Spektr-RG : l'observatoire spatial destiné à mieux comprendre les mystères de notre Univers

Matthieu Legouge
Par Matthieu Legouge, Spécialiste Image.
Publié le 16 juillet 2019 à 13h41
Proton Bloc DM-03
Lancement de la fusée Proton Bloc DM-03, le 13 juillet 2019 à Baïkonour, Kazakhstan

Mission accomplie pour la fusée Proton-M qui a été lancée le 13 juillet depuis le cosmodrome de Baïkonour, emportant avec elle Spektr-RG, un véritable observatoire spatial dont l'objectif sera de recenser les sources de rayonnement X et d'étudier, notamment, amas de galaxies, étoiles et trous noirs.

Initialement prévu le 21 juin et finalement reporté à deux reprises, ce lancement permet à la Roscosmos, l'agence spatiale russe, de recoller avec ses ambitions dans le domaine de l'observation spatial après la perte de son seul et unique radiotélescope en janvier dernier, Spektr-R, plus souvent appelé RadioAstron.

Une mission prioritaire pour le Roscosmos

Après avoir fait face à un développement chaotique du projet, maintes fois retardé, annulé, puis repris avec des objectifs scientifiques revus à la baisse en raison de problèmes budgétaires, Spektr-RG est finalement devenu l'une des priorités du Roscosmos en matière d'observation spatiale, notamment depuis la perte de l'un des plus grands radiotélescopes en orbite, RadioAstron.

Ce nouvel observatoire spatial a été conçu en collaboration avec l'Allemagne, qui fournit, via le Max-Planck-Institute for extraterrestrial Physics, le principal instrument scientifique de ce projet, à savoir le télescope eROSITA. Le deuxième télescope, ART-XC, a quant à lui été conçu et élaboré par les Russes avec l'appui du Marshall Space Flight Center de la NASA.

Formation de trous noirs, énergie sombre et matière noire

Chacun équipé de sept miroirs, ces deux télescopes travailleront en tandem pour effectuer une cartographie complète des sources de rayons X dans le cosmos, une grande première puisqu'ils seront en mesure d'en établir un catalogue relativement exhaustif avec un niveau de détails jamais atteint auparavant. Les données recueillies par eROSITA seront complétées par ART-XC, qui aura certes un champ de vision réduit par rapport à l'instrument allemand, mais sera capable d'analyser le rayonnement sur une longueur d'ondes supérieure avec une plage plus étendue.

Maquette de Spektr-RG présentée au salon du Bourget 2011
Maquette de Spektr-RG présentée au salon du Bourget 2011 ©Pline

De cette manière les chercheurs russes et allemands entendent recenser plus de 100 000 amas de galaxies dans les sept années à venir, mais aussi plus de 3 millions de trous noirs supermassifs, de nombreuses étoiles, et bien d'autres objets. Selon la Roscosmos, cette analyse approfondie du ciel permettra également aux scientifiques de mener de nouvelles études, afin d'en apprendre plus sur les très mystérieuses matière noire et énergie sombre et peut-être répondre à des questions fondamentales comme celles ayant rapport à l'accélération de l'expansion de l'Univers.

L'agence spatiale russe annonce également que si les quatre premières années de cette mission seront consacrées à scruter en détail le ciel étoilé, la communauté scientifique mondiale sera ensuite consultée afin d'observer ponctuellement des objets remarquables à la demande.

Rendez-vous dans 100 jours

Correctement déployé en orbite, l'engin a entamé son périple d'environ 100 jours vers sa destination finale : il se positionnera sur une orbite héliocentrique autour du point de Lagrange L2.

Une fois en place dans cet environnement stable, Spektr-RG pourra débuter ses observations et « scanner » avec précision le ciel, d'ici octobre 2019.

Source : Roscosmos.ru, Engadget
Matthieu Legouge
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