Philae : le CNES n'est pas prêt à abandonner le robot en détresse sur Tchouri

Audrey Oeillet
Publié le 12 février 2016 à 15h32
Alors que la communauté scientifique commence à estimer que Philae, le petit robot en mission sur la comète Tchouri, est désormais perdu, le CNES garde espoir de son côté, même si les chances de reprendre contact sont désormais bien maigres.

« Le temps est venu de dire au revoir à Philae » estime l'agence spatiale allemande DLR. Il est vrai que le destin du petit robot, qui ne répond plus aux appels de l'agence spatiale européenne (ESA) depuis 7 mois, semble désormais scellé. Pour l'agence DLR, les chances de reprendre contact sont désormais « proches de zéro ».

Mais de son côté, le centre national d'études spatiales (CNES) veut absolument tout tenter avant d'enterrer prématurément Philae. En guise de réponse a DLR, le CNES a publié vendredi un communiqué expliquant que « Rosetta est toujours à l'écoute de Philae ».

Si le CNES revient sur les nombreuses tentatives de contact réalisées ces derniers mois, toujours sans succès, l'agence estime que « bien que minime, l'espoir d'écouter à nouveau le petit robot continue d'exister. L'orbiteur Rosetta se rapprochant régulièrement de la comète, une mission délicate au vu des dangers environnants, en tête desquels la poussière soulevée par le dégazage. La distance entre l'orbiteur et l'atterrisseur est aujourd'hui de 50 km. Plus cette distance s'amenuise, plus les chances de rétablir le contact augmentent. »

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Si l'espoir demeure, il y a également plusieurs facteurs défavorables à une prise de contact tardive, notamment le fait que la comète s'éloigne du soleil, et qu'il s'agit de la seule manière pour Philae de recharger ses batteries grâce à l'énergie de l'astre.

« La distance idéale serait une orbite à 10 km d'altitude mais exposerait pour l'instant l'orbiteur à de trop grands dangers. De telles altitudes seront atteintes à l'horizon de l'été 2016. Philae et son environnement seront alors vus d'assez près pour vérifier son attitude et sa position à la surface de Tchouri. La possibilité de tout de même parvenir à effectuer une phase d'opérations scientifiques avec Philae pourrait se jouer en établissant la communication lors d'une série de survols proches de l'orbiteur au-dessus du site d'Abydos dans les semaines à venir » explique le CNES.

Le CNES est bien plus optimiste que le DLR mais également que l'ESA, qui estimait en janvier que les panneaux solaires de Philae devaient désormais être recouverts de poussière, rendant son rechargement de batteries encore plus compliqué. Par ailleurs, la température peut tomber jusqu'à -180°C maintenant que la comète s'éloigne du soleil, et le robot n'a pas été conçu pour encaisser un tel froid.

La mission n'est pas un échec

Depuis son douloureux atterrissage sur la comète Tchouri, le robot Philae, en équilibre instable, n'a cessé d'inquiéter les scientifiques. Les scientifiques avaient notamment constaté en décembre 2014 que Philae avait foré dans le vide lors de prélèvement de sol. Mais la mission du robot ne se limitait pas à cela, et sa dizaine d'outils de mesure lui ont permis de transmettre d'autres informations précieuses à la sonde Rosetta.

« Aujourd'hui, Philae est parvenu à effectuer 80% des opérations scientifiques qu'il était censé conduire à la surface de Tchouri, un résultat exceptionnel pour une première scientifique mondiale, parvenir à poser un atterrisseur sur une comète » souligne le CNES. Reconnaissante envers le robot, l'agence basée à Toulouse semble bien décidée à continuer à lui donner une chance. « La surveillance continue » !
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