Si de futurs explorateurs sont amenés à passer des semaines, voire des mois sur la Lune, ils seront confrontés à la poussière lunaire, un matériau fin qui s'infiltre partout et qui a de dangereuses propriétés abrasives.
« Je pense qu'on peut surmonter tous les aspects physiologiques et mécaniques, sauf la poussière lunaire » avouait en son temps Eugene Cernan, dernier marcheur lunaire et celui à avoir passé le plus de temps sur notre satellite naturel. Il faut dire que la poussière lunaire colle aux combinaisons, s'infiltre dans les plus petits plis, et que les astronautes en ont respiré à la minute où ils ont enlevé leurs casques à bord de leurs modules lunaires. Tous ont décrit cette odeur de façon relativement similaire, ressemblant au parfum de la poudre restant dans l'air après une déflagration (sans toutefois le côté métallique). Mais chez certains elle a eu un effet immédiat, comme pour Harrison « Jack » Schmitt, chez qui elle a presque immédiatement déclenché des symptômes que l'on décrirait couramment comme ceux du rhume des foins. Une première... Mais pas une dernière ?
La poussière lunaire à la loupe
Depuis les années 70, le corps médical s'est largement emparé de la question de la poussière spatiale. Avec un constat partagé : cette dernière devrait mettre des bâtons dans les roues des futurs marcheurs et potentiels habitants lunaires.Une étude publiée en avril 2018 mettait par exemple le doigt sur les effets toxiques de poussière lunaire simulée sur des cultures de cellules pulmonaires et neurologiques. Selon John Cain, expert anglais sur la question, il faut pousser plus loin les investigations sur ces effets, et trouver de nouveaux moyens de se protéger de l'exposition aux poussières lunaires. Car respirer ces particules serait aussi dangereux que de travailler dans une mine de charbon sans les protections adéquates, et leurs effets sur le matériel sont tout aussi ravageurs : dommages sur les tissus, rayures sur les verres et les visières, encrassement rapide des pièces mécaniques mobiles...
Ces grains qui peuvent être invisibles à l'œil nu représentent un véritable défi. Et pas question d'envoyer des explorateurs sans leur fournir une solution pour parer aux risques à court et moyen terme.
Des poussières en opportunités
Lorsque les agences se seront sérieusement occupé du problème pour éviter au maximum de mettre les humains au contact des poussières lunaires et pour rendre les équipements résistants, John Cain estime qu'il sera possible de transformer ces nouvelles connaissances pour de nouvelles applications sur Terre.(Re)découvrez les premières photos de la face cachée de la Lune, dévoilées il y a 60 ans
Lutter et comprendre comment se dissémine la poussière lunaire sur les poumons en gravité réduite, c'est aussi pouvoir développer de nouveaux moyens de renforcer la santé sur notre planète, ou de créer de nouveaux médicaments. Et de la même façon, étudier les effets de ces poussières abrasives (et de s'en protéger) sur la peau pourrait fournir de nouvelles pistes pour des cosmétiques des futures générations. D'ici là, sortez couverts.
Source : Space