Depuis 18 mois, les équipes préparent le concept de cette ambitieuse mission à destination de la ceinture d'astéroïdes. Le MBR Explorer devrait survoler 6 petits corps du Système solaire et larguer un petit atterrisseur sur le septième, 269 Justitia. Il s'agit d'un énorme bloc aux étonnants reflets rouges, à étudier en profondeur.
Les Émirats s'appuieront une fois de plus sur l'expertise de l'université du Colorado.
Après Mars et la Lune…
Il n'aura pas fallu une décennie pour que les Émirats arabes unis s'affirment comme une puissance spatiale qui se donne des moyens d'exploration au long cours. Ceux qui pensaient que la sonde martienne Hope (Al-Amal) n'était qu'une mission de prestige pour les 50 ans du pays ont eu tort.
Outre l'astronautique, les satellites et le petit rover Rashid (son porteur, le petit atterrisseur Hakuto-R, s'est écrasé sur la Lune), les EAU préparent donc une mission à destination de la ceinture d'astéroïdes. Elle avait déjà été évoquée en octobre 2021, et sa date de décollage n'a pas bougé : mars 2028. Mais celle qui s'appelle désormais MBR Explorer est bien plus concrète, avec la finalisation du design de la sonde et de ses objectifs scientifiques. Elle pèsera 2,3 tonnes et sera équipée de larges panneaux en disques déroulants ainsi que d'une propulsion ionique électrique pour ses déplacements au long cours.
Des survols et des astéroïdes
Après son décollage en 2028, MBR Explorer démarrera son trajet par des assistances gravitationnelles successives de Vénus, puis de la Terre afin de bénéficier d'un effet de fronde et de foncer vers la ceinture d'astéroïdes entre Mars et Jupiter. Il manœuvrera très précisément grâce à un ensemble de systèmes optiques spécifiques pour passer à moins de 150 kilomètres de ses objectifs, les astéroïdes 10253 Westerwald, 623 Chimaera et 13294 Rockox, avant un dernier survol de Mars.
Il approchera ensuite trois rochers spatiaux qui n'ont pas encore de noms : 88055, 23871 et 59980, puis freinera pour rester à proximité de son dernier objectif, 269 Justitia. Celui-ci sera étudié en détail sur plus de 6 mois à partir d'octobre 2034 grâce aux instruments optiques et aux deux spectromètres embarqués. Enfin, la sonde larguera sur cet astéroïde de 50 kilomètres de diamètre un petit atterrisseur spécialisé.
À l'image de ce qu'ont pu faire les Japonais et le robot franco-allemand Mascot, les Émirats espèrent en savoir plus sur la surface, mais aussi sur la formation de cet astéroïde particulier, aux étonnants reflets rouges (il est possible qu'il ait été formé au-delà de Neptune avant d'être éjecté de son orbite et capturé).
Des rochers, de la glace et… justement, tiens…
Malgré ses milliers d'astéroïdes, la ceinture est relativement mal connue. Les missions vers les astéroïdes se sont jusqu'ici concentrées sur les géocroiseurs (Hayabusa 1 et 2, OSIRIS-REx), et seule Dawn (NASA) est allée visiter Vesta et Ceres dans la zone. Les missions Lucy et Psyche de la NASA vont en savoir un peu plus, mais cette sonde MBR Explorer a un important potentiel scientifique, et un objectif pas totalement désintéressé non plus.
En effet, les Émirats arabes unis ne cachent pas leur intention de prospecter, au fil de ces 5 milliards de kilomètres, d'éventuelles ressources en eau et en minerais disponibles sur ces astéroïdes. En plus de progresser pour concevoir et fabriquer des missions toujours plus audacieuses (il ne s'agit pas d'acheter sur étagère, mais bien de développer en grande partie aux Émirats), l'agence spatiale compte bien se positionner, si jamais le « space mining » devient un jour intéressant.
Source : The National News