La planète rouge nous parait aujourd'hui bien hostile et inhospitalière, dû son absence de magnétosphère et son paysage désertique, mais était-ce vraiment le cas autrefois ?
Une nouvelle étude suggère que Mars aurait connu plusieurs périodes humides et abrité de multiples et imposants cours d'eau.
Des rivières gigantesques bien plus larges que sur Terre
Dans une étude publiée le 27 mars 2019 dans la revue Science Advances, des scientifiques de l'Université de Chicago ont répertorié l'ensemble des nombreux lits de rivières asséchés à la surface de la planète rouillée. Si aujourd'hui Mars ne compte plus une goutte d'eau liquide, ce n'était pas le cas jusque tard dans son histoire, avant que la planète ne devienne aride en perdant sa magnétosphère, permettant ainsi au vent solaire de lui arracher son atmosphère.Grâce aux centaines d'images capturées par les sondes de la NASA depuis l'orbite martienne, les scientifiques ont pu examiner plus de 200 lits de rivières afin de chercher des indices pour tenter de comprendre l'origine de leur formation, ainsi que le climat qui leur a permis de ruisseler de manière si intense.
Selon leurs recherches, qui se sont notamment portées sur la largeur, l'inclinaison ainsi que la taille des roches au sein des lits asséchés, l'équipe de scientifique composé d'Américains, d'Anglais et également d'un chercheur français du CNRS, a clairement démontré qu'un ruissellement intense et permanent a parcouru ces rivières. Des cours d'eau imposants, puisque deux fois plus larges que ceux que l'on peut trouver sur Terre.
Une étude qui soulève de nouvelles questions
Les chercheurs estiment en outre que les rivières martiennes ont perduré jusque tard dans l'histoire de la planète. Elles étaient alimentées de façon continue, même au cours des heures les moins chaudes de la journée martienne.Elles auraient été alimentées par des précipitations depuis le début de l'existence de Mars, durant près de 4,5 milliards d'années. Une nouvelle qui remet en cause les précédents modèles climatiques puisque cela sous-entend que Mars avait son propre effet de serre et était bien plus chaude et humide que ce que l'on pensait jusqu'à présent. Comme le souligne Edwin Kite, l'auteur principal de l'étude : « Notre étude répond à certaines questions, mais en soulève une nouvelle. Où avions-nous faux : sur les modèles climatiques, ceux de l'évolution de l'atmosphère, ou bien sur notre compréhension globale de la chronologie du système solaire interne ? ».
Les prochaines informations recueillies par Curiosity, le rover martien de la NASA, pourraient bien aider à répondre à cette question, mais c'est la mission Mars 2020 qui devrait apporter le plus d'éléments de réponse puisque le rover se posera dans le cratère de Jezero, où reposait autrefois un lac permanent qui porte les traces de plusieurs deltas de rivières. La fenêtre de lancement pour la mission Mars 2020 est planifiée entre le 17 juillet et le 5 août 2020.