Le 10 avril dernier, l'équipe de l'EHT a présenté au monde la toute première image d'un trou noir, un événement historique qui marque une véritable avancée pour la recherche en astrophysique. Si les chercheurs travaillent d'ores et déjà à réitérer cette prouesse, ils entendent aussi ouvrir un nouveau champ de recherche en capturant un flux vidéo d'un trou noir en action.
Récemment récompensé par le Breakthrough Prize, un prix considéré comme « l'Oscar de la Science », les 347 chercheurs de l'Event Horizon Telescope (EHT), à l'origine de la première image du trou noir M87*, pourraient bien prétendre à recevoir quelques Golden Globes et autres César à l'avenir !
Sagittarius A* au casting
Via un nouveau projet nommé ngEHT - next-generation Event Horizon Telescope - nous pourrions d'ici quelques années retrouver Sagittarius A* à l'affiche. Le champ lexical de la cinématographie n'est ici peut-être pas si superflu puisqu'il s'agira de produire la toute première vidéo en temps réel d'un trou noir en action.Shep Doeleman, Directeur de l'EHT, explique d'ailleurs le processus en prenant l'évolution du cinéma hollywoodien comme point de comparaison : « Il est très probable que nous puissions commencer à faire des films rudimentaires au cours des cinq prochaines années environ. Ils pourraient être saccadés. Ils pourraient être en basse résolution, mais ils seraient les premiers pas », et d'ajouter : « Nous affinerons cela avec le temps. Ce sera peut-être comme les premiers films du cinéma ».
Un nouveau défi pour les chercheurs
Constitué d'un réseau d'observatoires répartis à travers le monde, l'EHT forme un télescope virtuel dont le diamètre atteint quasiment celui de la Terre. Pour parvenir à produire une vidéo en temps réel, l'équipe du ngEHT entend doubler le nombre de télescopes participant à ce réseau, un véritable défi technologique puisque le volume de données à traiter pourrait être multiplié par 10, dépassant ainsi les 100 pétaoctets pour une seule « session ».Les chercheurs du ngEHT vont ainsi devoir développer de nouveaux algorithmes puissants afin de transformer cette montagne de données en images puis en films. À ce sujet, la chercheuse en informatique Katie Bouman, devenue une véritable héroïne depuis avril dernier, déclare : « Notre propre Voie lactée est l'hôte d'un trou noir supermassif qui évolue de manière spectaculaire au cours d'une nuit. Nous développons de nouvelles méthodes, qui incorporent des idées émergentes issues du machine learning et du computational imaging, afin de réaliser ces tout premiers films ».
Un projet au fort potentiel
Le projet du ngEHT ne vise pas simplement à repousser les limites, il fait preuve d'un fort potentiel pour la recherche en astrophysique. La production de vidéos pourrait, selon Shep Doeleman, révéler ce qu'il est impossible d'observer via une simple image fixe. Le directeur de l'EHT explique à propos de Sagittarius A* : « (Il) est très actif et, au cours d'une nuit d'observation, vous pouvez voir huit ou neuf orbites de matériau autour de ce trou noir », c'est la raison pour laquelle ce trou noir situé au cœur de la Voie Lactée semble le meilleur candidat ; bien moins massif que M87* la matière circule bien plus rapidement autour de lui.De son côté Michael Johnson, astrophysicien, déclare dans un communiqué du Harvard-Smithsonian Center for Astrophysics : « Malgré des décennies d'études, certaines des questions les plus élémentaires sur les trous noirs n'ont pas encore été testées. Avec le ngEHT, nous pourrons étudier comment les trous noirs agissent comme de puissants moteurs cosmiques » .
Source : Business Insider