryzen 7 2700 et 16 Go de RAM). Les 60 images par seconde étaient tenues constamment avec le ray tracing activé.
Le Battle Royale permissif façon Call of Duty
On entend déjà les détracteurs du Battle Royale se plaindre du manque d'ambition d'Activision avec Warzone. C'est vrai : le free-to-play né de la cuisse de Modern Warfare est confortablement installé dans une pantoufle déjà préchauffée par les PUBG, Fortnite et Apex Legends. Ce qui ne l'empêche pas d'ajouter ça et là quelques petits twists bien sentis pour rendre l'expérience plus excitante.Rappelons le principe. Sur une immense carte (une version élargie de Verdansk, sur laquelle ont été intégrés des éléments de décors provenant de presque toutes les maps de Modern Warfare), 150 joueurs répartis en escouades de 3 sont débarqués. Leur objectif ? S'équiper le plus rapidement possible et survivre le plus longtemps alors que le « ring » (ici symbolisé par un gaz toxique) se referme progressivement.
À cette formule éculée, Call of Duty : Warzone ajoute quelques éléments bien sentis. Le premier étant l'argent. Partout sur la carte sont disposés des coffres recelant des armes, de l'armure ou des séries d'élimination, mais surtout : du pez. Grâce à ces billets verts (en fait ils sont plutôt bleus), il est possible de s'offrir des séries d'élimination plus dévastatrices, mais aussi un kit de soin permettant de se remettre d'aplomb en cas d'élimination par un adversaire. Encore mieux : on peut aussi racheter la vie de ses coéquipiers s'ils ont passé l'arme à gauche.
Ce qui nous amène à l'autre grosse nouveauté de ce Warzone : le goulag. Lors de votre premier trépas de la partie, vous serez capturés et emmenés au « goulag » (ni plus ni moins que la carte « Goulag Shower » disponible en mode Escarmouche) et devrez vous battre pour votre vie. Au terme d'une courte file d'attente, pendant laquelle vous pouvez jeter des cailloux aux autres infortunés qui s'affrontent en duel, ce sera à votre tour de prouver votre valeur. À l'instar du mode Escarmouche, vous apparaissez avec une arme aléatoire et devez vaincre votre antagoniste. En cas de réussite, vous serez renvoyés sur le champ de bataille et pourrez retrouver vos coéquipiers pour poursuivre la partie.
Autant dire qu'entre ça, la possibilité de racheter la vie de ses amis et bien entendu la faculté de relever ses compagnons blessés au combat, Call of Duty : Warzone est un Battle Royale particulièrement permissif.
Un rythme inhabituel pour Call of Duty
Se dégage de Warzone une dynamique hautement inhabituelle pour qui a passé des centaines d'heures sur Call of Duty : Modern Warfare (ou tout autre volet de la saga). Là où les modes multijoueurs traditionnels sont ultra nerveux, et où le vainqueur d'un duel est le plus souvent le joueur qui a vu son adversaire le premier, le Battle Royale qui en découle invite à la mesure et à la prudence.Pas que cela soit désagréable, mais il faut reconnaître que le rythme du jeu en prend un sacré coup dans les roustons. Malgré les 150 joueurs présents sur la carte, il peut parfois se passer une dizaine de minutes sans que l'on rencontre un autre groupe. De quoi faire monter d'autant plus la pression, me répondront les fans de Battle Royale. Et ils auraient raison ; d'autant qu'Activision a aussi tenu à inclure un autre twist pour motiver les troupes : les contrats.
Occasionnellement, dans les coffres, vous pourrez trouver des contrats. Il s'agit de missions à durée limitée qui vous demanderont là de sécuriser un bâtiment, ici d'éliminer une cible en particulier, ou encore de trouver quatre coffres dans le temps imparti. En cas de réussite, c'est le pactole, et vous pourrez dévaliser le centre d'achat pour vous offrir les killstreaks de vos rêves.
La bonne surprise du mode Pillage
On n'en attendait rien, mais le mode Pillage qui accompagne ce Battle Royale est probablement la meilleure idée de Call of Duty : Warzone.Ici, le but n'est pas d'être la dernière escouade en vie, mais bien d'amasser le plus gros butin (1 million de dollars). Pour ce faire, il va falloir piller tous les bâtiments, remplir des contrats et — évidemment — chasser les autres escouades débarquées à Verdansk.
Contrairement au mode Battle Royale, Pillage ne dispose d'aucune limite de réapparition. Le hic, c'est qu'une fois qu'on est abattu, on perd son équipement mais aussi son bas de laine. Aussi Warzone a prévu à cet effet deux méthodes pour sécuriser son butin.
La première rappellera de grands moments de stress aux joueurs de The Division. Sur la carte apparaîtront des emplacements permettant d'appeler un hélicoptère, lequel viendra rapidement pour extraire tout l'argent que vous aurez amassé jusqu'à présent. Le hic, c'est que tous les autres joueurs seront avertis de votre manœuvre — et donc de votre position. Pour dire vrai, on aurait même préféré que le délai d'apparition de l'hélicoptère soit plus allongé pour augmenter encore le rythme cardiaque des joueurs. Ici, il faut compter une quinzaine de secondes seulement.
La deuxième méthode est beaucoup plus tranquille, et s'inspire cette fois de Metal Gear Solid V. Très rarement, vous pourrez trouver dans les coffres un ballon de dépôt — rappelant donc les ballons Fulton de MGS. Déployables où bon vous semble, vous pourrez y extraire une partie de votre butin pour le sécuriser.
Au final, Pillage apparaît alors comme un mode autrement plus stressant que Battle Royale. Qui eût cru qu'Activision saisirait si bien la nature profonde de l'être humain, qui tient visiblement plus à l'argent qu'il a accumulé qu'à sa vie ?
Warzone est-il indispensable ?
Beaucoup pourraient, par excès d'enthousiasme, prophétiser la mort prochaine d'un certain Apex Legends à l'aune de la sortie de Call of Duty : Warzone. Il faudrait tempérer leurs propos, tant il transpire de ce Battle Royale qu'il a été bricolé à partir d'un moteur n'ayant jamais eu la vocation de propulser un tel mode de jeu.Après plusieurs parties, et non sans un amusement certain, il se dégage malgré tout de Warzone une petite impression de jouer à un mod sympathique plutôt qu'à un jeu à part entière. En réalité : une version améliorée des missions coop déjà disponibles sur Modern Warfare — et qui font clairement partie des éléments les moins palpitants du FPS d'Infinity Ward.
Certaines parties de la carte paraissent trop vides, la physique des véhicules est totalement aux fraises, et le punch originel des armes de Modern Warfare s'accommode assez mal d'une telle résistance ennemie induite par la présence d'armure. Parfois, tout cela sonne un peu faux, et l'on sent que le vernis appliqué par les développeurs sur ce mode de jeu n'est pas encore sec.
C'est particulièrement vrai pour le système de pointage intégré au jeu. Comme dans Apex, Warzone nous permet de « pinger » tous les éléments du décor pour indiquer par exemple une cache d'arme, ou la présence d'un ennemi. Mais bien souvent, le curseur a bien du mal à comprendre où il doit être placé, ou encore s'il doit indiquer un lieu ou une menace. C'est qu'en termes de mapping des touches, on peine à comprendre la logique d'Infinity Ward : appuyez une fois sur Alt gauche (par défaut) pour mettre un curseur, et deux fois pour indiquer une menace. Autant dire que, dans le feu de l'action, on a vu plus pratique que de presser deux fois sur un bouton se situant pile sous la paume de la main.
Mais, comme nous l'écrivions en préambule de ce test, Call of Duty : Warzone n'en est encore qu'à sa phase de bêta, et de nombreuses choses peuvent encore être améliorées. D'autant que les bases sont solides, et le fun présent. D'ailleurs, on s'étonne encore qu'Activision n'ait pas inondé son jeu gratuit de microtransactions et autres éléments cosmétiques monétisés. Pour l'heure, la progression de Warzone est liée à celle de Modern Warfare, qui partage donc également sa boutique et son passe de saison.
Call of Duty : Warzone : l'avis de Clubic
Si l'on peut s'étonner qu'Activision sorte un Battle Royale au beau milieu du cycle de vie de Modern Warfare, il ne faudrait pas oublier que l'on parle ici d'un jeu stand-alone free-to-play. En d'autres termes : il est là pour rester, et on peut dès lors parier que le prochain jeu de la licence échappera à la présence d'un Battle Royale.C'est donc en le considérant comme un jeu à part entière que l'on a pris plaisir à jouer à Call of Duty : Warzone. La carte est immense, les bugs peu nombreux (pour une bêta) et la tension palpable. On regrette simplement que le moteur utilisé ici ne soit pas de meilleure volonté pour propulser un mode de jeu faisant la part belle aux grands espaces et aux véhicules.
De la quantité de joueurs à s'y essayer dépendra la durée de vie de Warzone. Mais à en juger par le nom figurant sur la jaquette, Call of Duty : Warzone devrait s'assurer un bel avenir.