L'instrument allemand, à bord de la mission Spektr-RG vient d'arriver à destination. À 1,5 million de kilomètres de la Terre, il va démarrer sa moisson scientifique. Il devrait détecter plus d'événements extrêmes que toutes les missions de ces 50 dernières années.
L'observatoire spatial est arrivé à destination
Après un décollage en juillet, la mission russe Spektr-RG vient d'arriver, le 21 octobre, au point de Lagrange L2, à 1,5 millions de kilomètres de la Terre. Ce double télescope constitué des instruments eROSITA et ART-XC est spécialisé dans l'étude de l'Univers en bande X et gamma. Ces rayonnements sont caractérisés par des fréquences très élevées ; il est alors important de noter que l'observation du ciel dans la gamme des rayons X est quasiment impossible sur la surface terrestre, car les particules contenues dans notre atmosphère les absorbent - ce qui est, du reste, une très bonne chose pour nous... Or, observer les émissions de rayons X des différentes galaxies qui nous entourent, c'est comprendre les événements énergétiques qui s'y trouvent.Et ceux qui apparaissent le mieux sont les plus extrêmes : trous noirs supermassifs, supernovae, pulsars, filaments de gaz entre galaxies et clusters d'étoiles, fusion d'étoiles binaires... Tous ces déchaînements de puissance dont nous sommes heureusement très loin mais qui peuvent nous en apprendre beaucoup sur la structure de l'Univers.
eROSITA ouvre ses sept yeux
L'instrument allemand eROSITA, après quelques soucis techniques constatés lors du voyage du télescope, a effectué ses premières « vraies » mesures du 17 au 19 octobre, quelques jours avant d'arriver à destination. Il est en fait constitué de sept petits télescopes les uns à côté des autres, qui prennent chacun des mesures individuellement, et dont les résultats sont ensuite mis en commun par les équipes au sol. Et cette « première lumière » a été très productive ! (Vous pouvez d'ailleurs découvrir les images de eRosita ici).eROSITA a notamment observé le Grand Nuage de Magellan et enregistré des images qui révèlent ses étoiles les plus chaudes et les traces de ses événements les plus extrêmes. Le GNM est un bon indicateur : il avait été utilisé par le télescope orbital XMM-Newton il y a quasiment 20 ans pour ses premières images. La communauté scientifique n'a pas manqué de fêter ces nouvelles mesures, car eROSITA va entamer prochainement son premier « scan » de l'ensemble du ciel. L'instrument en fera huit en tout, un tous les six mois, avant de passer les trois dernières années de sa durée de vie à se focaliser sur des mesures d'événements particuliers.
Déjà un vrai séisme
eROSITA devrait à lui tout seul détecter plus de sources de rayons X que tous les autres instruments en orbite avant lui ces 50 dernières années... Et il est accolé au télescope ART-XC opéré par la Russie, qui est complémentaire ! Nuages de gaz, supernovae, les scientifiques ont pointé eROSITA sur différentes zones connues pour tester ses capacités. C'est un véritable séisme dans le petit monde de l'observation en bande X, puisque les résultats obtenus sont d'un plus grand champ de vue, moins bruités et contiennent plus d'informations que ceux des (vieux) télescopes en orbite qui alimentent la communauté depuis deux décennies (les très connus Chandra et XMM-Newton).Cette mission, qui a pris plusieurs années de retard avant de se concrétiser, va changer notre perception et nous permettre de mieux comprendre l'univers. À présent qu'ils savent à quoi s'attendre, les scientifiques se préparent pour une mine d'or de données extrêmes.
Source : Spaceflight