L'analyse des résultats de la mission Cassini autour de Saturne continue. Une équipe de chercheurs allemands a montré que des composés organiques étaient éjectés par des geysers sur Encelade, une lune gelée dont l'océan pourrait peut-être abriter la vie.
En septembre 2017, la sonde Cassini a plongé dans les nuages de l'atmosphère de Saturne, signant la majestueuse fin de cette aventure en orbite autour du système planétaire depuis 2004. Mais la mission a produit suffisamment de données pour alimenter les équipes de recherches pour des décennies ! Une équipe de chercheurs de l'Université Libre de Berlin a ainsi publié dans la revue mensuelle de la Royal Astronomical Society ses résultats d'analyse des spectromètres embarqués sur la sonde lors de ses passages à proximité des geysers, au pôle Sud d'Encelade.
Etudier des geysers (à quelques milliards de kilomètres de là)
Il faut comprendre que sous une épaisse couche de glace, Encelade dispose d'un vaste océan, et de volcans hydrothermaux (probablement alimentés par des effets de marées). Ces derniers créent de puissants geysers, qui sont eux-mêmes à l'origine de l'anneau « E », un des multiples anneaux de Saturne. Lorsque ces projections traversent la couche de glace et se retrouvent dans le vide spatial, on retrouve de la vapeur et de minuscules grains de glace.Et c'est dans la composition de ces grains de glace, observés par l'instrument CDA (Cosmic Dust Analyzer) que les chercheurs ont montré la présence de molécules simples, constituées d'azote, d'oxygène, ainsi que de noyaux aromatiques. Pour cela, ils ont comparé les spectres obtenus avec des résultats en laboratoire sur Terre : cela ne permet pas d'identifier précisément les molécules, mais une partie de leur composition.
De la vie sur Encelade ? Pas encore.
Ces résultats sont un pas de plus pour démontrer qu'il existe les conditions nécessaires pour abriter la vie sur Encelade, même si le chemin a parcourir pour aboutir à cette conclusion est encore long. Ces molécules azotées et oxygénées peuvent en effet, sur Terre, former des chaines amino-acides, briques du vivant, sous l'action énergétique de sources d'énergie... Comme des sources hydrothermales que l'on retrouve au fond de l'océan sur Encelade.En comparant les données avec celles collectées par l'autre spectromètre à bord de Cassini (INMS), les scientifiques ont déjà identifié des molécules candidates, sans pouvoir pour l'instant prouver de lien existant. Un bon indice ? Comme le dit l'auteur principal Nozair Khawaja « c'est une pièce du puzzle ». Pour aller plus loin, il faudra encore être patients...
Source : Jet Propulsion Laboratory / NASA