Depuis sa découverte fin août, les initiatives se multiplient pour observer la première comète interstellaire clairement identifiée.
Son origine, sa composition ou encore sa ressemblance avec les comètes connues sont l'objet de nombreuses publications.
Contre la montre
Il faut en profiter : à partir du 8 décembre prochain, la comète interstellaire 2I/Borisov commencera déjà à s'éloigner de nous, à pratiquement 120 000 km/h ! Découverte par un astronome russe amateur le 30 août et définitivement confirmée en tant que comète interstellaire le 11 septembre, 2I/Borisov n'est que le second objet que les astronomes peuvent observer en temps réel traverser notre Système Solaire avant d'en repartir. Et encore, le premier, 1I/'Oumuamua, découvert en 2017, avait été identifié trop tard pour pouvoir être observé plus de quelques mois...Autre avantage de 2I/Borisov, la queue de cette comète permet d'en savoir plus quant à sa composition. La communauté astronomique se mobilise donc autour des observations et publie rapidement ses résultats, dans le monde entier. Petit florilège des deux dernières semaines...
Trouver la comète avant sa découverte
C'est en réalité un procédé assez commun : une fois un nouvel objet découvert, on remonte dans les relevés des autres télescopes pour voir si on ne peut pas le retrouver dans d'anciennes images ou jeux de données. Dans le cas de 2I/Borisov, une équipe américano-italienne a retrouvé sa trace sur des images remontant à décembre 2018 ! Cela peut apporter des informations importantes : par exemple, on sait à présent que la comète a commencé à dégazer à environ 1,2 milliards de kilomètres du Soleil, ce qui à son tour peut nous renseigner sur sa composition et son diamètre. Selon différentes publications (il n'y a pas encore consensus sur la question) le noyau de 2I/Borisov mesure moins de 10 km de diamètre.Comment trouver l'étoile d'origine d'une comète interstellaire
Tout d'abord, il faut se persuader que cette comète ne vient pas de notre Système Solaire. Il faut aussi se rappeler qu'à cause de son éloignement, nous n'avons toujours pas formellement identifié d'objet céleste au sein du Nuage de Oort, cette région si lointaine que notre Soleil n'y apporte plus de lumière, mais une attraction gravitationnelle infime... Même si 2I/Borisov vient bien d'ailleurs, deux scientifiques japonais ont établi plusieurs scénarios pour montrer qu'il est théoriquement possible que des objets du Nuage de Oort gagnent en vitesse et viennent traverser notre région du Système Solaire.Quant aux véritables origines de la comète, on ne les connait pas... Du moins pas encore. Plus le temps passe, plus notre connaissance de sa trajectoire s'affine et plus il est possible de savoir de quel coin de notre Galaxie elle est issue. Un duo de scientifiques canadiens a soumis un article scientifique montrant qu'avec sa vitesse « lente » (par comparaison aux déplacements des étoiles qui nous entourent), 2I/Borisov est probablement jeune, et qu'il est donc tout à fait possible que son étoile d'origine se situe dans notre voisinage. C'est une aubaine si on peut en savoir plus, car plus d'un milliard d'étoiles qui nous entourent ont été cartographiées depuis 2014 grâce au télescope Gaïa...
Sources : Pre-discovery Activity of New Interstellar Comet 2I/Borisov,
Arika Higuchi, Eiichiro Kokubo : Hyperbolic Orbits in the Solar System: Interstellar Origin
or Perturbed Oort Cloud Comets?,
Tim Hallatt, Paul Wiegert : The Dynamics of Interstellar Asteroids and Comets within the Galaxy: an Assessment of Local Candidate Source Regions for 1I/'Oumuamua and 2I/Borisov