L'instrument TEMPO (que l'on voit ici recouvert de protection thermique sur l'avant du satellite) est tout petit par rapport au grand Intelsat 40e © MAXAR
L'instrument TEMPO (que l'on voit ici recouvert de protection thermique sur l'avant du satellite) est tout petit par rapport au grand Intelsat 40e © MAXAR

L’instrument de l’agence américaine a décollé avec un satellite commercial ce matin. Il part pour étudier la pollution de l’air depuis 35 750 kilomètres d’altitude et envoyer ses données heure par heure. Les scientifiques attendent une meilleure compréhension des mécanismes globaux pour la qualité de l’air.

Un instrument similaire est déjà au-dessus de l’Asie.

Le TEMPO sur le dos

Intelsat 40e est un grand satellite de télécommunications consacré à la connectivité pour les avions et bateaux. Il pèse plus de 6 tonnes et a décollé cette nuit depuis Cape Canaveral en Floride au sein de la coiffe d’une fusée Falcon 9 de SpaceX. Il s'agit du 23e succès en moins de 100 jours pour l’entreprise.

Mais Intelsat-40e est un peu particulier. Lorsqu’il arrivera sur son « spot » opérationnel dans la ceinture géostationnaire à la fin du mois, quelque part au-dessus de l’Amérique latine, il ne servira pas que de relais. Il est en effet équipé de TEMPO, un instrument de la NASA de 137 kilos et de plus d’un mètre de côté. Abréviation de « Tropospheric Emissions: Monitoring of Pollution », l’instrument est un impressionnant spectromètre opérant dans le visible et l’ultraviolet. Il va observer en continu le continent américain pour mesurer la qualité de l’air atmosphérique.

L'instrument TEMPO va "balayer" l'Amérique du Nord toutes les heures pour obtenir un instantané de la pollution atmosphérique © NASA
L'instrument TEMPO va "balayer" l'Amérique du Nord toutes les heures pour obtenir un instantané de la pollution atmosphérique © NASA

Le spectre de la pollution

TEMPO fonctionne en observant les quantités de lumière renvoyées par les particules atmosphériques à différentes longueurs d’onde. Le spectromètre UV « divise » la lumière reçue selon les longueurs d’onde, ce qui permet d’en extraire les concentrations chimiques de plusieurs composants comme le dioxyde d’azote, l’ozone, le dioxyde de soufre, une partie des aérosols et le formaldéhyde. Ces concentrations sont déjà observées depuis l’orbite (et donc documentées), mais à des résolutions plus faibles (pixels de 10 à 15 kilomètres de côté).

D’autre part, les instruments actuels sont surtout installés sur des satellites en orbite basse, ils ne collectent donc les données sur une zone qu’environ une fois par jour, et passent exactement sur le même trajet une fois par semaine environ. Cela ne suffit pas toujours à bien comprendre la pollution atmosphérique. Avec un instrument comme TEMPO (qui n’a toujours qu’une résolution de 5 x 5 kilomètres par pixel environ), les scientifiques vont disposer d’une carte actualisée toutes les heures sur la majorité de l’Amérique du Nord, et toutes les 15 minutes sur certaines zones présélectionnées. Une hausse significative des données disponibles !

Focus sur la pollution atmosphérique mondiale © NASA / Tim Marvel

TEMPO, GEMS et Sentinel-4, le trio

Les données de TEMPO, qui sont importantes pour comprendre par exemple la dispersion des gaz entre les heures de pointe et creuses dans les grandes agglomérations, l’impact de telle ou telle zone industrielle, ou d’un bassin portuaire, seront ouvertes et publiques. TEMPO fait partie d’une initiative globale de la NASA avec ses partenaires, la KARI sud-coréenne et l’ESA européenne.

L’an dernier, un capteur similaire nommé GEMS avait décollé pour observer l’Asie, et en 2024, Sentinel-4 fera des mesures équivalentes au-dessus de l’Europe. De quoi disposer à terme de mesures tout autour du globe et, qui sait, mieux travailler à réduire les sources de pollution atmosphérique.

Source : SpaceFlightNow