Autant dire qu'en ces temps de confinement, nous avons tous grand besoin de culture. Mais le jeu imaginé par le musée d'art contemporain est-il la meilleure façon de se faire ? Réponse dans les prochaines lignes de ce test.
Une promenade au musée... ou pas
Autant l'écrire immédiatement : celles et ceux qui s'attendent à une visite virtuelle du Centre Pompidou risquent d'être déçus. Si le premier niveau de Prisme7 (le didacticiel), reprend effectivement une esthétique empruntée au musée (les fameux tuyaux de Renzo Piano et Richard Rogers), les six autres univers du titre s'en éloignent fortement.Et parfois avec brio, il faut bien l'avouer. Au total, Prisme7 propose — comme son nom l'indique — sept univers distincts ; chaque facette du fameux prisme donnant à appréhender un aspect de l'art contemporain, et en particulier des œuvres qui sont exposées au Centre Pompidou.
Les premiers niveaux font par exemple la part belle aux couleurs (la couleur comme système, la couleur comme marqueur d'engagement, etc), quand les derniers (les plus intéressants visuellement) versent dans les jeux de lumière. Le tout, judicieusement relevé par les compositions très agréables imaginées par Ircam Amplify (la musique du dernier niveau, un coup de cœur).
Une promesse à moitié tenue
Lorsque vient le moment de confronter la promesse à la réalité, il faut bien dire que le contrat n'est qu'à moitié tenu. Et cela tient essentiellement à des problématiques de game design.Pour résumer, Prisme7 est un puzzle-game mâtiné de plate-forme dans lequel vous incarnez une nuée lumineuse qu'il faut diriger à travers les niveaux du pointeur de sa souris (ou du doigt, si vous jouez sur smartphone). Il vous faudra récupérer des orbes rouges disséminés un peu partout afin de pouvoir interagir avec des éléments du décor pour résoudre les quelques puzzles et progresser.
À cette première couche de gameplay s'ajoute une seconde : trouver les cristaux. À notre grand regret, vous ne verrez aucune œuvre à proprement parler dans le jeu de Bright et Game In Society. Les cristaux vous permettent de « débloquer » des œuvres d'art que vous pourrez consulter a posteriori, après avoir terminé le niveau.
Je dois aussi admettre qu'en tant que profane de la chose artistique contemporaine, je m'attendais à un peu plus qu'une simple description des œuvres en quelques lignes. Le jeu vidéo permet au joueur d'avancer à son propre rythme. Pourquoi ne pas prendre le temps d'éduquer — puisque c'est le but ici, non ? — plus avant à l'art contemporain ?
Une fois les sept niveaux bouclés (soit environ 90 minutes de jeu en prenant son temps), je dois dire que je n'ai pas franchement l'impression d'avoir appris grand-chose sur la forme d'art qu'expose le Centre Pompidou. Les non-initiés qui seraient tentés de se lancer dans Prisme7 afin de défricher ce territoire a priori opaque risquent donc d'être déçus.
Un aspect ludique assez limité
On l'a dit : Prisme7 tient à moitié sa promesse initiale. Mais est-il au moins amusant ? D'une certaine façon, oui. Mais son intérêt est inégal. Explications.La très bonne idée du jeu tient à inaugurer une nouvelle facette de gameplay à chaque niveau. « Couleur système » demande ainsi de répliquer les mouvements de notre reflet dans un miroir, quand « Couleur spiritualité » demande au joueur de choisir les couleurs idoines pour déverrouiller un passage. L'un des plus intéressants, « Lumière physique », demande aussi au joueur de projeter son ombre, laquelle deviendra un passage lui permettant de traverser le vide et atteindre son objectif. C'est malin.
Seulement, dans notre version de test (en bêta), nous avons été confrontés à de nombreux bugs, dont certains nous ont obligés à recommencer (par deux fois) un niveau. Les développeurs nous ont cependant assuré que la version finale du titre, qui sera disponible demain, sera épargnée par ces problèmes.
Prisme7 : l'avis de Clubic
Ne reprochons pas à Prisme7 de ne pas être la crème de la crème du jeu indépendant. Il faut remettre les choses dans leur contexte : nous avons affaire ici à un support de réflexion (gratuit) sur l'art contemporain ; une sorte de companion app pour visiteur assidu du musée parisien.En revanche, on peut regretter que Prisme7 ne fasse pas grand-chose pour rendre l'art contemporain plus accessible. En dépit de sa vocation éducative, le jeu a le plus grand mal du monde à expliquer quoi que ce soit. Très peu bavard, jamais le jeu ne donne de clés pour appréhender vraiment la création artistique moderne et contemporaine, se limitant à des descriptions d'œuvres expéditives qui laisseront sur la touche les mêmes personnes qui, lors d'une visite au musée, restent de marbre devant une œuvre qu'ils ne comprennent pas.
Malgré tout, les amateurs pourront sans doute y trouver leur compte. Et en profiter pour admirer les quelque 40 œuvres (sur lesquelles on aimerait pouvoir zoomer...) disponibles dans le jeu.
Prisme7 sera disponible gratuitement le vendredi 24 avril sur PC/Mac et iOS/Android.
Test réalisé sur PC à partir d'un code fourni par l'éditeur.