C'est un repas copieux auquel s'est attaqué Sagittarius A*, le trou noir situé au centre de notre Voie Lactée, et les chercheurs de l'UCLA peinent à trouver une explication à cet « appétit ».
Leur analyse s'appuie sur plus de 13 000 observations du trou noir, réalisées sur 16 ans. Certaines, parmi les plus récentes seraient « sans précédent ».
Un trou pas si noir
Andrea Ghez, professeure de physique et d'astronomie à l'UCLA (University of California - Los Angeles), évoque ces résultats avec stupéfaction : « Nous n'avons jamais rien vu de tel durant les 24 ans pendant lesquels nous avons étudié ce trou noir supermassif. En général, c'est un trou noir assez tranquille. Nous ne savons pas ce qui induit un tel festin ».L'étendue de ce « festin » semble en effet considérable. Depuis 2003, les astronomes ont réalisées plus de 13 000 observations du trou noir, sur 133 nuits, à l'aide de deux télescopes chilien et hawaïen. Le 13 mai, ils se sont aperçus que la zone située à proximité directe du point de non-retour (la zone de laquelle la matière ne peut plus s'échapper une fois entrée) était deux fois plus lumineuse que l'événement le plus brillant jamais observé. Or cette luminosité correspond en fait au rayonnement des gaz et de la matière avalés par le trou noir.
Cette année, d'autres d'observations ont été effectuées : de grands changements, qualifiés comme « sans précédent » par Andrea Ghez, ont aussi été observés à ces occasions. Lors de l'une des quatre nuits d'observation effectuées entre avril et mai 2019, Tuan Do, l'un des auteurs de l'étude, raconte : « Lors des premières observations que j'ai faites cette nuit-là, Sagittarius A* était si brillant que je pensais l'avoir confondu avec l'étoile S0-2. Mais il est rapidement devenu évident que la source devait être le trou noir ».
À la recherche d'explications
L'étoile S0-2 fait d'ailleurs partie des hypothèses soulevées pour expliquer l'activité plus intense du trou noir. En effet, cette étoile qui s'est particulièrement rapprochée de Sagittarius A* à l'été 2018, aurait pu dégager une importante quantité de gaz, laquelle aurait atteint le point de non-retour cette année, créant une forte activité dans la zone alentour.La luminosité élevée, indicateur , comme nous l'évoquions précédemment, des gaz et de la poussière tombant dans le trou noir, suscite un questionnement chez les chercheurs : s'agit-il d'un événement isolé ou d'une réelle augmentation de l'activité du trou noir ? Pour Mark Morris, également professeur de physique et d'astronomie à l'UCLA, et co-auteur de l'étude, « la grande question est de savoir si le trou noir entre dans une nouvelle période - par exemple si le taux de gaz tombant dans le trou noir a augmenté pendant une période prolongée - ou si nous avons simplement assisté au feu d'artifice issu de quelques blocs de gaz inhabituels ».
Dans tous les cas, le trou noir, qui se trouve à quelque 26 000 années-lumières de la Terre, ne représente aucun danger pour elle. L'équipe poursuit néanmoins ses observations du phénomène, cherchant à en apprendre davantage : « Nous voulons savoir pourquoi ce trou noir supermassif devient plus lumineux, et à quel point il devient plus lumineux ». Un comble pour un trou noir.
Source : Science Daily