© dny3d / Shutterstock
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Igor Ashurbeyli a plusieurs casquettes : homme d'affaires, scientifique et cryptarque. Ce dernier mot signifie qu'il est le dirigeant d'une micronation, en l'occurrence Asgardia, une nation spatiale qu'il souhaite désormais faire reconnaître par l'ONU. Toutefois, de larges zones d'ombre planent sur les réelles motivations de cette décision.

L'homme d'affaires a créé le royaume spatial d'Asgardia en 2016. Également fondateur du Centre de recherche aérospatiale à Vienne, il réussit à faire d'Asgardia la première nation de l'espace officielle en 2018. Elle dispose de son hymne, de son drapeau et de sa propre Constitution. Derrière ce projet se cache un souhait utopique, celui de faire d'Asgardia « la première nation spatiale indépendante, libre, unitaire et sociale (…)  », comme c'est écrit noir sur blanc dans sa Constitution. Aujourd'hui, alors que le secteur spatial est au cœur de tensions géopolitiques, Igor Ashurbeyli souhaite faire rentrer Asgardia dans la cour des grands et que la nation soit reconnue par l'ONU.

Le parcours mystérieux d'Igor Ashurbeyli

On ne sait que très peu de choses sur cet homme. Diplômé d'un doctorat en ingénierie informatique de l'Azerbaijan State Oil Academy en 1985, il fonde ensuite une société de holding en 1988 : Socium Holding. Puis, sa carrière connaît une fulgurante progression dans les années 2000 au sein de l'industrie militaire russe.

Dès que Vladimir Poutine arrive au pouvoir en 2000, Ashurbeyli se rapproche considérablement du président de la fédération russe. Dès lors, il est placé à la tête d'une entreprise d'État d'importance capitale, Almaz-Antey, chargée de la fabrication de systèmes de défense aérienne et de missiles. La suite est plus obscure. En 2011, il est évincé des hautes sphères sans que l'on en connaisse réellement la raison.

 © Igor Ashurbeyli / Reuters
© Igor Ashurbeyli / Reuters

Igor Ashurbeyli et ses aspirations spatiales

Le « président de l'espace » a envoyé en orbite en novembre 2017 un minuscule satellite, baptisé Asgardia-1, qui embarquait à son bord 512 Go de données. Celles-ci, reliées à des personnes physiques, étaient censées représenter une forme virtuelle des premiers citoyens de sa nation spatiale. Le milliardaire déclare qu'il a effectué un investissement personnel de 500 000 euros dans ce projet, et que cette mise en orbite était le premier pas de la création d'Asgardia.

Alors que la Russie s'active actuellement et a envoyé un atterrisseur sur la Lune, Ashurbeyli vise désormais plus loin : il souhaite remplacer Asgardia-1 par une constellation de satellites. Mais s'il le fait, le budget d'un projet d'une telle envergure n'est pas le même qu'un simple satellite et reviendrait à plus de 1 milliard de roubles. Critiqué par de nombreux observateurs qui affirment qu'il souhaite créer une pyramide de Ponzi, Igor Ashurbeyli joue la carte de la ruse. Pour contourner ces suspicions, il a fondé une société d'investissement à Vienne : Asgardia. Il compte alors vendre des actions de cette même société aux citoyens de sa micronation, afin de financer ce projet grandiloquent.

Alors que l'oligarque tacle très volontiers les Nations Unies, qu'il qualifie de « bandits sur toute la Terre, sur toute la planète », il réclame tout de même l'adhésion d'Asgardia à celles-ci. Il avait réussi en juin 2017 à nouer un partenariat avec l'UNESCO grâce à une ONG qui représentait Asgardia, mais celui-ci a été annulé quelques mois plus tard. Compter sur une reconnaissance de son micro-État paraît une entreprise plutôt complexe dans ces conditions, mais Igor Ashurbeyli semble toujours garder l'espoir. Ses réelles motivations restent tout de même troubles à de nombreux égards.