Sur la Lune, la cohabitation avec la poussière lunaire ne sera pas facile

Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender, Spécialiste espace.
Publié le 22 octobre 2019 à 09h30
apollo 11
On laisse des traces sur la Lune. L'inverse aussi ?

Si de futurs explorateurs sont amenés à passer des semaines, voire des mois sur la Lune, ils seront confrontés à la poussière lunaire, un matériau fin qui s'infiltre partout et qui a de dangereuses propriétés abrasives.

« Je pense qu'on peut surmonter tous les aspects physiologiques et mécaniques, sauf la poussière lunaire » avouait en son temps Eugene Cernan, dernier marcheur lunaire et celui à avoir passé le plus de temps sur notre satellite naturel. Il faut dire que la poussière lunaire colle aux combinaisons, s'infiltre dans les plus petits plis, et que les astronautes en ont respiré à la minute où ils ont enlevé leurs casques à bord de leurs modules lunaires. Tous ont décrit cette odeur de façon relativement similaire, ressemblant au parfum de la poudre restant dans l'air après une déflagration (sans toutefois le côté métallique). Mais chez certains elle a eu un effet immédiat, comme pour Harrison « Jack » Schmitt, chez qui elle a presque immédiatement déclenché des symptômes que l'on décrirait couramment comme ceux du rhume des foins. Une première... Mais pas une dernière ?

La poussière lunaire à la loupe

Depuis les années 70, le corps médical s'est largement emparé de la question de la poussière spatiale. Avec un constat partagé : cette dernière devrait mettre des bâtons dans les roues des futurs marcheurs et potentiels habitants lunaires.

Une étude publiée en avril 2018 mettait par exemple le doigt sur les effets toxiques de poussière lunaire simulée sur des cultures de cellules pulmonaires et neurologiques. Selon John Cain, expert anglais sur la question, il faut pousser plus loin les investigations sur ces effets, et trouver de nouveaux moyens de se protéger de l'exposition aux poussières lunaires. Car respirer ces particules serait aussi dangereux que de travailler dans une mine de charbon sans les protections adéquates, et leurs effets sur le matériel sont tout aussi ravageurs : dommages sur les tissus, rayures sur les verres et les visières, encrassement rapide des pièces mécaniques mobiles...


Ces grains qui peuvent être invisibles à l'œil nu représentent un véritable défi. Et pas question d'envoyer des explorateurs sans leur fournir une solution pour parer aux risques à court et moyen terme.

Des poussières en opportunités

Lorsque les agences se seront sérieusement occupé du problème pour éviter au maximum de mettre les humains au contact des poussières lunaires et pour rendre les équipements résistants, John Cain estime qu'il sera possible de transformer ces nouvelles connaissances pour de nouvelles applications sur Terre.


Lutter et comprendre comment se dissémine la poussière lunaire sur les poumons en gravité réduite, c'est aussi pouvoir développer de nouveaux moyens de renforcer la santé sur notre planète, ou de créer de nouveaux médicaments. Et de la même façon, étudier les effets de ces poussières abrasives (et de s'en protéger) sur la peau pourrait fournir de nouvelles pistes pour des cosmétiques des futures générations. D'ici là, sortez couverts.

Source : Space
Eric Bottlaender
Par Eric Bottlaender
Spécialiste espace

Je suis un "space writer" ! Ingénieur et spécialisé espace, j'écris et je partage ma passion de l'exploration spatiale depuis 2014 (articles, presse papier, CNES, bouquins). N'hésitez pas à me poser vos questions !

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Commentaires (10)
wackyseb

Et si on noyait la lune sous la flotte. Bon OK il faudrait des quantités d’eau immense. Mais c’est bien l’eau qui fait la vie et en plus ça transforme les poussières en boues. Du coup plus compactes et moins nocives. Trop facile.
Allez go to the moon…

Brichman

Vitrifier la surface

J_P_M

Le dernier mot de votre titre le rend ridicule ! Attendu que l’adjectif “évident” signifie “qui se voit” (et pas du tout “facile”, comme vous semblez le croire), ce titre ne veut absolument rien dire.

Frostsam

Une combinaison générant un champ électrostatique permanent qui repousserait la poussière…

Highmac

Un tuyau d’eau de la Terre à la Lune (tiens ! ça ferait un beau titre de roman…).
Et le tour est joué !

Ben

Tu devrais revoir le sens de l’expression “ne pas être évident” et ne pas juste lire mot par mot.
C’est certe une expression que l’on peut considérer comme familière, mais le sens est bien celui souhaité par l’auteur pour ce titre.
Il faut réduire le café le matin et savoir un peu rester modéré dans ses propos

ebottlaender

Bonjour et merci pour cette proposition, mais le Larousse définit le mot évident comme “Qui est d’une certitude absolue et s’impose à l’esprit” et pas du tout “qui se voit”.

Le titre de l’article est donc tout à fait cohérent avec la langue française et sa signification est très claire.

ebottlaender

Selon l’auteur cité dans l’article, c’est une des pistes en effet !

PaowZ

…occupées

Quelle est la composition de cette poussière ? des silicates divers ?

ebottlaender

Oui environ 50% de silicates, de l’oxyde de fer et oxyde de calcium et quelques autres.

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