Le retard du programme habité américain avec son lanceur super-lourd SLS et sa capsule Orion, laissent peut-être l'opportunité à la Chine de faire un véritable coup de Trafalgar en lançant une mission habitée autour de la Lune.
La NASA parie sur la capsule habitable Orion en signant un contrat avec Lockheed Martin
Le programme spatial chinois est ambitieux, tout en restant dans un développement par étapes successives. Du coup, si l'agence spatiale chinoise dispose aujourd'hui de deux missions sur la surface lunaire (Chang'E 3 côté visible, et Chang'E 4 sur la face cachée), c'est grâce à des progrès constants depuis 2007.
Et ce n'est qu'un début, puisqu'une mission robotisée de récupération d'échantillons lunaires devrait suivre l'année prochaine, elle-même suivie par un atterrissage au Pôle Sud pour préparer et équiper un site-base. Cohérent et ambitieux, le programme prévoit qu'en 2030 environ, des taïkonautes foulent la surface lunaire. Ce n'est pas un secret, et les responsables chinois l'évoquent de plus en plus régulièrement. Il n'empêche que cela représente un futur « lointain », surtout lorsque la NASA fait campagne pour ramener ses propres astronautes sur le sol lunaire en 2024, au risque de prendre des ressources sur d'autres programmes.
A en croire les agences, il y aura 6 ans de différence entre les deux exploits. Alors comment la Chine pourrait griller la priorité aux USA ?
Battre Orion à la course
C'est avant tout une histoire de capsules. Fin août, la télévision chinoise montrait les préparatifs de la prochaine génération de véhicules spatiaux habités chinois. Une capsule donc, qui devrait peser jusqu'à 20 tonnes, être équipée contre les radiations et disposer d'un gros bouclier thermique de façon à résister à la très difficile rentrée dans l'atmosphère terrestre. Cette capsule (qui n'a pas encore de nom public) est encore au stade du développement, mais elle pourrait très vite entrer en service, soit pour remplacer les capsules Shenzhou (équivalentes de Soyouz), soit en parallèle pour viser des objectifs plus lointains !La Lune est sur toutes les lèvres. Une maquette de cette nouvelle génération avait d'ailleurs déjà été testée en 2016, et les autorités prévoient de lancer le premier prototype en taille réelle (probablement tout équipé) en orbite en 2020, pour le vol inaugural de leur nouvelle fusée CZ-5B. Il est facile alors de se prendre à rêver à un « tour de Lune » façon Apollo 8 entre 2021 et 2022, au nez et à la barbe des américains dont le premier vol habité ne partira qu'en 2022 (si tout se passe bien) pour une mission similaire.
Avant de parier sur la Chine...
Malgré tout, il reste deux bémols à donner à cette hypothèse. Le premier, c'est que la Chine n'a pas un programme spatial très souple d'emploi, aussi voir un tel « coup d'éclat » calendaire, dont l'un des seuls buts réels serait de montrer que leur programme est en avance sur celui des américains, n'aurait pas beaucoup de sens (elle n'irait pas se poser sur la Lune, par exemple).Le second, c'est qu'il reste un certain nombre de défis techniques à vaincre pour que la Chine soit en mesure d'envoyer ce type de mission. D'une part, le lanceur CZ-5 (toutes versions confondues) est pour l'instant interdit de vol suite à un échec en 2017 et n'a pas repris le chemin du pas de tir, de l'autre il n'est pas absolument certain que cette version de la fusée soit suffisamment puissante pour permettre une mission autour de la Lune dans les temps.
Et si aucune des deux nations ne confesse s'engager dans une « course à la Lune » (après tout, d'autres agences, dont celle de la Russie, ont leur propres projets), on comprend bien que les étapes déterminantes seront une fois de plus une question de prestige.
Source : Space.com.